Hôtel Berlin 1943
Vicki Baum
Ed Métailié, 9/09/2021, 306 pages
Une belle découverte que ce
roman de Vicki Baum, autrice prolifique qui a publié entre 1914 et 1957. Hôtel
Berlin 1943 est une œuvre tout à fait particulière et on ne peut l’aborder
sans savoir que ce roman a été publié en 1943, bien avant que surviennent les
événements décrits qui toutefois se produiront.
Il s’agit d’un huis clos dont
l’action se situe dans un hôtel de luxe à Berlin. Parmi les résidents, on
compte des militaires dont certains sont gradés, des prisonniers dont un
écrivain anglais, deux femmes ; l’une d’elle, Lisa Dorn est actrice, protégée
par le führer, l’autre humiliée pour avoir fréquenté un juif, se prostitue pour
essayer de vivre, on remarquera également la présence de nombreux membres de la
gestapo qui recherchent Richter, un étudiant insurgé fugitif.
Nous sommes en 1944, témoins
des conversations et de l’action qui se déroule dans l’hôtel. Richter se cache
et cherche un moyen de sortir, il se retrouve en contact avec des personnages
prêt à l’aider… ou pas, il côtoiera la belle Lisa, égayant quelque peu un roman
de guerre y ajoutant une touche sentimentale qui n’est pas pour déplaire.
Mais les conversations
traduisent tout de même l’horreur de la guerre, les privations, la propagande,
la dictature, la torture, la mort
omniprésente, le massacre engendré par la chute de Berlin sous les
bombardements russes, la capitulation prochaine de l’Allemagne peu à peu privée
de ses alliés, économiquement asphyxiée, l’impopularité croissante d’Hitler
abandonné par ses généraux.
Vicki Baum exilée aux Etats-Unis
depuis 1931, s’est servi de témoignages qu’elle a reçus et d’une certaine
intuition pour nous livrer ce récit extraordinaire, elle semble vraiment avoir œuvré
pour transmettre le ressenti de la population allemande qui ne supportait plus
cette guerre interminable et la surprise de quelques nantis qui se retrouvent
sous les bombardements et qui ne deviennent plus que des humains terrorisés
partageant la même condition. La terreur est admirablement communiquée alors
que les bombardements s’intensifient, je n’ai jamais vécu un tel événement, mais
je peux affirmer que j’ai eu vraiment cette impression de partage avec ces gens
réfugiés dans les caves. Ce devait être terrible, on le ressent, surtout lorsque
l’on sait que Berlin fut totalement détruite.
Un épilogue aurait été
bienvenu pour connaître le devenir de certains personnages. Il s’agit toutefois
d’une fin suffisamment ouverte pour permettre au lecteur d’imaginer cet épilogue.
Je remercie les organisateurs
du challenge solidaire sans lesquels je n’aurais jamais lu ce livre ni
découvert son autrice.
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