Croyance, mythes et légendes des pays de France
Paul Sébillot
Ed Omnibus
Paul Sébillot fut un écrivain et chercheur des plus
prolifiques de son temps puisqu'il a publié un grand nombre d’écrits entre 1875
et 1911, s’intéressant particulièrement aux mythes et légendes de haute et
basse Bretagne. Croyance, mythes et légendes des pays de France est une
réédition toute fraîche d’un essai intitulé en 1906-1907, Folk-lore de France
Saviez-vous que ce que l’on aperçoit sur la face visible de
la lune n’est autre qu’un homme condamné pour avoir travaillé le jour du
Seigneur ? Que la landes au paysage désolé abrite nombre de créatures maléfiques, de lutins farceurs et autre âmes en peine qui se mettent en furie si
vous sifflez, que certaines terres incultes sont le résultat du comportement
d’habitants au cœur de pierre qui chassèrent Jésus déguisé en mendiant et qui
demandait un peu de pain ? que les montagne sont le fruit des luttes entre
géants qui se battaient sous terre ou encore que Gargantua passant par la avec
sa canne fit s’accumuler des rochers que l’on peut encore voir aujourd’hui ?
Bible des mythe et des légendes, ouvrage très complet a été écrit
entre 1904 et 1906, certainement après un travail de recherche acharné pour
exposer les mythe qui régissaient la vie de tout un chacun.
Pour donner une idée de cet aspect « fouillé « : voici la lune sous toutes ses faces :
Les légendes qui entourent la face visible de la lune, très
souvent un « homme de la lune qui généralement est un condamné, très
souvent qui a refusé de respecter le repos dominical, et qui est fait
prisonnier de la Lune devenue alors sorte de piloris ou le condamné est exposé
avec l’instrument de sa faute, très souvent un fagot, au regard de tous
jusqu’au dernier jour, cette légende est déclinée avec toutes ses variantes
d' un lieu à un autre.
Mais Paul sébillot ne se contente pas de rapporter les
légendes, il explique comment la vie de tous les jours est conditionnée en ce
début de siècle par la lune : sa position , son aspect, la phase
de la lune semblent déterminer l’avenir de l’enfant à naître.
On s’’aperçoit que la croyance l’influence de la lune sur certains détails de
la vie quotidienne a la vie dure et semble toujours de mise aujourd’hui : la
pousse des cheveux, des ongles… ce que l’on n’a jamais pu prouver, mais la
sagesse populaire liée à l’observation des phénomènes naturels et de l’environnement
possédait peut- être un fond de vérité qui sait ?
Pour compléter encore les connaissances sur la lune (ce
chapitre est mentionné à titre d’exemple, les autres étant écrits sur le même
modèle), Paul Sébillot liste les expressions renfermant le terme de Lune et
établit un lien avec l’origine de certains comportement humain tel que
lunatique, être mal luné…
Et l’on constate que tout élément de la vie quotidienne
s’explique par une croyance qui donnera lieu à une légende qui se propagera de
contrée en contrées, d’où ses multiples variantes. Tout élément, et aucune
omission : l’auteur commence par évoquer les phénomène naturels ( Lune,
nuit, eaux, mer, astres) puis rapporte les mythes qui expliquent la
fondation des espaces géographique, (montagnes, collines, grottes), et il
poursuit en racontant de beaux contes des origines qui expliquent la
morphologie des mammifères, des oiseaux domestiques ou sauvages, les poissons,
les crustacés, les insectes, ainsi que
tous les rituels et les pratiques pour
conjurer le sort en cas de mauvais augure.
L’environnement n’est pas oublié : les arbres, les
plantes qui guérissent ou tuent , sièges d'esprit bienfaisants ou non ont leur rôle dans nos bonnes vieilles légendes rurales.
L’auteur tente également de faire part de ses recherches sur
les villes, l’origine de leur nom, des noms des rues souvent liés à des faits
avérés qui devinrent légendes avant de sombrer dans l’oubli : en 1906, les
légendes urbaines commençaient à s’effacer et comme l’affirme Paul Sébillot, il
était grand temps d’en recueillir les derniers échos. Qui, aujourd’hui est
capable de raconter ces histoire qui se sont égarées dans la nuit des
temps ?
Parmi les derniers livres de cet essai, le livre neuvième
est consacré à la préhistoire et relate l’origine des mégalithes reprenant les
écrits de Prosper Mérimée, La Tour d’Auvergne et autres auteurs qui affirmaient
que les mégalithes ont servi à des cultes sanglants, des sacrifices humains, ou
encore de sépultures, J'ai eu le sentiment, à la lecture de cet ouvrage, que la recherche dans le domaine des mégalithe n'a pas beaucoup avance et que nos tables de pierres, nos tumulus et nos menhirs n'ont pas encore livré leurs secrets.
Paul Sébillot expose ces théories
pour mieux revenir aux légendes qui entourent ces édifices de pierre peut-être
en grande partie disséminés par Gargantua (on remarquera que le plus petit
caillou, la montagne la plus élevée, les vallées encaissées, les gorges les
ravins et les terrains accidentés sont très souvent l’œuvre du géant).
Le livre dixième dresse un inventaire des bâtiments de
préférence hantés, le livre onzième rapporte l’histoire
humaine : la société et ses divisions (prêtres, moines, ermites,
templiers, nobles, vilains, les guerres, les sièges, pour se terminer par
l’histoire de France dans la tradition populaire et les légendes qui
entourèrent Henri IV, Napoléon et autres personnages illustres.
Respect pour ce chercheur qui a certainement passé une bonne partie de sa vie à cheminer à la recherche de ces légendes et qui voulut
produire un ouvrage des plus complets toujours intéressant ausjourd’hui et qui
méritait bien d’être réédité.
Nul besoin de nouvelles recherches, Paul Sébillot
a tout dit, à moins que quelque légende ait vu le jour après sa mort en 1928.
Il ne faut pas chercher dans ce pavé, de légendes enjolivées
d’images et écrites de main de virtuose de la langue, ce n’était certainement
pas son objectif. Cela ne l’empêche pas d’être passionnant.
Il aurait toutefois mérité d’être repris aujourd’hui,
certainement en plusieurs tomes illustrés d’images, d’œuvres d’art, de cartes,
de photos anciennes, ce qui aurait rendu la lecture moins fastidieuse, car ce
fut long, très long à lire. Je ne regrette pas cette lecture qui m’a beaucoup
appris.
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