Les vallées closes
Mickaël Brun-Arnaud
Ed Robert Laffont, 19/01/23, 288 pages
Je referme ce livre en ayant
bien des difficultés à voir germer un avis, alors je vais coucher des phrases
sur le papier, sans doute finira-t-il par s’exprimer, ce ressenti mystérieux.
Dans mon esprit, se dessinent
des personnages : Claude, dite Claudio par son défunt père, qui cache son
fils, Paul-Marie dans son grenier parce que celui-ci est accusé de viol sur un
enfant handicapé mental. Il n’est apparemment pas poursuivi par la justice et
il s’agit là, du tribunal populaire d’une petite ville où tout le monde semble
se connaître, alors qu’aucune enquête n’a établi la culpabilité du fugitif. Il
s’agit donc de se placer en observateur et non pas en témoin lorsque l’on tient
une telle histoire en main.
Et on découvre peu à peu, les
protagonistes : les parents de Paul-Marie, un père dur et irresponsable
qui fait subir à son fils, de mauvais traitements, un frère qui essaie de protéger
son cadet, une mère qui se tait, impuissante, le terreau est prêt pour voir
croitre un individu déviant.
La famille des parents :
des enfants, puis adolescents plus intéressés par la fête et la drague que par
les études, qui ressortent les expressions apprises de leur parents, éduqués comme
des herbes que l’on laisse pousser sur le chemin.
Les voisins, les habitants de
la ville : on ne lâche rien, on crie haut et fort son intolérance, on tire
d’abord, on réfléchit ensuite, la psychologie, on ne connaît pas ! Bien
triste société, on ne peut pas être homo, on doit rentrer dans les cases.
Le lecteur oscille donc entre
pitié pour ce reclus, haine pour ces sauvages prêts à installer l’échafaud en
place publique, à jouer les vandales par refus de la différence et parce que l’on
tient pour certaine, la culpabilité du monstre.
Je pense pouvoir dire à
présent que ce que j’ai ressenti, c’est une certaine révolte contre la rumeur,
le commérage, la bêtise humaine quand elle s’exprime.
J’ai apprécié ce roman, avec un
bémol : n’y cherchons pas de poésie ni de finesse, c’est plutôt au-dessous
de la ceinture que se situent la majorité des propos de l’auteur qui soulève un
problème de société qui peut demander réflexion.
On y trouvera des scènes
émouvantes, des événements difficiles à supporter parce que révoltants ainsi que
des passages bien glauques.
Je ne regrette pas cette
lecture, et je penserai certainement longtemps à ce récit marquant.
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