Antoine Bloyé
Paul Nizan
Ed Grasset
Antoine Bloyé
est mort… Vive Antoine bloyé ! Car ce livre raconte la vie du défunt.
Une vie qui
passe comme un rêve, La vie d’un personnage qui suit sa route, bon élève,
employé modèle, cadre compréhensif capable d’entendre les récriminations des
ouvriers. Un homme qui semble s’exprimer peu et qui avance dans sa vie comme un
train suit ses rails sans paraître se poser de question.
C’est du moins le ressenti que l’auteur, Paul
Nizan, offre au lecteur. Un récit sans émotions : on se marie, on progresse dans
l’échelle sociale, on a des enfants, on vit de terribles deuils et malgré tout
cela, aucun état d’esprit ne se fait sentir. Ce fait est sans aucun doute lié à
la troisième personne du singulier, employée par l’auteur qui se place en témoin passif de
cette vie.
Cependant si l’on s’intéresse aux événements qui ont constitué cette
vie, ce roman ne manque pas d’intérêt. Né en 1864 , Antoine Bloyé sera
témoin du second empire, acteur dans la révolution industrielle et pour lequel aucun
train ni aucune motrice n’aura de secret, il observera de loin la commune de Paris, se fera le témoin du
mécontentement ouvrier et verra naître l’internationale, subira les effets de
la première guerre mondiale, personnage principal d’un roman historiquement
passionnant.
Un livre long
à lire en raison d’une infinité de détails de la vie quotidienne, de considérations
techniques pas toujours très compréhensibles, ce qui n’empêche pas la lecture,
de réflexions quasi philosophiques sur l’être humain, détails qui ne sont pas
précisés par hasard, il faut y voir une critique de la bourgeoisie par l’observation
d’un individu issu d’une famille de « prolétaires » arrivé par son
mariage et son ascension, dans un milieu bourgeois. On peut d'ailleurs qualifier ce récit d’autobiographique
car il trouve son origine dans la vie du père de l’auteur qui connut un chemin
de vie similaire, qui progressa sur l’échelle sociale parallèlement à l’évolution
technique pour décliner en même temps que le XIXème siècle et s’effondrer avec
le XXème siècle naissant.
En lisant ce
récit, je n’ai pu m’empêcher de me rappeler les romans d’Emile Zola dans lesquels les
différences sociales sont fortement marquées, qui se situent à la même période et
qu’il serait intéressant de lire après ce livre, particulièrement la bête
humaine qui aborde un sujet commun avec Antoine Bloyé, celui du début des
chemins de fer et de l’apparition du syndicalisme.
Ce roman publié
en 1933 mérite d’être lu par le plus grand nombre.
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