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jeudi 31 juillet 2025

 

Malu à contre-vent












Clarence Angles Sabin

Ed Le nouvel Attila, 22/08/2025, 192 pages


Un roman que l’on ne peut pas, à mon sens, le qualifier de roman du terroir, trop peu d’éléments culturels, trop peu de tradition, trop peu d’acteurs pour mettre en avant les coutumes d’une région. L’autrice nous offre plutôt une succession de scènes de la vie d’une famille d’agriculteurs, famille incomplète avec un père, une grand-mère, une mère omniprésente qui se manifeste en coulisse à travers le mal-être de Malu.

Malu est une adolescente, et, fait surprenant, on ne perçoit de cette adolescence que la transgression : Malu enterre les agneaux morts sur une colline à l’insu de son père, constituant un véritable cimetière.  Malu, dévouée à sa famille possède un certain esprit rebelle : sa seule contestation, c’est le souhait qu’elle manifeste de ne pas aller au collège, elle qui ne semble avoir aucun lien particulier avec ses pairs, sa priorité étant sa famille : la grand-mère qui l’a élevée et son père qu’elle aide activement à la ferme.

Clarence Angles Sabin introduit ses lecteurs dans le milieu agricole : dureté des travaux, travail épuisant soumis aux aléas de la météo, difficultés de l’élevage, rentrées d’argent souvent insuffisantes.

J’en suis arrivée à me demander si une quelconque action allait venir briser la monotonie des descriptions dans ce milieux où l’on croise très peu de monde, où les journées sont ponctuées par la vie de l’exploitation exposée aux vents, au froid de l’hiver, à la sécheresse d’été.

Mais la deuxième moitié du roman est plus riche en événement : La grand-mère vieillit, et Malu redouble d’effort pour entretenir la santé de l’Aïeule…

De ce récit, j’ai aimé les belles descriptions de paysages, la quasi personnification des collines chère à la grand-mère et à l’enfant, l’écriture ciselée qui rend le livre si agréable à parcourir. J’ai moins aimé le côté morbide du récit : partout rôde la mort, si bien que chaque événement qui survient laisse imaginer que la faucheuse se dissimule, prête à survenir à la moindre occasion.

La fin m’a laissée amère car elle heurte ma sensibilité et me laisse un sentiment désagréable, réaction qui m’est personnelle, ce qui ne signifie pas vous, lecteur, vous la vivrez de la même façon.

J’ai tout de même découvert un très beau premier roman.

vendredi 25 juillet 2025

 Ceux qu’on aime













Victoria Hislop,

Livre de poche, 30/09/2020, 192 pages


Je me suis une fois de plus fait plaisir en lisant un roman de Victoria Hislop, merveilleuse écrivaine qui sait si bien conter et qui permet de mettre en mémoire des pans d’histoire que l’on ne mémoriserait pas si bien s’ils n’étaient pas inclus dans un roman où évoluent des personnages attachants, haineux, conciliants, qui permettent de découvrir toutes les facettes d’un événement.

C’est le troisième roman que je lis de cette autrice et je retrouve une trame identique : un personnage se retrouve en contact d’un ou plusieurs autres qui expriment leur intérêt pour le passé, et la narration commence : ce premier personnage se fait le témoin d’une époque et livre son parcours jusqu’alors inconnu de l’interlocuteur.

C’est ainsi que j’ai découvert que la Grèce avait une histoire mouvementée aux gouvernements instables voire inexistants puisque durant la seconde guerre mondiale, le gouvernement se réfugie en Crète. Et la Grèce sera le théâtre de violences, de tension entres royalistes sympathisant avec les nazis et communistes, reproduction à plus petite échelle de ce qui se passa dans le reste du monde. Après l’occupation, la famine, la soumission aux Allemands, la guerre civile et l’engagement des communistes dans les milices organisées à l’extérieur du pays, la guérilla, la déportation dans les îles, le putsch qui met une junte au pouvoir durant sept ans. Nos personnages seront malmenés à l’extrême dans ce tourbillon de folie meurtrière.

Ces événements, c’est Thémis qui les raconte, Thémis est la benjamine d’une famille perturbée par des soucis matériels, une mère instable, un père absent, une discorde entre les aînés et les plus jeunes. On y fera connaissance d’une aïeule dévouée qui saura apaiser les tensions. Tous prendront des chemins différents tous plus cahoteux les uns que les autres.

Le parcours de Thémis peut se montrer surprenant, elle n’est que courage, volonté et acharnement. On ne peut que s’attacher à cette jeune femme douce qui saura faire preuve d’une persévérance extrême. Cela surprend si l’on en juge par le comportement de cette grand-mère tranquille et sans histoire dont on fait la connaissance au début du récit.

Ce roman m’a vraiment captivée, j’y ai beaucoup appris sur la Grèce, pays que j’aime particulièrement et sur son histoire. J’ai aimé retrouver des lieux où je suis passée lors de mon voyage en Grèce l’année dernière.

 

dimanche 13 juillet 2025

 

Le tube de coolidge












Sonia Hanihina

Ed JC Lattès, 21/08/2024, 270 pages


Yacine est beau, Yacine a un succès énorme auprès de la gent féminine, et c’est Jeanne qu’il choisira pour devenir son épouse. Le couple s’installe, l’avenir est prometteur : elle est laborantine, il sera médecin. Tout est pour le mieux, du moins le pense-t-on.

Mais cet embryon d’amour semble bien s’affaiblir rapidement, et mourir avant d’avoir vécu : on l’apprend par Mona, première fille née de cette union, qui découvre des enveloppes contenant des radiographies, des clichés attestant les violences subies par Jeanne.

On découvrira les travers de Yacine à travers le récit que Mona fait de son enfance, un homme violent et bien plus encore, un homme qui mène le lecteur de surprise en surprise, un monstre de malhonnêteté inspirant le dégoût, appelant à une compassion sans limite pour Jeanne, la victime qui comme beaucoup de femmes subissant des violences, ne semble pas songer à quitter cet individu, par peur, par manque de moyens, pas espoir de voir la situation s’améliorer.

Mona racontant son enfance perturbée et ses peurs, effectue un véritable travail de psychanalyse qui lui permettra de s’en sortir tout en conservant ses fragilités, reniant pendant un temps, ses origines et son nom pour laisser opérer la résilience et se faire faire un tatouage Tunisien, celui qui est dessiné sur la couverture du livre. On y verra également les idées parfois contradictoires des adolescents et des jeunes adultes qui se construisent.

Je regrette que certains passages soient trop peu explicites, j’ai dû relire plusieurs fois certaines pages, ne comprenant pas ce que la jeune femme voulait exprimer. L’alternance des chapitres ou Mona raconte et d’autres chapitres étalant les résultats d’examens, permet tout de même de briser la monotonie du récit, toutefois, j’aurais aimé que ces passages montrent les conséquences de ces résultats, plus de réaction de la part de Jeanne, plus de ressenti que celui d’une femme qui subit et qui protège tant bien que mal ses enfants. En fait, les résultats semblent ne pas coïncider avec le reste de la narration, un décès, une grossesse, mais pas une suite qui contredit l’exposé des médecins.

Par ailleurs, des modifications intervenant dans la narration : on passe du « tu » qui s’adresse au père, à un « il », que l’on ne comprend pas et obligent à retourner quelques pages avant pour tenter de faire un lien entre les paragraphes. Il s’agit là d’un style d’écriture, pas celui que je préfère.

Si ce roman aura dans mon souvenir, le goût amer laissé par le problème des violences faites aux femmes, il me laisse une impression de lecture laborieuse, particulièrement à la fin.

jeudi 10 juillet 2025

 

La route


La Route



Cormac Mc Carthy

Ed Olivier, 4/03/2008, 256 pages

Ed Points, 3/04/2023, 256 pages.


J’estimais que 1984 de Georges Orwell était le roman le plus marquant de toutes mes lectures. Mais je n’avais pas lu la route. Deux romans à présent me laissent un goût amer, et en même temps, je dois dire que j’ai apprécié d’être happée de la sorte.

La route, je l’ai faite avec nos deux héros : l’homme et le petit garçon. Ce roman peut paraître fade et sans vraiment de relief puisqu’il ne reste sur la Terre, que de la poussière, des détritus, et la mort qui rôde partout, contrariée parfois par quelque horde d’individus errant et tentant de suivre une destinée avortée.

Mais l’impression de fadeur s’efface face à l’ampleur des dégâts : sur une Terre devenue inhospitalière, deux individus fouillent les décombres, il n’y a plus de lumière, plus d’espoir de retrouver le Monde d’autrefois, et les questions surviennent : les deux êtres ne sont plus personne, l’absence de nom n’est pas un hasard, les conversations sont réduites au minimum : qu’y a -t-il à dire  si ce n’est exprimer une peur viscérale de rencontrer des malfaisants, de mourir de faim, de rassurer en vain l’enfant, plus aucun projet si ce n’est un vague espoir en allant vers la mer, de retrouver un peu de vie.

Une étrange impression m’est venue à l’esprit en lisant le récit : je me suis placée en témoin de cette situation désespérée, compatissant et marchant aux côtés de l’homme et de l’enfant, et en même temps j’étais eux : j’étais l’homme qui luttait pour la survie de deux êtres seuls au monde, j’étais l’enfant qui n’avait plus que ce père, l’enfant qui ne connaîtrait pas ses pairs, l’enfants avec son esprit d’enfant et la sensibilité qui qui faisait ployer l’adulte en l’amenant à aider autrui.

Que de dureté ! Un enfant à qui on apprend à manier une arme, qui doit apprendre à se priver, à contrôler ses peurs, un enfant qui n’a pas envie de jouer parce que comme les survivants, il doit se protéger.

 

Un roman vraiment très angoissant. J’ai accompagné les personnages tout en me demandant durant la première moitié du livre, ce qui avait bien pu se passer sur Terre et comment les hommes en étaient arrivés  là. Mais je me suis dit que finalement, peu importe, car l’objectif de l’auteur n’était pas de montrer comment les hommes se sont détruits, mais de mettre en évidence les réactions d’individus dans ces conditions extrêmes : plus question de regret, le passé ressurgit brièvement, mais l’instinct de survie reprend sans cesse le dessus, Dieu est mort et plus aucune loi ne vient protéger l’individu. C’est vraiment glaçant, d’autant plus glaçant que par rapport à d’autres post apocalyptiques mettant en avant des hommes transformés par je ne sais quelle manipulation génétique, ou des sectes d’individus effrayants, ce roman, bien que fiction, pourrait parfaitement concerner l’humanité tout entière. C’est sans doute ce qui constitue un vrai sujet d’angoisse.

Je ne vais pas m’arrêter là cependant : il me reste la BD que l’on m’a prêtée, en l’ouvrant je me suis dit qu’il valait mieux lire d’abord le roman, puis le film (peur !).

Donc si on est angoissé de nature, il vaut mieux éviter un tel roman. Je ne regrette toutefois pas d’avoir lu ce classique.

 

mardi 8 juillet 2025

 

Culture polar 












Magdalena Auvinet

Ed Marabout, 7/05/2025, 72 pages.


J’ai testé pour vous, amateurs de polars, ce que Babelio m’a envoyé : un cahier de vacances ! Horreur ! Me direz-vous ? Pas vraiment, car ce recueil n’est que plaisir, recherche (un petit peu quand même !) et divertissement.

Après une brève introduction qui reprécise les différences entre romans policiers, thrillers et les autres polars de type cosy mystery, le roman noir,  le polar historique, l’autrice nous invite à tester nos connaissances : anagramme à observer pour trouver des titres de romans connus, mots mêlés, quiz, questions de culture, mots croisés, logigrilles dans lesquelles apparaissent des dessins,  logigramme avec tableaux à entrées multiples, rébus, messages codés, sudokus avec des cases colorées qui permettent de reconstituer des livres ou des auteurs, des devinettes, tout un méli-mélo de jeux variés qui rendent la monotonie impossible.

