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lundi 7 juillet 2025

 

L’oiseau bleu d’Erzeroum




 








Ian Manook

Ed Albin Michel, 7/04/2021, 544 pages

Ed livre de poche, 24/08/2022, 640 pages


Le génocide des arméniens, j’en avais entendu parler comme beaucoup, sans forcément creuser la question. C’est grâce au challenge Solidaire que j’ai pu me documenter sur ce massacre. Ian Manook nous offre un roman puissant, qui, une fois de plus, amène à se poser des questions sur l’homme capable des pires actions envers ses pairs.

L’auteur s’est inspiré de la vie d’Araxie, sa grand-mère et d’Haïgaz Manoukian, son grand-père, tout deux immigrés en France en 1920.

L’histoire commence par une terrible attaque du foyer ou vit la jeune Araxie, avec sa sœur et sa mère, alors que le père est parti au combat. Désormais orphelines, Haïganouch devenue aveugle, elles seront confrontées aux pénibles épreuves liées à la volonté de génocide des Turcs, éradication des arméniens qui « gênent », ils sont très nombreux et les gouvernements ont peur du soulèvement de certaines minorités qui souhaitent s’émanciper. On décide en haut lieu de rassembler les groupes et de les conduire vers le désert pour les laisser mourir après leur avoir volé tous leurs biens.

C’est dans ce contexte que les deux sœurs seront acheminées vers une mort certaine, qu’elles verront périr le peu de famille qui leur reste, feront des rencontres de belles personnes et de tortionnaires qui les poursuivront tout au long du récit. Leur vie semble alors être une longue route de souffrance vers la mort promise, puis vers l’esclavage et les orphelinats. Araxie sera séparée de sa petite sœur, vendue à un derviche. Son histoire fait l’objet d’un deuxième tome :  le chant d’Haïganouch.

Deux personnages retiennent l’attention : Haïgaz et son frère, devenus fedaïs, ces enfants ont rejoint la milice arménienne et sont devenus des guerriers tueurs, ils peuvent paraître très rudes, mais peuvent surprendre tant ils sont intelligents et sensibles. On comprendra qu’ils sont devenus guerrier par obligation pour sauver leur vie. On suivra également leur route.

Du dégoût, c’est tout ce que m’ont inspiré les instigateurs de ce génocide que l’on peut comparer aux crimes perpétrés par Hitler quelques années plus tard, on apprendra d’ailleurs, qu’Hitler, ancien soldat de 14-18, s’est entouré de militaires allemands et turcs qui ont œuvré pour organiser l’éradication des arméniens.

Ce roman d’une violence inouïe mais nécessaire pour comprendre le passé d’une population à qui on a infligé toutes les souffrances possibles. On observe comment des humains ont été transformés en bétail. Mais si l’auteur a su mettre en évidence des individus inhumains, il ponctue son roman avec les allées et venues et les actions de bienfaiteurs qui n’ont pas hésité à risquer leur vie pour sauver des enfants, les faire sortir de Turquie, organiser des réseaux d’aide. C’est apaisant.

Je comprends à présent la présence d’Arméniens sur le sol français, migrants arrivés par bateau, venus se réfugier et trouver du travail.

J’ai beaucoup appris en lisant ce roman, la lecture m’a parue parfois difficile parce qu’on y croise un grand nombre de personnages, que parfois, on ne se souvient plus de certains qui réapparaissent dans un contexte différent, dans un autre pays, ou parce qu’ils apparaissent très secondaires au début et s’exprime dans le dernier tiers du livre.

Un excellent roman qui semble très bien documenté et que je conseille à qui veut se pencher sur le génocide des Arménien.

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