Conque
Perrine Tripier,
Ed Gallimard, 22/08/2024, 208 pages
Perrine Tripier nous offre avec ce roman, un conte que l’on
ne peut qualifier de merveilleux que grâce à une écriture faisant une large
place aux descriptions posant un décor de rêve. On oubliera également l’aspect intemporel du
conte, les personnages principaux étant ancrés dans notre époque si l’on se fie
aux indices matériels que l’on rencontre ici et là au fil de l’histoire, et le
groupe humain qui fait l’objet des recherches archéologique se situant dans un
passé relativement lointain (plusieurs milliers d’années), si l’on prend en
compte le titre lié à la présence de conques, instruments de musique anciens
comptant parmi les premiers instruments à vent.
Ce qui peut paraître extraordinaire dans ce récit, c’est la
mise en présence d’une historienne spécialiste des peuples de la mer qui évolue
avec son temps, dans une société moderne, et d’un empereur que mon esprit a
rapidement transformé en une espèce de Viking à la longue chevelure rouge, un
géant despote auquel chacun est soumis et nul ne résiste, mégalomane qui cherche
une identité, qui montre une volonté de créer cette identité afin d’asseoir son
autorité.
Et c’est sur un chantier où l’on entreprend des fouilles que
Martabée l’historienne se verra embauchée voire achetée afin d’officialiser et
de confirmer l’existence des Morgondes, fier peuple de la mer, maîtres des
océans et des créatures évoluant dans ce milieu. Et l’on progresse avec l’historienne,
au gré d’une histoire fabuleuse, l’histoire d’un peuple puissant et ingénieux,
jusqu’à ce que des découvertes gênantes surviennent et montrent que parfois, on
réécrit l’histoire, on occulte la réalité. Le roman nous ramène alors à l’histoire
de l’humanité et son cortège de faits que l’on s’arrange pour faire tomber dans
l’oubli.
Par certains côtés, le récit rappelle l’ancien régime et la
façon dont un peuple peut être abreuvé de taxes en tous genres, on pouvait donc
penser à un soulèvement. Mais l’empereur est tout puissant ce qui nous réserve
une surprise finale.
Notre héroïne tardera à montrer son ressenti, se vautrant
dans le luxe, s’exprimant peu, fuyante, ce qui ne la rend pas très sympathique
bien qu’elle fasse preuve de courage et l’humanité dans le dernier quart du
roman.
L’écriture de l’autrice, j’ai pu l’apprécier lorsqu’il s’agissait
d’une demeure dans son premier roman, les guerres précieuses, et cette
écrivaine m’a beaucoup amusée lorsqu’à une rencontre des 68 premières fois,
elle a affirmé apprendre à ses élèves, comment saupoudrer le texte d’adjectifs
qualificatifs. Toutefois, je pense que trop de description tue la description
et a provoqué chez moi une overdose d’adjectifs. J’ai trouvé que ce « saupoudrage »
avait pour effet de diluer le texte, allonger une lecture et faire taire les sensations
qu’auraient dû générer les découvertes sur le site archéologique. Les seuls passages
dans lesquels les adjectifs étaient nécessaires étaient sans doute ceux qui
mettaient en relief le luxe et l’opulence du souverain.
Je ne regrette pas cette lecture, mais je reste sur ma faim face à ce
récit au relief que je juge insuffisant et qui n’a pas vraiment émue.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire