Le siècle - Tome 1
La chute des géants.
La chute des géants.
Ken Follet
Ed livre de Poche
Ed Robert Laffont
Bel exposé sur la première guerre mondiale, et je dirais même
celui qui me manquait. Comme nombre étudiants, j’y avais eu droit durant mon année
de troisième ainsi que mon année de terminale, cours dispensé de façon assez
imbuvable à coup de stencils monochromes mentionnant des mouvements de troupes
qui ne représentaient rien pour moi, et je ne parle pas de l’assassinat de
l’archiduc François Ferdinand qui était officiellement la cause de cette guerre
meurtrière, bien mis en évidence par les profs, sans pour autant détailler les
étapes qui menèrent de sa mort à la guerre entre toutes ces nations.
Merci donc Monsieur Follet, écrivain et historien de génie de
nous avoir offert la connaissance de cette partie sombre de l’histoire de
façon romancée et beaucoup plus limpide, pas seulement vécue par nous les
français, mais aussi du point de vue des américains, des Allemands, des
Anglais, et des russes (qui ont rapidement eu d’autres chats à fouetter).
Les personnages me
semblent habilement choisis parmi différents couches de la société de l’époque,
offrant au lecteur un panel intéressant qui permet de comprendre les coulisses
de la guerre et la façon dont elle fut vécue par les groupes humains :
diplomates de tous bords, Allemands, Américains, Anglais aux intérêts convergents
ou pas et qui tenaient une partie de la planète entre leurs mains, et qui
amènent le lecteur à considérer le côté
absurde de la guerre : des amours impossibles, des amitiés mises en veilleuse,
des combats menés en douce pour défendre quelques arpents de terre, des soldats
qui se retrouvent sur le front, tuant peut-être leur ami en face, et qui
sympathiseront le temps d’une trêve de Noël (cf citation).
À la lecture de ce roman, je me suis questionnée longuement : qui avait intérêt à cette guerre ?
Les Autrichiens ? Peut-être… quoiqu’elle fut pour l’empereur
devenant sénile, un problème de succession et une éventuelle solution à l’inimitié
envers les Serbes… les Allemands qui prirent à l’époque cet incident diplomatique
comme prétexte à une déclaration de guerre à leurs voisins russes et français qui
s’étaient mis à mobiliser et l’on assiste alors à un jeu de dominos entraînant la
moitié de la planète dans un conflit des plus meurtriers. Ken Follet a très bien su développer cet aspect et
montrer qu’au dernier domino tombé, on ne sait plus pourquoi on combattait si
ce n’est pour amener l’Allemagne après une maigre tentative de paix, a une défaite tant stratégique qu’ économique
qui laisse présager le tome suivant, mise en cause des juifs, volonté de
revanche…cette lecture m’a vraiment donné le goût de réapprendre l’histoire, si
sombre soit elle.
Les personnages ont été choisis avec soin pour ce qu’ils représentent et parmi différentes
catégories sociales : une famille, la famille Williams, dans le secteur minier du pays de galles, un
père défenseur de la cause et des intérêts des mineurs, une fille élevée en ce
sens et qui aura un parcours des plus intéressants, un fils qui partira sur le front, nous livrant les détails de la bataille de la somme, un Américain, proche du
président Wilson, au rôle un peu confus, à la fois diplomate, espion, ayant des
relations en Europe, la famille Von Ulrich famille de diplomates qui semblent
tenir le destin de lEurope entre leurs main, Le comte Fitzherbert, personnage ambigu, hautain ayant ses entrées à la chambre des lords, prêt à tout pour défendre ses intérêts, Grigori et Lev
Pechkov qui tour à tour, apportent respectivement des connaissances sur la
révolution russe, et sur certains aspects de la politique intérieure des États
Unis et sur sa société en ce début de siècle, Lady Maud (sœur du comte) et Ethel
William grâce auxquelles on assiste aux actions des premières suffragettes et au début du
combat pour la cause des femmes dans la société machiste de l’époque.
Ken Follet fait habilement entrer en jeu des personnages
célèbres : le roi George V, Lloyd Georges, Winston Churchill en précisant
en fin de roman, qu’il les a introduit dans des lieux imaginaires (notamment Ty Gwyn,
la luxueuse demeure du comte
Fitzherbert) en s’étant préalablement documenté sur la possibilité pour
ces personnages d’avoir effectivement fréquenté ces lieux. Un roman très
sérieusement documenté donc et que l’on peut lire pour acquérir des
connaissances certaines.
La guerre 14-18 n’étant pas la partie de l’histoire que je
préfère, en raison notamment de la difficulté à me remémorer son déroulement, les
batailles, les mouvements sur les fronts, je pense que j’apprécierai davantage
le deuxième tome sur la seconde guerre mondiale. Je commence déjà à me demander
ce que deviendront chacun des personnages auxquels je me suis attachée ou pas,
et j’ai envie également d’en connaître plus sur la vaste guerre 39-45 aux
facettes multiples et aux problématiques diverses et afin de mieux comprendre
les « pourquoi » et les « comment » de ce conflit, surtout
les « comment » qui peuvent rester obscurs un certain temps si comme
moi, on ne s’est pas vraiment intéressée aux manœuvres diplomatiques et
politiques de l’époque.
Je ferai certainement quelques lectures plus récréatives entre
temps, car ce tome passionnant fut tout de même un pavé de plus de mille pages
d’intrigue, de magouilles politiques et stratégiques qui ne se lisent pas en
trois heures !
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