Les pêcheurs
Chigozie Obioma
Editions de l'olivier
Où l’on raconte la longue et inexorable descente aux enfers d’une famille nigériane : quatre frères : Benjamin (le narrateur),
Ikenna, Boja, et Obembe, profitent de l’absence de leur père, représentant
incontestable de l’autorité dans la famille, pour aller pêcher dans le fleuve
interdit Omi-Ala. Au cours d’une
de leurs parties de pêche, ils croisent Abulu le fou, personnage malfaisant, qui
s’adressant à Ikenna, l’aîné de la fratrie, lance un malédiction : Ikenna
mourra de la main d’un de ses frères. Cette prophétie va bouleverser la
famille, d’autant plus que les prédictions du fou semblent connues pour se
réaliser. Et l’on assiste au morcellement d’une fratrie précédemment unie, à la
déchéance d’une famille dans un pays où les malédictions, prophéties et autres
sortilèges ont la vie dure.
Ce roman constitue un excellent ouvrage pour étudier le
profil psychologique de personnages. il conduit à analyser une action de départ
et ses conséquences, s’interroger à propos de ces
gens qui se prétendent capable de voir l’avenir, montrer comment on se forge une destinée à partir de faits qui nous conditionnent et
peuvent nous amener à agir en fonction d’une réalité que nous nous créons et
sur laquelle nous finissons par n’avoir plus aucune prise. C’est sans doute
cela le destin.
Les personnages au cours du roman, délivrent chacun leur
vérité et présentent des différences bien marquées qui les rendent très
intéressants :
Le père, autorité incontestable, aux principes sur lesquels
on ne revient pas,
La mère, qui agit en accord avec les lois du patriarche,
garde tout de même sa personnalité et ses convictions. Personnage à la personnalité
affirmée, avec ses points forts et ses faiblesses, avec son âme de mère qui ressent les soucis de ses enfants au plus profond d'elle même.
Les frères dont on observera
l’évolution du comportement en fonction des événements qui
surviennent dans le roman chacun ayant sa propre sensibilité.
Abulu le fou, personnage répugnant et immonde qui possède
intérieurement certainement plus de bestialité que d’humanité, et néanmoins fascinant.
Ce premier roman de Chigozie Obioma est très bien écrit et c’est
un pur plaisir de déguster ce texte. j’ai eu parfois l’impression de retrouver
la plume de Yasmina Khadra. Je vous conseille cette pépite qui fera assurément
partie mon top 10 de l’année !
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