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mardi 24 décembre 2024

 

La femme de ménage













Freida McFadden, 

Ed City 4/01/2023, 304 pages.


Avis aux amateurs de thrillers psychologique : ne passez pas à côté de cette pépite !

J’avais un a priori avant de l’ouvrir, mais je me disais que, vu le nombre de lecteurs satisfaits, je m’y suis collée.

Mes doutes se sont dissipés dès les premières pages qui se sont rapidement tournées tant la lecture est fluide, et je me suis sentie aspirée dans cette histoire, fascinée par les personnages, dégoûtée de tant de méchanceté, apitoyée par cette jeune personne sur qui s’abat le malheur et les difficultés pour s’installer dans la vie, perplexe quant à l’honnêteté de certains protagonistes.

La romancière a savamment bâti la trame de ce roman, ne laissant rien au hasard et offrant de spectaculaires et inattendus rebondissements. La pression, inexistante au tout début, commence à monter dès les premiers instants de travail de notre Millie pour cette famille « comme il faut » et ne cesse de monter pour parvenir au paroxysme. C’est envoûtant ! Je ne devrais d’ailleurs pas m’exprimer de cette façon, cela frise le voyeurisme, mais bon, il s’agit d’une fiction.

J’ai par moment eu envie de fermer le livre pour respirer face à l’injustice et aux mensonges de Nina, l’employeuse, et face à sa paresse, son manque de respect. Mais j’avais trop envie de poursuivre et de savoir.

Un personnage me semble bien étudié pour piquer la curiosité du lecteur, personnage ambigu et énigmatique : Enzo le paysagiste qui n’aligne pas trois mots d’anglais et entretien un certain mystère que l’on a hâte de percer !

Question suspense, c’est une réussite, je pense attendre un peu et lire les tomes suivants et sans doute même les policiers médicaux écrits par Freida McFadden lorsqu’ils seront traduits.

dimanche 22 décembre 2024


Sueurs froides












Boileau-Narcejac

Ed Folio, 14/05/1999, 192 pages


En commençant cette lecture, je n’avais absolument pas fait le lien avec le film d’Hitchcock : Vertigo, au titre français identique au roman de Boileau-Narcejac. Il faudra que je revoie le film !

Dans le présent roman, on fait connaissance De Gévigne, époux inquiet de Madeleine qui montre un comportement étrange, s’absente, semble atteinte de mélancolie, qui se fige face au portrait de sa grand-mère, morte noyée. Il fait appel à Flavière, avocat chargé de la suivre et de l’observer. Commencera alors une relation entre l’avocat et Madeleine.

Le roman, bien qu’il soit très court, m’a paru ennuyeux, avec un peu d’action au début, puis des longueurs et des répétitions de scènes qui frisaient le harcèlement de la jeune femme. La fin plutôt confuse, est difficile à concevoir. On est pourtant en présent d’un suspense typique du grand cinéaste. Je pense que je reverrai le film qui passera mieux que le roman et auquel le titre de « sueurs froides » convient mieux.

J'ai tout de même apprécié le lourd mystère qui poursuit le personnage de Flavière et du lecteur, cette ambiguïté d'une femme que l'on tente de comprendre sans y parvenir.

dimanche 15 décembre 2024

 

Pars vite et reviens tard




 









Fred Vargas

Ed J'ai lu, 12/08/2006, 352 pages


L’amatrice de policiers que je suis avait un peu honte de n’avoir pas encore lu cette désormais classique œuvre de Fred Vargas. C’est fait à présent.

Je sors à la fois contente et insatisfaite : l’intrigue ? J’ai adoré, une histoire de peste me satisfaisant pleinement, un mystère merveilleusement entretenu, depuis ces lettres aux messages sibyllins qui sortent de l’urne d’un crieur de rue et que personnellement, je n’ai pris au sérieux que lorsqu’un certain Decambrais annonce à Adamsberg que c’est du lourd, jusqu’aux signes peints sur les portes d’ immeubles, en passant par la présence de puces sur les victimes de meurtre qui jalonnent le roman alors que de multiples allusions à la peste sont couchées sur le papier d’un mystérieux expéditeur. Comment alors ne pas imaginer la police en proie à la panique ?

Sauf que la police, c’est principalement le commissaire Adamsberg, d’un sang froid à tout épreuve, peu bavard bien qu’il soit capable de ripostes adéquates voire comiques pour mettre un terme aux réflexions de ses co-équipiers, se fiant à ses intuitions aujourd’hui devenue légendaires.

Il y aurait beaucoup à dire sur les nombreux personnages qui gravitent autour du commissaire : personnalités atypiques, originalité : un crieur ne se rencontre pas à tous les coins de rue en 1999, de même qu’un vieil érudit conseiller en choses de la vie, ce n’est pas banal, j’ai trouvé cela plutôt amusant.

