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mardi 22 octobre 2019


Terrible vertu


Ellen Feldman
Ed du cherche midi.


Margaret Sander, célèbre en son temps   agitatrice, rebelle, dérangeante dans une société américaine du début du XXème siècle. Son caractère rebelle, sans lequel elle n'aurait pu aller au bout de ses idées et poursuivre son action, elle le doit sans nul doute à son départ dans la vie, ses souffrances, la honte qu’elle éprouva lorsque petite, toute possession pouvait lui être reprochée, on assistera à une scène importante de son enfance dès le début du récit qui montre combien elle ressentit l’humiliation.


Devenue adulte, infirmière de son état, elle constatera la misère des femmes dont le métier, une fois mariée, se limiterait à mettre au monde des enfants, sans pouvoir contester, diminuée, usées par les grossesses répétées, usées par le labeur qu'implique la charge de familles nombreuses, victimes de privations liées à des situations précaires aggravées par la présence de bouche à nourrir. Certaines mourront suite à des avortements clandestins. 


D’abord membre d’un groupe socialiste, elle défendra la cause des plus démunis, puis orientera son combat vers le droit à la contraception alors balbutiante. Bien sûr elle laissa de côté ses enfants afin de mener son combat, bien sûr son entourage fut en droit de contester, de critiquer son comportement, contestation très bien exprimée dans ce livre, par des lettres adressées à la mère, à l’épouse, à la sœur, à la maîtresse que fut cette femme.


Pour ma part, je me suis contentée de lire sans juger en me concentrant sur son parcours de militante. Quelques femmes sont connues pour avoir laissé de côté leur famille au nom de leur combat : Dolores Ibarruri envoya ses enfants en Russie pour les protéger et se sépara de son mari afin de défendre la cause féminine et lutter contre le fascisme.


Sa foi l’aidant à soulever des montagnes, Margaret Sanger quant à elle, sauva bien des vies et allégea le destin de bien des femmes. Elle mérite le qualificatif de pasionaria du contrôle des naissances. 


Cette biographie est passionnante, son auteure a su faire comprendre au lecteur, les états d’âme de cette grande dame, son acharnement, voire son entêtement, ses relations sans volonté de lendemain avec les hommes, s’autorisant le plaisir sexuel
si tabou et alors reproché aux femmes de cette époque qui osaient le montrer. Mais ce récit est encore plus que cela tant il exprime à merveille le ressenti de la grande dame. 

Bien sûr, ses idées seront sujettes à controverse, particulièrement après la deuxième guerre mondiale, alors qu'elle sera accusée d'avoir prône l'eugénisme, attaques qu'elle conteste clairement dans ce livre.


La fin est merveilleusement écrite, elle résume l’œuvre d’une vie remplie qui se termine par  la sortie triomphale d’une femme qui s’est donnée corps et âme à sa cause, et qui s'en va paisiblement entourée de ses proches,  mais également sa solitude face à un remord que je tairais afin de ne rien dévoiler. remord qu'elle emportera dans sa tombe.


J’ai beaucoup appris de cette personne à laquelle nous devons notre confort en tant que femmes aujourd’hui.


Je remercie Babélio et les éditions du cherche midi pour ce partenariat.


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