Entre deux mondes
Olivier Norek
Ed Michel Lafon, 5/10/2017, 413 pages
Cet excellent thriller semble bien étudié pour que l’on
prenne conscience de faits réels et qu’on se fasse une idée de ce que peut
vivre un migrant. Bien sûr, on réalise par le biais des médias, le drame de ces
hommes et ces femmes amenés à quitter leur pays pour l’inconnu, et qui devront
par la suite se battre pour survivre, mais est-ce suffisant pour prendre
conscience du problème ?
Ce roman nous plonge au cœur de ce bidonville que l’on nomme la jungle de Calais où aboutissent les
migrants de nationalités diverses.
Il débute sur quelques
passages clés , comme si l’écrivain déplaçait une loupe pour grossir quelques
points précis de son récit, que l’on retrouve en avançant dans le roman, ce qui
aide à appréhender certains événements difficiles à accepter.
Puis commence l’histoire d’Adam, policier au service de
Bachar-el-Assad, infiltré dans le gouvernement , qui se voit obligé de quitter
le pays pour fuir la menace de représailles. Il organise en premier lieu la
fuite de sa femme et de sa fille et leur promet de les retrouver en France.
Arrivé à Calais, il se met à leur recherche, bien plus qu’une
recherche pour le lecteur qui va visiter cette zone inhumaine : Adam n’est
plus rien, il garde tout juste son identité, ce qui n’est pas le cas d’un grand
nombre de ses pairs échoués là entre leur pays et l’El Dorado promis : le
royaume uni. Mais il n’est plus rien. On constatera les tensions entre Soudanais,
Pakistanais, Afghans, on réalisera comment des hommes doivent vivre dans ces
lieux insalubres, risquant leur vie pour tenter d’accéder outre-Manche, on
observera les effets de la pauvreté qui s’accumule parce qu’on y regroupe la
misère. « les hommes, c’est comme les pommes, quand on les entasse, ils pourrissent »
affirmera à juste titre, Mirabeau.
Ce roman m’a amenée à me poser beaucoup de questions :
impuissance des pouvoirs à aider ces hommes et ces femmes, courage des
associations d’aide aux migrants, problème
de sécurité dans la ville de calais, particulièrement pour les camions qui ne
veulent plus livrer dans cette ville, problème sans fin que cette question des
migrants, les personnages nous le feront bien sentir : notre deuxième
personnage principal, Bastien, un policier qui arrive de Bordeaux et qui ne
connaît pas le problème de la ville, s’insurge et ne comprend pas les réactions
de ses collègues à l’égard des migrants. Qui a tort, qui a raison ? On est
en droit de s’interroger, et de ressentir des sentiments contradictoires, entre
un policier qui possède une foi à soulever les montagnes et des personnes qui
se voient obligées d’organiser de véritables guet-apens pour dégager la voie
publique et se battre contre des hordes d’individus potentiellement dangereux,
bien conscients qu’ils ne peuvent venir en aide à cette foule, et se parant d’une
sorte d’armure psychologique afin de pouvoir accepter ce qui est inacceptable.
J’ai beaucoup aimé ce roman dont je garderai un souvenir
certain.
L’épilogue m’a laissé perplexe, même si j’ai réalisé que
cette issue pour l’un des personnage était logique.
Un roman que tout amateur de thriller devrait lire.
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