J’ai l’impression quand je prends mon livret, de papillonner de jeu en jeu, un vrai plaisir, bien que la concentration soit de mise. Toutefois en guise d’intermède ou de récréation, des encarts intitulés « Le saviez-vous » viennent apporter de l’eau au moulin des lecteurs de polar.

Quelques remarques cependant : les questions culture, ben on sait ou on ne sait pas, c’est comme ça ! Les mots croisés : intéressant lorsqu’on connaît les réponses, car six mots, noms d’auteurs ou livres se croisent par deux, et pour la plupart des mots, une seule lettre comme indice pour trouver la réponse, c’est peu ! Le premier logigramme m’a fait peur : les réponses étaient quasiment dictées, il n’y avait plus qu’à les porter dans le tableau. Pas d’effort à faire, pas drôle ! Par la suite, les autres logigrammes sont de vrais logigrammes bien complexes.

Personnellement, j’aime les logigrammes et les messages codés mais d’autres se régaleront car avec une telle variété de jeux, chacun trouve son bonheur.

J’avais hésité à me porter candidate pour cette masse critique exceptionnelle parce que l’année dernière, j’avais acheté le cahier de vacance de Franck Thilliez qui m’a posé problème : je ne comprenais pas les questions, il m’était donc difficile de répondre. Je me suis décidée pour ce cahier « Culture Polar », je ne le regrette pas !

Je remercie Babelio et masse critique pour ce partenariat.

lundi 7 juillet 2025

 

L’oiseau bleu d’Erzeroum




 








Ian Manook

Ed Albin Michel, 7/04/2021, 544 pages

Ed livre de poche, 24/08/2022, 640 pages


Le génocide des arméniens, j’en avais entendu parler comme beaucoup, sans forcément creuser la question. C’est grâce au challenge Solidaire que j’ai pu me documenter sur ce massacre. Ian Manook nous offre un roman puissant, qui, une fois de plus, amène à se poser des questions sur l’homme capable des pires actions envers ses pairs.

L’auteur s’est inspiré de la vie d’Araxie, sa grand-mère et d’Haïgaz Manoukian, son grand-père, tout deux immigrés en France en 1920.

L’histoire commence par une terrible attaque du foyer ou vit la jeune Araxie, avec sa sœur et sa mère, alors que le père est parti au combat. Désormais orphelines, Haïganouch devenue aveugle, elles seront confrontées aux pénibles épreuves liées à la volonté de génocide des Turcs, éradication des arméniens qui « gênent », ils sont très nombreux et les gouvernements ont peur du soulèvement de certaines minorités qui souhaitent s’émanciper. On décide en haut lieu de rassembler les groupes et de les conduire vers le désert pour les laisser mourir après leur avoir volé tous leurs biens.

C’est dans ce contexte que les deux sœurs seront acheminées vers une mort certaine, qu’elles verront périr le peu de famille qui leur reste, feront des rencontres de belles personnes et de tortionnaires qui les poursuivront tout au long du récit. Leur vie semble alors être une longue route de souffrance vers la mort promise, puis vers l’esclavage et les orphelinats. Araxie sera séparée de sa petite sœur, vendue à un derviche. Son histoire fait l’objet d’un deuxième tome :  le chant d’Haïganouch.

Deux personnages retiennent l’attention : Haïgaz et son frère, devenus fedaïs, ces enfants ont rejoint la milice arménienne et sont devenus des guerriers tueurs, ils peuvent paraître très rudes, mais peuvent surprendre tant ils sont intelligents et sensibles. On comprendra qu’ils sont devenus guerrier par obligation pour sauver leur vie. On suivra également leur route.

Du dégoût, c’est tout ce que m’ont inspiré les instigateurs de ce génocide que l’on peut comparer aux crimes perpétrés par Hitler quelques années plus tard, on apprendra d’ailleurs, qu’Hitler, ancien soldat de 14-18, s’est entouré de militaires allemands et turcs qui ont œuvré pour organiser l’éradication des arméniens.

