Le silence
Denis Lehane
Ed Gallmeister, 27/04/2023, 448 pages
Sous quelle étoile est-elle née cette femme, confrontée à la
violence dès son plus jeune âge, violence considérée comme légitime puisqu’elle
venait de ses géniteurs. Et quelle route chaotique !
Si le roman peut paraître long à certains moment, nombre de
pages sont indispensables pour apprendre à connaître ce personnage central du
récit, non pour excuser ni pour compatir, mais pour comprendre ce parcours et
pour se mettre à sa place : et c’est ce que j’ai pu ressentir souvent en
cours de lecture : comment réagirais-je si, comme l’héroïne, on enlevait
ma fille, que je devais me débattre pour la retrouver, me heurter à une
communauté qui a fait vœux de silence, aidée par un parrain qui a savamment tissé
une toile d’araignée pour entretenir la peur, le doute, l’inaction des
autorités et pour paralyser la population.
De quoi dispose-t-elle ?
D’une fameuse
conviction, d’une certaine force physique, comme de persuasion, de suite dans
les idées, du langage approprié pour faire passer ses idées, j’ai d’ailleurs
beaucoup apprécié les dialogues et le répondant de Marie-Pat.
Et c’est dans cette ambiance de ségrégation que se déroule d’histoire,
une histoire sordide qui prend sa source dans les générations antérieures, un
racisme qui se transmet insidieusement dans des communautés qui, en toute
logique et bonne foi, rejette ce qui est différent, ce qui ne correspond pas à
leur façon de vivre.
Pour faire passer son message, l’auteur commence doucement,
par un certain questionnement émanant de Marie-Pat, puis s’ensuivent quelques
réflexions des collègues, pour cheminer vers les horreurs que peuvent proférer
les blancs à l’encontre des populations de couleur. Il n’hésite pas à employer
des termes d’une violence inouïe, sans doute beaucoup plus employés dans les
années 70.
Je me suis sentie bien malmenée tout au long de ce livre,
malmenée par l’injustice, malmenée par le peu de belles personnes rencontrées
sur le chemin de Marie-Pat, malmenée par les individus qui mettent leur génie
au service du mal, malmenée par une fin pour laquelle je me suis demandé si la
justice s’exerçait sans vraiment pouvoir répondre à cette question.
Bel exploit de l’auteur, le message est passé, c’est le plus
important.
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