Et puis il y a l’enquête, le difficile travail qui consista à rassembler tous les indices, c’est long ça patauge, ça ne prouve rien, c’est ce qui arrive fréquemment dans nombre de romans policiers, c’est peut-être ce qui met la réussite finale en évidence, rien à redire.

Ce qui m’a paru long, ce sont les passages sur les sentiments d’Adamsberg, sa relation avec Camille, le ressenti de Danglard, son bras droit, les mille et un détails qui  meublent les vies des protagonistes, qui possèdent, on n’en doute pas, un intérêt et sont utiles pour comprendre l’intrigue ou pour considérer l’évolution de personnages récurrents dans l’œuvre de Fred Vargas, mais ces passages m’ont donné envie de sauter des pages, il s’agit là d’un avis personnel, d’autres à ma place profiteraient certainement de ces « pauses » dans le récit pour apprécier l’écriture de cette écrivaine talentueuse.

 

La vie gourmande












Aurelia Aurita

Ed Casterman, 21/09/2022, 368 pages.


Je ne connaissais pas Hakchenda Khun dite Chenda, dite Aurélia Aurita, pseudonyme sous lequel elle écrit ses bandes dessinées.

La vie gourmande est celle que je devais lire afin de faire connaissance avec son autrice : une jeune femme d’origine Khmère et chinoise qui va se dévoiler peu à peu. On apprend d’elle qu’elle a beaucoup reçu de sa grand-mère sans doute à l’origine de son éducation culinaire, sa curiosité naturelle en faisant une gourmande heureuse de vivre et de mordre dans les aliments comme on mord dans la vie, son périple gastronomique commence alors dans le restaurant de Pierre Gagnaire où elle arrive pour se placer dans les coulisses d’un grand restaurant, y observer le travail des employés, depuis les cuisines jusqu’aux salles à manger, observant l'organisation de fourmi nécessaire à la bonne marche de l'entreprise, satisfaisant par la même occasion sa gourmandise.

Elle déclarera s’être « accrochée à la nourriture » parce que c’est le plaisir le plus accessible et immédiat lorsqu’on est affaibli par les traitements car elle apprend qu’elle est atteinte d’une tumeur au sein, tumeur atypique et délicate à soigner.

On sent tout au long de son récit, les affirmations d’un personne sincère et vraie, on ressent fortement son envie de vivre et de braver la maladie, de rester debout malgré une vie sentimentale pas toujours calme et sereine.

Les illustrations, au premier coup d’œil, peuvent paraître grossières, mais il n’en est rien : on perçoit aisément les ressentis de visages expressifs, la délicatesse des mets et de la décoration des tables, et la finesse liée à  ces traits de couleur qui apparaissent au milieu des vignettes en noir et blanc, c’est sublime !

C’est avec grand plaisir que j’ai fait un bout de chemin avec Aurélia, enchanté d’avoir fait connaissance avec elle.

 

dimanche 8 décembre 2024

 

Houris












Kamel Daoud

Ed Gallimard, 15/08/2024, 416 pages



Cette guerre, je m’en souviens comme si c’était hier. Sur mon lieu de travail, je côtoie beaucoup d’Algériens, leurs enfant se montraient agités, comme leurs parents, ils ne parvenaient pas à exprimer la violence contenue dans leur esprit, les familles n’en parlaient pas devant les enfants, mais les enfants ont un sixième sens, il voyaient bien que leur parents n’appelaient plus leur famille au pays, et que s’ils joignaient de temps à autres, un aïeul, c’était pour n’obtenir que très peu de nouvelles, le peuple se taisait, et nous enseignants, on ne prenait connaissance des exactions des islamistes que par radio interposée,  ces années furent terribles !

C’est donc pour assouvir un besoin d’information , bien des années après, que j’ai ouvert ce livre et constaté l’indicible, très bien exprimé par une jeune femme que l’on a privée de ses cordes vocales, une jeune femme enfermée dans son corps, ne témoignant que par le biais d’une canule, pas n’importe quelle canule, une canule qui gêne et qui constitue une trace des horreurs vécues par le peuple algérien, une canule à laquelle Imams et policiers  tournent le dos puisque cette guerre est plus qu’occultée et qu’il est interdit d’en parler, ce qui empêchera les familles des victimes d’obtenir reconnaissance et justice.

Aube, par sa langue intérieure, communique avec la fille qu’elle ne souhaite pas voir naître, qu’elle se refuse de voir soumise aux hommes, aux lois des imams et donc de Dieu, elle lui transmet son désir de la supprimer, ce leitmotiv ponctue le roman, et avec les noms affectueux de la mère envers sa fille, (ma Houri, ma lune, ma fillette…) confèrent à son récit une certaine ambiguïté, ambiguïté d’une mère dans l’attente, et d’une femme désirant supprimer son enfant par amour pour lui éviter les épreuves.

