Ce caillou dans ma chaussure
L'histoire de Salim
Silène Edgar
Ed Gephyre
La guerre, on en a entendu parler, on y est confrontés par nos lectures, par ouï dire, par les infos, on réalise sa cruauté par le biais d’images soigneusement sélectionnées lors des journaux télévisés, on sait qu’elle existe, quelque part… on y pense et puis on oublie… Parce qu'on ne la côtoie pas..
Et quand vous êtes
professeur de français dans la campagne, loin du tumulte de la ville, dans un
collège de province où il ne se passe pas grand-chose, et que soudain, le
principal vous demande d’apprendre la langue de Molière à Salim, qui arrivé de
Syrie, probablement orphelin, livré à lui-même, puis accueilli dans une famille
qui peut avoir des difficultés à s’adapter à ses pratiques religieuses,
et cela se conçoit aisément, un ado qui porte en lui les horreurs vécues en Syrie,
un ado qui ne parvient pas à se faire entendre, qui pleure parce qu’il ne
pourra pas faire le Ramadan, parce qu’il ne peut pas manger Halal, parce qu’il
veut un téléphone pour avoir des nouvelles des siens, des demandes légitimes … Que
faites-vous ? Vous en rêvez la nuit, vous y pensez… souvent, très souvent,
vous vous sentez impuissant, vous essayez de parlementer avec les éducateurs,
les collègues, le principal… En vain…
C’est exactement ce que veut nous amener à comprendre Silène Edgar à
travers ce court mais efficace récit : l’accueil d’un émigrant n’est pas
chose facile, trop de vécu que l’on ne peut partager avec sa famille d’accueil,
avec un professeur plein de bonne volonté qui ne sait pas quels sujets aborder
sans froisser, sans blesser, sans faire pleurer... Divers thèmes sont abordés à
travers l’histoire de Salim : la religion, la tolérance, la compassion, mais
également le manque de moyen pour accueillir ces émigrants, des éducateurs qui
n’ont pas de solution, pas de psychologues, et une bonne lourdeur
administrative.
L’auteur soulève des questions auxquelles je n’avais pas forcément pensé, c’est
la raison pour laquelle ce récit restera gravé dans ma mémoire. Un livre à lire
et à relire.
Je remercie Babélio et les éditions Gephyre pour ce partenariat
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