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jeudi 10 juillet 2025

 

La route


La Route



Cormac Mc Carthy

Ed Olivier, 4/03/2008, 256 pages

Ed Points, 3/04/2023, 256 pages.


J’estimais que 1984 de Georges Orwell était le roman le plus marquant de toutes mes lectures. Mais je n’avais pas lu la route. Deux romans à présent me laissent un goût amer, et en même temps, je dois dire que j’ai apprécié d’être happée de la sorte.

La route, je l’ai faite avec nos deux héros : l’homme et le petit garçon. Ce roman peut paraître fade et sans vraiment de relief puisqu’il ne reste sur la Terre, que de la poussière, des détritus, et la mort qui rôde partout, contrariée parfois par quelque horde d’individus errant et tentant de suivre une destinée avortée.

Mais l’impression de fadeur s’efface face à l’ampleur des dégâts : sur une Terre devenue inhospitalière, deux individus fouillent les décombres, il n’y a plus de lumière, plus d’espoir de retrouver le Monde d’autrefois, et les questions surviennent : les deux êtres ne sont plus personne, l’absence de nom n’est pas un hasard, les conversations sont réduites au minimum : qu’y a -t-il à dire  si ce n’est exprimer une peur viscérale de rencontrer des malfaisants, de mourir de faim, de rassurer en vain l’enfant, plus aucun projet si ce n’est un vague espoir en allant vers la mer, de retrouver un peu de vie.

Une étrange impression m’est venue à l’esprit en lisant le récit : je me suis placée en témoin de cette situation désespérée, compatissant et marchant aux côtés de l’homme et de l’enfant, et en même temps j’étais eux : j’étais l’homme qui luttait pour la survie de deux êtres seuls au monde, j’étais l’enfant qui n’avait plus que ce père, l’enfant qui ne connaîtrait pas ses pairs, l’enfants avec son esprit d’enfant et la sensibilité qui qui faisait ployer l’adulte en l’amenant à aider autrui.

Que de dureté ! Un enfant à qui on apprend à manier une arme, qui doit apprendre à se priver, à contrôler ses peurs, un enfant qui n’a pas envie de jouer parce que comme les survivants, il doit se protéger.

 

Un roman vraiment très angoissant. J’ai accompagné les personnages tout en me demandant durant la première moitié du livre, ce qui avait bien pu se passer sur Terre et comment les hommes en étaient arrivés  là. Mais je me suis dit que finalement, peu importe, car l’objectif de l’auteur n’était pas de montrer comment les hommes se sont détruits, mais de mettre en évidence les réactions d’individus dans ces conditions extrêmes : plus question de regret, le passé ressurgit brièvement, mais l’instinct de survie reprend sans cesse le dessus, Dieu est mort et plus aucune loi ne vient protéger l’individu. C’est vraiment glaçant, d’autant plus glaçant que par rapport à d’autres post apocalyptiques mettant en avant des hommes transformés par je ne sais quelle manipulation génétique, ou des sectes d’individus effrayants, ce roman, bien que fiction, pourrait parfaitement concerner l’humanité tout entière. C’est sans doute ce qui constitue un vrai sujet d’angoisse.

Je ne vais pas m’arrêter là cependant : il me reste la BD que l’on m’a prêtée, en l’ouvrant je me suis dit qu’il valait mieux lire d’abord le roman, puis le film (peur !).

Donc si on est angoissé de nature, il vaut mieux éviter un tel roman. Je ne regrette toutefois pas d’avoir lu ce classique.

 

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