Les âmes féroces
Marie Vingtras
Ed de l'Olivier, 19/08/2024, 272 pages
Je n’avais pas conscience de me retrouver aux Etats-Unis en commençant la lecture de ce roman, mais le terme de « shérif » m’a interpellée. J’ai alors cherché d’autres indices me permettant de vraiment réaliser que l’histoire se déroulait à Mercy, une petite ville de quatre mille âmes du continent américain, la lecture m’y a aidée.
Dans cette petite ville donc, il
ne semble, d’après les déclarations de notre shérif, il ne se passe rien. La population
semble bien vivre en bonne entente, le calme être de mise. Mais méfions-nous de
l’eau qui dort ! Un cadavre est découvert, celui d’une jeune fille, Léo,
que tous connaissaient, la gangrène s’installe, ce meurtre sera l’occasion
d’approfondir les connaissances de cette population.
Comme le précise l’autrice, il
ne s’agit pas d’un roman policier, la mort ne sera que le prétexte pour s’immiscer
dans la vie des habitants. Maris Vingtras précise même que Léo aurait plus être
découverte à la fin, et constituer l’aboutissement du roman et la conséquence
des comportements. Elle nous invite à lire pour comprendre les faits. Comme
pour épauler le lecteur, elle livre un roman choral qu’elle divise en quatre
saisons attribuée à chacun des personnages.
Le printemps est attribué à
notre shérif et donnera au lecteur un avant-goût de roman policier : un
corps découvert, un shérif qui commence une enquête, mais la problématique est
autre : la policière est lesbienne et laisse entendre une certaine
intolérance de la part de quelques âmes peu tolérantes, prête à galvaniser la
population par quelque action propre à nuire à sa future réélection en tant que
shérif. Tout en menant ses investigations, elle raconte son histoire, celle de
sa famille, celle de Mercy, introduit les personnages qui prendront la parole
lors des saisons suivantes, ce qui permet de les situer.
Puis vient le témoignage du
personnage suivant : le professeur de lettres, dont la présence dans cette
région isolée pose question, un homme cultivé, à même d’écrire des romans qui
pouvait faire preuve de plus d’ambition, mais le shérif a déjà posé des
balises, et le récit de cet homme sera digne d’intérêt.
A l’automne, correspond le
récit d’Emmy, meilleure amie de Léo, le style change, la façon de s’exprimer n’est
plus la même, Elle fera référence aux agissements du professeur et expliquera
certains points obscurs qui mettront le lecteur sur la voie, sans toutefois
amener de dénouement.
Et vient l’hiver et les
déclarations de Seth, père de Léo dans un passage intéressant dans lequel il
apporte un point de vue sur ce qui a été affirmé lors des précédentes saisons.
Alors ? que déduire de
ces témoignages ? que cette petite ville ou rien ne se passe n’est pas une
enclave paisible en Amérique, la criminalité y existe, le petit bled sympa où
chacun évolue en bonne entente deviendra rapidement un panier de crabes.
Bravo à l’Autrice pour avoir
su user de parcimonie pour semer les petits cailloux (cf déclaration de Marie
Vingtras) qui permettent de connaître la face cachée de cet endroit apparemment
sans histoire.
Mercy signifie miséricorde, et
c’est bien le dernier endroit où l’on penserait voir évoluer des âmes féroces !
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