La route
Cormac Mc Carthy
Ed Olivier, 4/03/2008, 256 pages
Ed Points, 3/04/2023, 256 pages.
J’estimais que 1984 de Georges
Orwell était le roman le plus marquant de toutes mes lectures. Mais je n’avais
pas lu la route. Deux romans à présent me laissent un goût amer, et en même
temps, je dois dire que j’ai apprécié d’être happée de la sorte.
La route, je l’ai faite avec
nos deux héros : l’homme et le petit garçon. Ce roman peut paraître fade
et sans vraiment de relief puisqu’il ne reste sur la Terre, que de la
poussière, des détritus, et la mort qui rôde partout, contrariée parfois par
quelque horde d’individus errant et tentant de suivre une destinée avortée.
Mais l’impression de fadeur s’efface
face à l’ampleur des dégâts : sur une Terre devenue inhospitalière, deux
individus fouillent les décombres, il n’y a plus de lumière, plus d’espoir de
retrouver le Monde d’autrefois, et les questions surviennent : les deux
êtres ne sont plus personne, l’absence de nom n’est pas un hasard, les
conversations sont réduites au minimum : qu’y a -t-il à dire si ce n’est exprimer une peur viscérale de
rencontrer des malfaisants, de mourir de faim, de rassurer en vain l’enfant,
plus aucun projet si ce n’est un vague espoir en allant vers la mer, de
retrouver un peu de vie.
Une étrange impression m’est
venue à l’esprit en lisant le récit : je me suis placée en témoin de cette
situation désespérée, compatissant et marchant aux côtés de l’homme et de l’enfant,
et en même temps j’étais eux : j’étais l’homme qui luttait pour la survie
de deux êtres seuls au monde, j’étais l’enfant qui n’avait plus que ce père, l’enfant
qui ne connaîtrait pas ses pairs, l’enfants avec son esprit d’enfant et la
sensibilité qui qui faisait ployer l’adulte en l’amenant à aider autrui.
Que de dureté ! Un enfant
à qui on apprend à manier une arme, qui doit apprendre à se priver, à contrôler
ses peurs, un enfant qui n’a pas envie de jouer parce que comme les survivants,
il doit se protéger.
Un roman vraiment très angoissant.
J’ai accompagné les personnages tout en me demandant durant la première moitié
du livre, ce qui avait bien pu se passer sur Terre et comment les hommes en
étaient arrivés là. Mais je me suis dit que
finalement, peu importe, car l’objectif de l’auteur n’était pas de montrer
comment les hommes se sont détruits, mais de mettre en évidence les réactions d’individus
dans ces conditions extrêmes : plus question de regret, le passé ressurgit
brièvement, mais l’instinct de survie reprend sans cesse le dessus, Dieu est
mort et plus aucune loi ne vient protéger l’individu. C’est vraiment glaçant, d’autant
plus glaçant que par rapport à d’autres post apocalyptiques mettant en avant des
hommes transformés par je ne sais quelle manipulation génétique, ou des sectes
d’individus effrayants, ce roman, bien que fiction, pourrait parfaitement concerner
l’humanité tout entière. C’est sans doute ce qui constitue un vrai sujet d’angoisse.
Je ne vais pas m’arrêter là
cependant : il me reste la BD que l’on m’a prêtée, en l’ouvrant je me suis
dit qu’il valait mieux lire d’abord le roman, puis le film (peur !).
Donc si on est angoissé de
nature, il vaut mieux éviter un tel roman. Je ne regrette toutefois pas d’avoir
lu ce classique.
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