Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur
Harper Lee
Ed le livre de poche
Je suis enchantée d’avoir lu ce roman devenu culte et je me
sens attachée à chacun des personnages, même si on y rencontre quelques être
bien peu attachants qui par leur présence, renforcent les sentiments que l’on
peut avoir pour les protagonistes : l’institutrice de première année de scout (qui
m’a fait bien sourire) met en évidence par son comportement, l’intelligence
déliée de la fillette, Bob Ewel, apparemment le mal incarné, fournit au lecteur
de précieux renseignements sur la société de ces années 30, Boo Radley nous
fait découvrir des trésor de malice chez les enfants, La tante met en relief la
personnalité d’Atticus, belle personne altruiste qui transmet à ses enfants,
des valeurs humaines qu’ils pourront cultiver lorsqu’ils seront adultes.
J’ai beaucoup aimé la première partie pleine d’humour, faite
des jeux des enfants, de la complicité de Dill avec scout et Jem, le côté
« garçon manqué » de Scout, son refus des convention et des mœurs de
la bonne société de l’époque, dénonçant les inégalités dues au rang que l’on
occupe dans la communauté.
J’ai apprécié Atticus qui mériterait une chronique à lui
seul, personnage à l’aise dans son rôle d’avocat au point qu’on a l’impression
tout au long du roman, qu’avec sa logique implacable, d’une plaidoirie à chaque
fois qu’il prend la parole, j’ai trouvé cela délicieux, particulièrement un
passage dans lequel il amène habilement son fils à se trahir. Atticus profondément
humain, qui incite son entourage à ne pas juger sur les apparences (voir le
passage où Mrs Henry Lafayette Dubose, cette vieille femme malade, insulte les enfants et leur père). Atticus qui contre vents et marées protège
l’homme noir emprisonné et se moque de ce que l’on peut raconter dans les
foyers.
Et puis survient le problème de fond, celui du racisme
ambiant, celui des communautés qui ne se mélangent pas, si les noirs ont
contact avec les blancs et pénètrent dans leur communauté pour une question
d’emploi, les blancs ne fréquentent pas les communautés noires, ce n’est pas
une surprise, on retrouve cette situation dans la couleur des sentiments, la
couleur pourpre et bien d’autres écrits. Un passage très fort de ce présent
roman montre bien combien la ségrégation est ancrée dans la société, je veux
parler du chapitre dans lequel Scout et Jem se rendent à l’Eglise avec
Calpurnia, dans la communauté des gens de couleur. Je crois que de tout le
roman, c’est l’un des passages avec le jugement de Tom Robinson qui m’a le plus
marquée.
J’ai abordé ce roman volontairement sans avoir lu aucune
critique afin de le découvrir seule, sans interrogation préalable, et j’en
ressors tout de même avec quelques questions : qui sont vraiment ces
Radley dont on fait un mystère ? Je pensais le découvrir, mais sans doute
n’était-ce pas très important, il fallait garder en soi cette part de mystère…
Pourquoi les enfants appellent-ils leur père par son
prénom ? pas de réponse précise.
Par deux fois, j’ai fait marche arrière dans le livre pour
vérifier l’âge de scout et j’ai trouvé très étonnant que cette fillette de huit
ans, si intelligente qu’elle soit, ait été capable de se faire une idée de la
vie, de suivre un procès et de la commenter, j’ai répondu à cette question en
me disant que c’était peut-être une adulte qui se rappelait son enfance, sans
aucun doute Harper Lee qui livre dans ce roman, une partie de son histoire.
Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur est une œuvre grandiose
qu’il faut avoir exploré dans sa vie de lecteur.
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