L’oiseau bleu d’Erzeroum
Ian Manook
Ed Albin Michel, 7/04/2021, 544 pages
Ed livre de poche, 24/08/2022, 640 pages
Le génocide des arméniens,
j’en avais entendu parler comme beaucoup, sans forcément creuser la question. C’est
grâce au challenge Solidaire que j’ai pu me documenter sur ce massacre. Ian Manook
nous offre un roman puissant, qui, une fois de plus, amène à se poser des
questions sur l’homme capable des pires actions envers ses pairs.
L’auteur s’est inspiré de la
vie d’Araxie, sa grand-mère et d’Haïgaz Manoukian, son grand-père, tout deux
immigrés en France en 1920.
L’histoire commence par une
terrible attaque du foyer ou vit la jeune Araxie, avec sa sœur et sa mère,
alors que le père est parti au combat. Désormais orphelines, Haïganouch devenue
aveugle, elles seront confrontées aux pénibles épreuves liées à la volonté de
génocide des Turcs, éradication des arméniens qui « gênent », ils sont
très nombreux et les gouvernements ont peur du soulèvement de certaines
minorités qui souhaitent s’émanciper. On décide en haut lieu de rassembler les
groupes et de les conduire vers le désert pour les laisser mourir après leur
avoir volé tous leurs biens.
C’est dans ce contexte que les
deux sœurs seront acheminées vers une mort certaine, qu’elles verront périr le
peu de famille qui leur reste, feront des rencontres de belles personnes et de
tortionnaires qui les poursuivront tout au long du récit. Leur vie semble alors
être une longue route de souffrance vers la mort promise, puis vers l’esclavage
et les orphelinats. Araxie sera séparée de sa petite sœur, vendue à un derviche.
Son histoire fait l’objet d’un deuxième tome : le chant d’Haïganouch.
Deux personnages retiennent l’attention :
Haïgaz et son frère, devenus fedaïs, ces enfants ont rejoint la milice
arménienne et sont devenus des guerriers tueurs, ils peuvent paraître très rudes,
mais peuvent surprendre tant ils sont intelligents et sensibles. On comprendra
qu’ils sont devenus guerrier par obligation pour sauver leur vie. On suivra
également leur route.
Du dégoût, c’est tout ce que m’ont
inspiré les instigateurs de ce génocide que l’on peut comparer aux crimes
perpétrés par Hitler quelques années plus tard, on apprendra d’ailleurs, qu’Hitler,
ancien soldat de 14-18, s’est entouré de militaires allemands et turcs qui ont œuvré
pour organiser l’éradication des arméniens.
Ce roman d’une violence inouïe
mais nécessaire pour comprendre le passé d’une population à qui on a infligé
toutes les souffrances possibles. On observe comment des humains ont été
transformés en bétail. Mais si l’auteur a su mettre en évidence des individus
inhumains, il ponctue son roman avec les allées et venues et les actions de
bienfaiteurs qui n’ont pas hésité à risquer leur vie pour sauver des enfants,
les faire sortir de Turquie, organiser des réseaux d’aide. C’est apaisant.
Je comprends à présent la
présence d’Arméniens sur le sol français, migrants arrivés par bateau, venus se
réfugier et trouver du travail.
J’ai beaucoup appris en lisant
ce roman, la lecture m’a parue parfois difficile parce qu’on y croise un grand
nombre de personnages, que parfois, on ne se souvient plus de certains qui
réapparaissent dans un contexte différent, dans un autre pays, ou parce qu’ils
apparaissent très secondaires au début et s’exprime dans le dernier tiers du
livre.
Un excellent roman qui semble très
bien documenté et que je conseille à qui veut se pencher sur le génocide des
Arménien.
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