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mercredi 29 janvier 2025

Madelaine avant l’aube












Sandrine Collette,

Ed JC Lattès, 21 août 2024, 252 pages


Il est quelque part, coupé par la rivière Basilic, un hameau que l’on nomme « les Montées ». Un hameau perdu dans un coin de campagne, ou nul ne peut se rendre car il existe dans l’imagination des lecteurs qui l’ont découvert, il représente l’ensemble des hameaux perdus de nos contrées. On aurait bien envie aujourd’hui de la qualifier de coin de paradis, mais gardons nous bien de l’envisager sous cet angle : les gens n’y vivent pas, ils y survivent et ils y meurent, et ils triment, bien que le fruit de leur travail, ils ne le voient pas, la vie est ainsi faite, ponctuée par les famines, les maladies et les actes répréhensibles du fils du maître des lieux. Les maigres joies de l’existence viennent de cette vie en communauté, maigres réjouissances qui parfois parviennent à réchauffer les cœurs.

Dans cette vie de misère, surgit de nulle part, une enfant perdue, elle est adoptée par Ambre, la femme en mal d’enfant qui la nommera Madelaine. Et Madelaine tente de réveiller les habitants du hameau par son comportement et son tempérament qui refuse la soumission, Madelaine n’est que colère face à cette acceptation ancrée dans la nuit des temps, elle est celle qui donnera toute sa saveur au roman.

Dans ce magnifique quoique terrible récit d’une grande noirceur, er bien que très peu de renseignements sur l’époque soit précisée, Sandrine collette décortique la vie de ces paysans de l’ancien régime, elle introduit le lecteur dans leur quotidien effroyable qui amène à réaliser ce que fut vraiment cette vie misérable. Certaines descriptions de maladies qui se développent ou d’effets de la famine et des actions qui en découle sont difficile à supporter, et pourtant, telle fut la vie dans les campagnes. C’est sous cet angle que j’ai abordé ce roman.

On notera une allusion révoltante à l’Eglise et à sa façon de vouloir contenir le peuple, peuple qui se tait, fait magnifiquement traduit par l’absence de dialogue dans le récit.

Ce roman est un chef d’œuvre.

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