Le lecteur de cadavres
Antonio Garrido
Ed Grasset,
Ed livre de poche.
Les premiers qualificatifs qui me sont venus à l’esprit,
après avoir refermé (à regret) cet immense roman, sont destinés à Antonio
Garrido qui mérite amplement le succès remporté par ce roman, à en juger par
les excellentes critiques qu’il a reçues à juste titre.
Tout au long du récit,
je me suis sentie admirative du travail de documentation effectué par l’auteur,
toutefois je ne réalisai pas encore l’étendue de ce travail avant de parcourir
les notes de l’auteur à ce sujet : documentation extrêmement poussée sur
les écrits de l’époque, explication des noms, prénoms des personnages, situation historique de la Chine
menacée d’invasion par les Jins, inventions, particulièrement une, dont je ne
dévoilerai aucunement le nom, vie quotidienne dans les différentes couches
sociales de l’époque, protocole et étiquette à la cour de l’empereur, respect
dans la vie quotidienne, des préceptes de Confucius …
Mais le plus intéressant c’est
que ce roman a été bâti d’après la vie de Song Cí, premier médecin légiste,
auteur du Xi Yuan Ji Lu publié en 1247 traduit dans plusieurs langues et qui
serviront de base à Antonio Garrido.
J’ai beaucoup appris tout au long de ce parcours sur ce
personnage dont je suis devenue l’ombre pendant quelques jours, héros qui
semble s’être élevé seul, qui perd ses parents, sa famille, progressant dans un
environnement pratiquement toujours hostile, devant se battre pour simplement
survivre, ne cherchant jamais la facilité, ce jusqu’à la dernière page et qui
se sort de situations extrêmes grâce à une malice, une intelligence hors du
commun, beaucoup de persévérance, de l'amour propre, qualités qui le rendent bien attachant et vous accroche à son histoire jusqu’au dénouement,
même si parfois, il s’est avéré nécessaire d’avoir le cœur bien accroché, pas obligatoirement
lors des autopsies en ce qui me concerne, mais surtout lors de la description de certaines
tortures dont les chinois semblaient connaître les secrets et que personnellement, je refuse souvent d'imaginer.
Les personnages, nombreux, présentent un grand intérêt :
généreux ou avares, intéressés ou altruistes, fourbes ou droits, ils ne font par leurs agissements
que mettre en avant les qualités de Cí. Ce qui épice encore le récit, c’est
qu’un même personnage peut se montrer successivement bienveillant, puis devenir
un monstre et inversement, mettant en éveil la pensée du lecteur, (il m’est
même arrivé d’essayer de comprendre ou de deviner le cheminement d’un
personnage en dehors de la lecture).
décrivant dans un premier temps le parcours semé d'embûches et de dangers de toutes sortes d'un jeune homme sans défense, seul au monde, le roman devient par la suite un thriller historique passionnant regorgeant de suspense et de rebondissements que
j' ai hésité à lire parce que je n’ai pas vraiment
apprécié La scribe du même auteur (voir critique), et puis j’ai décidé de lui
donner une chance, je ne le regrette pas, ce roman fera partie des meilleurs
récits lus cette année. Je vous le recommande. Et merci à l’auteur pour ces
recherches et ces années de travail qui ont donné naissance à un roman
historique abouti et passionnant.
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