La fille de Guillaume le mal-peigné.
Françoise Richard, Anne Buguet
Editions du Jasmin
Un jeune homme, qui
n’est pas nommé, rencontre par un matin pâle (imaginez sa promenade dans la
brume d’un matin d’hiver, au bord de la lande…), un homme qui l’entraîne au
casino (l’auteure précise alors, que c’est étonnant car il n’y avait à l’époque,
guère de casinos en Bretagne, toutefois, cela ne devrait pas être choquant pour
le lecteur de conte qui connaît le côté intemporel de ce genre d'écrit).
Le Jeune homme perd une grosse somme, et le vieux, dit
Guillaume le mal-peigné, le rassure en lui disant qu’il lui avance cet argent et
qu’il viendra le rembourser dans un an, jour pour jour.
Le jeune homme revient un an plus tard, et ne rencontre à
cet endroit, qu’une vieille femme qui déclare que Guillaume le mal-peigné est
le diable en personne. Elle décide de l’aider…
Ce beau livre m’a interpelée quand je suis allée fureter du
côté des albums jeunesse de ma bibliothèque : une jeune bigoudène qui
tient sa coiffe à cause du vent, quand on est Bretonne, ca incite à la
curiosité.
J’ouvre délicatement le livre et je me retrouve plongée dans ma Bretagne
natale : face à une grande illustration représentant une maison comme
là-bas, cachée derrière une haie d’hortensias, quelques bateaux couchés qui
attendent patiemment que la mer leur donne vie, et au premier plan, un jeune
homme au chapeau rond, dont on fera connaissance prochainement.
Ca sent très
bon tout ça !
L’histoire commence par un « Eur Wej a oa » (il était une fois) puis deux autres formules
comme ont l’habitude de les prononcer nos conteurs armoricains, sorte de
tradition pleine de charme, qui annonce le début de l’histoire, puis commence
le conte écrit au présent, comme si le lecteur était un témoin direct de l’histoire.
Cela ne fait aucun doute : cette histoire doit
certainement être connue depuis la nuit des temps et a certainement été
racontée maintes fois dans les veillées. Elle regorge de tout ce que l’on peut rencontrer
d’extraordinaire dans les contes bretons : le religieux, les créatures
bienfaisantes ou malfaisantes, et il comporte tout ce qui peut divertir les
auditeurs : des expressions bien de chez nous, des situations comiques, un
certain suspens, des épreuves, de quoi remplacer avantageusement la télé
lorsque les gens se retrouvaient pour passer la soirée.
Les illustrations (qui peuvent paraître un peu « cliché »
pour les non-initiés ) sont à la fois classiques avec des dessins sortis
tout droits du pinceau d’un peintre naïf, et vieillotes, chaque planche illustrée
semblant insérée dans la pierre ciselée dans laquelle à chaque page, sont sculptés
des motifs représentant des éléments de la nature propres à protéger le foyer
comme on en trouve sur les maisons bretonnes.
L’illustratrice a poussé le bon
goût jusqu’à emprunter une couleur de police différente pour chaque page, de préférence une couleur dominante de la page d’illustration ! Quelle finesse !
Il est des albums qui ne feront jamais le top des ventes, et
c’est bien regrettable car celui – ci est un bijou qui mérite largement d’être
diffusé et d’avoir sa place dans une collection.
Amis babéliotes, je vous
adresse le « kenavo » de rigueur après cette critique
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