Ce roman d’une violence inouïe mais nécessaire pour comprendre le passé d’une population à qui on a infligé toutes les souffrances possibles. On observe comment des humains ont été transformés en bétail. Mais si l’auteur a su mettre en évidence des individus inhumains, il ponctue son roman avec les allées et venues et les actions de bienfaiteurs qui n’ont pas hésité à risquer leur vie pour sauver des enfants, les faire sortir de Turquie, organiser des réseaux d’aide. C’est apaisant.

Je comprends à présent la présence d’Arméniens sur le sol français, migrants arrivés par bateau, venus se réfugier et trouver du travail.

J’ai beaucoup appris en lisant ce roman, la lecture m’a parue parfois difficile parce qu’on y croise un grand nombre de personnages, que parfois, on ne se souvient plus de certains qui réapparaissent dans un contexte différent, dans un autre pays, ou parce qu’ils apparaissent très secondaires au début et s’exprime dans le dernier tiers du livre.

Un excellent roman qui semble très bien documenté et que je conseille à qui veut se pencher sur le génocide des Arménien.

dimanche 6 juillet 2025

 

Bientôt les vivants












Amina Damerdji

Ed Gallimard (4/01/2024,) 288 pages,  

Ed Folio (12/06/2025)  320 pages.


Voici un excellent roman qui vient compléter la lecture du prix Goncourt traitant de la question de la décennie noire algérienne, Houris.  Roman beaucoup plus accessible et linéaire qui retrace la vie d’une famille durant cette terrible guerre civile.

Le début peut paraître confus, en raison de la présence d’un certain nombre de personnages qui m’ont obligée à dresser un petit arbre généalogique afin de situer chaque membre de cette famille étendue vivant de part et d’autre d’Alger, avec, dans la famille que je qualifierais de « noyau » et siège de l’histoire, les membres de trois générations.

 

Le roman est introduit par le tristement célèbre massacre de 1997 à Alger, celui qu’aujourd’hui on ne tait plus, le massacre de Bentalha au cours duquel ni les femmes, ni les enfants ne furent épargnés. Puis l’on est plongé dans le passé, en 1988 alors que l’Algérie vivait une période d’émeutes orchestrées par les imams dans le but de protester contre la répression, alors que le Front Islamique du Salut ne s’exprime pas encore, mais gagne progressivement du terrain jusqu’en 1992 lorsque ce parti remporte les élections.

On plongera dans l’horreur des massacres. Prise dans cette tourmente, Mima l’aïeule, ses enfants, Hicham et Brahim, les frères ennemis dont l’antagonisme est exacerbé par la guerre,  ses deux petites filles, Selma et Maya n’auront d’autre choix que de vivre à Alger devenue le théâtre de violences inouïes.

L’autrice nous introduit au sein de cette famille et décrit un groupe humain que la guerre civile divise, Hicham se radicalisant, Brahim le père de Selma empruntant un chemin opposé, la grand-mère tentant de protéger ce fils traumatisé dans sa jeunesse, les deux petites filles montrant combien il est difficile de se construire quand on est adolescente dans ce contexte.

Bouffée d’air pur éphémère, Selma, passionnée de cheval, se rend régulièrement à Sidi Youssef, pour y pratiquer l’équitation. Toutefois cet intermède met en avant un personnage qui puise dans le présent son devenir dans un futur proche. De même que la vie du centre équestre prend une valeur symbolique à travers la description de Sheïtane le cheval, l’indomptable qui préfigure le déploiement de haine futur, le nom du cheval signifie « Satan » ce n’est pas un hasard.

Et Selma est partagée, entre violence et pacifisme, entre amour et haine, et sa cousine, Maya est une jeune fille instable qui transgresse, brave le danger, se façonnant un tempérament qui n’est pas le sien.

Quelques descriptions dans le roman seront à éviter par les personnes sensibles, et révèlent les ressources infinies que possèdent certains hommes dans l’art de la torture, l’art de la terreur qui consiste à faire des cadavres, des exemples pour les vivants.

Ce roman, quoique parfois difficile à supporter en raison de la violence, de la terreur imposée par les FIS, n’est sans doute pas le dernier concernant cette période noire de l’Algérie. La loi n’obligeant plus à gommer ce lourd passé, d’autres paraîtront. Puissent ces romans constituer un hommage aux victimes.