Elise ou la vraie vie
Claire Etcherelli
Ed folio
Elise a-telle
songé à se marier, à avoir des enfants, à vivre une vie de femme épanouie, la vraie vie ? Sans doute, mais la
vie elle, en a décidé autrement. Elle naît avant la seconde guerre mondiale, elle est élevée à Bordeaux avec son frère, par sa grand-mère dont elle prendra soin, subit la guerre qui oblige les familles citadines à se protéger des bombardements, puis devient la
grande sœur protectrice, la mère pour ce frère instable qu’elle soutient contre
vents et marée et pour qui elle se sacrifiera.
Discrète fleurette
tapie dans la pelouse, elle porte le monde, véritable ange gardien, elle tente
de devenir la conscience de son frère. Et puis elle rencontre l’amour…
Claire
Etcherelli dans ce roman très bien documenté, décrit avec justesse, le climat
de la France durant la guerre d’Algérie, guerre rejetée par une bonne partie
des Français, elle dénonce le racisme ambiant, emmène le lecteur en usine pour
qu’il se mêle à la dure réalité du travail à la chaîne sous-payé, confié à des émigres qui savent qu'ils seront renvoyés au pays s'il ne sont pas en mesure de fournir une fiche de paie aux policiers, qu’il se confronte
à l’injustice des cadres qu’il se
mette dans la peau de l’immigré algérien victime des rafles, monnaie courante en
ces années.
Le personnage
d’Elise est ambigu : libérée par certains aspects de sa personnalité, elle se
laisse bercer par Arezki, malgré la xénophobie de nombreuses personnes qu’elle côtoie. Toutefois elle se montre dépendante des exigences de son frère qu’elle entretient, obligée à un travail
difficile faute d’avoir pu étudier, soumise à un destin qui l’oblige à renoncer
à cette vraie vie pour se consacrer à ce personnage militant, infidèle, perturbateur,
et lui vouer l’amour inconditionnel d’une grande sœur.
Elise ou la
vraie vie n’est pas un roman des plus réjouissants, mais on y rencontre
beaucoup de beauté, beaucoup de passion, et l’attachement à Elise ainsi que la
belle plume de l’auteur subsistent après la lecture. C'est sans nul doute ce qui restera en moi de ce livre.
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