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lundi 7 août 2017


L'apothicaire


Henri Loevenbruck
ed Flammarion, livre de poche



    Où l’on fait connaissance d’un personnage érudit, athée, original, attachant  et qui semble bien avoir plus d’un tour dans son sac ! Andréas St Loup, apothicaire de son état, se retrouve malgré lui, au centre d’une grosse machination, écartelé entre les frères Marigny (le chambellan et ministre de Philippe IV le Bel et l' évêque de Sens, Guillaume de Nogaret, le conseiller du roi, et Guillaume Humbert, l’inquisiteur général du royaume de France, bien tristement célèbre. 

Avec son apprenti, Robin, et Magdala, dite « la Ponante », prostituée au grand cœur, ils formeront une équipe de choc pour fuir vers le sud, sauver leur peau et résoudre une énigme bien mystérieuse : retrouver les traces d’un personnage qui a disparu des mémoires et ce,  malgré l’ordonnance du roi invitant tout le royaume à mettre fin à leurs déambulations.

Andréas et son  équipée sont donc poursuivis, et en tant que lectrice, j’aime particulièrement les personnages en fuite qui sont à l’origine de récits en général très intéressants et plein de suspens. 

Dans ce roman, Andréas est doublement poursuivi : il tente constamment de distancer l’inquisiteur, mais il se retrouve également poursuivi par deux mystérieux chevaliers, style chevaliers de l’apocalypse,  dont on percera le mystère dans une bonne deuxième moitié de l’histoire.

A la même époque, Aalis, fille de drapier de Bézier, après quelques « ennuis » avec sa famille et le prévot de Bézier décide de fuir cette ville pour se rendre à Bayonne, bien que cela ne soit pas aisé lorsqu’on se sait poursuivi par les autorités et que le gibet vous attend en cas d’échec.

L’histoire, rapporté par quelque narrateur qui met le lecteur dans la confidence, est fort plaisante à lire : passé la surprise des premières pages et une fois attaché au personnage d’Andréas, les tournures de phrases d’un intellectuel qui aime à manier le verbe, de préférence dans un style rappelant l’époque médiévale n’importuneront aucunement le lecteur, bien au contraire ! On y jouit du contraste provoqué par les différents registres de langue employés par chacun : Magdala et son langage des rues qui tranche avec le discours d’Andréas, ce même discours d’autant plus épicé que le pauvre robin a encore tout à apprendre, de l’apothicaire comme de la prostituée.

Le roman m’a apporté une nouvelle somme de connaissances sur cette passionnante société médiévale dont je connais quelques aspects mais au sujet de laquelle il y a toujours à apprendre.
Découvrir que l’homme était alors en perpétuelle recherche de progrès, même si les croyances de cette société avaient la vie dure et qu’un Andréas St Loup risquait fort de passer rapidement pour hérétique en critiquant, voire en rejetant certaines idées bien ancrées comme s’opposer déjà à cette époque, aux saignées, parler d’hypothétiques organismes invisibles parce que minuscules, à l’origine de bien des maladies, avancer que les lentilles permettraient un jour bien des progrès… St loup met bien en évidence tout ce savoir que l’on ne possède pas encore en 1300.  

On apprend encore bien des pratiques et des techniques à la lecture de ce récit : le travail des drapiers, la construction des murs, la fabrication de la dynamite, les astuces des templiers pour ouvrir des passages secrets dans les commanderies, les mœurs des loups, les effets des plantes… ma liste n’est pas exhaustive et cet apport de connaissance fait une grande partie de l’intérêt de ce roman, même si là n’est pas ce qui fait battre le cœur de ce pavé, non, ce qui fait de ce livre un refuge pour le lecteur, c’est sans aucun doute un suspens parfois intenable qui vous transforme en grosse paresseuse qui ne pense qu’à lire parce qu’on a envie de savoir, c’est le deuxième livre d’Henri Loevenbruck  que je dévore, le premier m’avait fait exactement le même effet, ce genre de livre qui vous habite jour et nuit tant que vous n’êtes pas arrivé à la fin et qui continue à vous hanter ensuite pour laisser très longtemps un souvenir impérissable.


Si vous aimez l’histoire, particulièrement le moyen-âge tardif, si vous raffolez le suspense à outrance,  si vous appréciez  un soupçon d’ésotérisme, ce livre est pour vous !!!! j’ai beaucoup aimé tous les romans que j’ai lu depuis le début de l’été, mais celui-ci détient la palme des coups de cœur pour l’année.  

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