Si Aube évoque les événements de la décennie noire particulièrement ce qu’elle à vécu étant enfant, un autre personnage, Aïssa, déploie le livre de la guerre, attribue à chaque chiffre qu’il entend, une date et raconte les crimes des égorgeurs, et on réalise à quel point les meurtriers se sont disséminés dans une Algérie exsangue, les meurtriers, on les retrouve dans le témoignage de cette femme, jugée terroriste qui raconte son histoire à Aube.

Et Fajr (Aube) décide de retrouver sa sœur défunte là ou elle fut enterrée pour lui demander de décider du sort de l’enfant qui grandit en elle. Plus qu’un pèlerinage vers le lieu ou elle est morte, et ou elle naît une nouvelle fois, on assiste à une errance, de nouvelles épreuves au cours desquelles elle montrera son impuissance face à la domination des hommes, à la loi de Dieu, à la condition des femmes soumises.

Ce roman était indispensable pour témoigner d’une guerre qui, comme celle que nous avons connue en Europe avec toute la violence qu’elle a engendrée, devrait imposer un devoir de mémoire.

La lecture fut longue, des pauses m’ont été nécessaires pour pouvoir poursuivre ma lecture et apprécier le beau texte de Kamel Daoud. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une de mes pépites de l’année, pour ma part, ce récit marquant ne tombera pas dans l’oubli.

 

 

 

jeudi 5 décembre 2024

 

La valse des âmes













Bernard Werber

Ed Albin Michel, 25/09/2024, 624 pages



J'ai englouti pas mal de romans de Werber, un auteur que j’aime beaucoup, mais j’ai décidé de faire une impasse après avoir lu la boîte de Pandore, sur la prophétie des abeilles : erreur de ma part, je ne peux expliquer ce qui m’a attirée dans la valse des âmes sur laquelle je me suis littéralement jetée, mais j’ai vite regretté de ne pas avoir lu le tome précédent, quelques allusions à la prophétie des abeilles m’ayant donné envie de le lire. Toutefois, il est possible de lire la valse des âmes avoir lu les premiers volets du cycle de Pandore.

On peut considérer l’auteur comme un fantaisiste, et fantaisiste, il l’est par certains aspects de son récit : il imagine des personnages qui hypnotisent où pratiquent bien facilement l’autohypnose, sans doute pour les besoins du roman qui repose sur cette pratique, il invente un au-delà  parmi les étoiles, près de personnages défunts certes, et devenus purs esprits, bien qu’ayant besoin de soigner leur look, tout devient donc possible : un ange qui choisit un jean et un T-shirt, un autre qui adopte une forme d’ange conventionnelle et respectueuse des images que nous nous faisons de ces êtres éthérés. Personnellement, je m’en suis beaucoup amusée et à plusieurs reprises, j’ai considéré que je devais m’adapter à son récit malgré les invraisemblances si je voulais y prendre du plaisir.

Ce roman n’est toutefois pas un écrit uniquement divertissant, quand on connaît Bernard Werber, on sait qu’il se documente : dans les thanatonautes, on retrouve un certain nombre de récits mythologiques, de légendes concernant la mort et ce que l’on en connaît, il n’a pas complètement imaginé cet au-delà dont il parle, ni le devenir des âmes, ni la réincarnation. S’il nous offre de tels pavés, c’est que quelques spécialistes lui ont fourni une précieuse aide : médiums, responsables religieux, particulièrement bouddhistes et hindouistes (le professeur Ganesh Kapoor sera une précieuse source de renseignement pour Eugénie notre héroïne.)

Question suspense, on est servi, des remontées dans les vies antérieures qui s’interrompent, et qui reprendront plus tard, des appels de l’hôpital concernant l’état de la maman d’Eugénie, une quête de la part de notre jeune étudiante suite à la mission que lui confie sa mère mourante, mission qui paraît difficilement réalisable…

Quant à l’ambiance générale, et les nouvelles qui arrivent du monde entier via les bulletins d’information, c’est vraiment ressemblant à ce que l’on peut entendre dans la réalité. Deux mondes semblent bien s’opposer : celui de la lumière et celui de l’ombre qui prend le dessus, c’est peu réjouissant. Aussi, l’auteur nous invite -t-il à réfléchir sur notre condition d’humain, sur nos décisions, sur la façon d’œuvrer pour le bien commun et d’élever notre âme, un vrai sujet de réflexion !

Finalement je vais peut-être me plonger dans la prophétie des abeilles et sans doute le dévorer.