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vendredi 3 janvier 2025

 Le nid du coucou

 











Camilla Lackberg

Ed Actes Sud, 5/06/2024, 432 pages


Serait-ce le bouquet final que nous offre Camilla Lackberg avec ce roman qui vous fait passer par tous les états ? Le genre de roman que j’adore et la première pépite de l’année, je suis vraiment très fan de ces enquêtes complexes qui demandent du temps certes, mais aussi du renfort en enquêteurs, qui offrent de beaux et stupéfiants rebondissements. Les chapitres en alternance dans l’enquête présente sont au service du suspense, mais pas uniquement. Ils décrivent des situations qui s’appliquent à nombres de personnages : situations de famille difficiles, présentations d’individus dans le passé, personnage dont on ne comprend pas le lien avec l’affaire en cours, recherche des enquêteurs sur des aspects différents de l’intrigue pour contribuer aux investigations, meurtres multiples, crimes odieux, mystères épais qui font patauger nos enquêteurs, on ne s’ennuie pas, on n’a même plus envie de lâcher la lecture.

Et quid d’Erica Falk et Patrick Hedström ? Ils poursuivent leur histoire désormais familiale, et ce depuis quelques tomes maintenant, contre vents et marées, avec la furieuse envie de protéger leur famille, réaction normale face à la violence qui semble bien faire partie de leur quotidien.

C’est dans la vie d’une famille très « comme il faut » que nous introduit Camilla Lackberg, elle nous amène ensuite à « gratter le vernis » pour découvrir la vengeance, la haine, la jalousie, les règlements de compte que peuvent générer les lourds secrets de famille.

J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman, n’ayant pas lu tous les romans de la série, je pense bien continuer à les découvrir sans m’attacher à la chronologie et à l’évolution dans la relation des protagonistes qui à mon avis, est secondaire.

 

 

Les nuits de Reykjavik





Arnaldur Indridason

Ed le point, 7/01/2016, 360 pages


Je ne me souvenais pas avoir lu des romans d’Arnaldur Indridason, et, découvrant ce roman je me suis dit que je trouvais l’enquêteur, Erlendur de son prénom, bien taciturne, comme l’eau qui dort, ne montrant pas ses émotions, ne partageant les goûts de ses collègues ni pour la nourriture, ni pour la boisson qu’il consomme dans des dés à coudre, pas d’énervement, pas de précipitation si ce n’est une course poursuite dans la deuxième moitié du roman. Bon, heureusement, il enfreint un peu les règles, son enquête non officielle, il la mène à ses heures perdues. Mais cet Erlendur là, je l’avais déjà croisé, et j’ai redécouvert une de mes critiques, un billet écrit il y a un certain temps sur le titre : Hypothermie. Mon ressenti de l’époque ne m’a pas surprise : je déplorais déjà le côté taciturne du bonhomme.

Je sors donc mitigée de ce roman, une enquête banale si je prends en compte tous les policiers que j’ai lus, une lecture qui peut s’avérer difficile si l’on veut s’acharner à lire les noms propres islandais. Ce qui m’a permis d’accrocher à cette lecture, c’est tout de même l’entêtement et la persévérance du policier.

Par ailleurs, ce récit aurait été certainement plus digeste s’il comportait plus d’éléments de la culture islandaise, plus de descriptions de lieux et de paysages que le caisson d’un pipe-line.

Il faut sans doute comprendre que ce roman policier n’est que le cadre pour décrire la condition des oubliés de la société. Le terme de « clochard » employé tout au long du roman m’a souvent choquée : est-ce un problème de traduction ou la langue islandaise ne possède-t-elle pas d’autres noms pour désigner ces personnes ?

Lecture parfois longue, sans beaucoup de rebondissements à part quelques indices ici et là, je n’ai pas passé de mauvais moments, toutefois je ne lirai un roman de cet auteur que si l’on me conseille un titre qui déménage un peu plus.

 

Tous les hommes n’habitent pas le monde de 

la même façon





 







Jean-Paul Dubois,

Ed de l'olivier, Point, 14/08/2019, 256 pages


Il a, à sa façon, habité deux ou trois endroits en ce monde, il se place en personnage principal et observateur de son entourage, il ne se contente pas de décrire, il ajoute à son récit, des commentaires tantôt amusants, tantôt croustillants, tantôt pathétiques voire macabres, c’est ce qui fait de ce roman, un écrit passionnant, et c’est dès les premières pages que je me suis attachée à ce personnage qui au moment de son récit, est incarcéré dans une prison canadienne, dans des conditions qu’il semble supporter tant bien que mal, ce qui fait de Paul Hansen, notre héros, un personnage qui possède de grandes qualités : sensibilité, capacité d’analyse et d’observation des individus qu’il côtoie, patience avec son compagnon de cellule, Horton, individu très peu réfléchi et  potentiellement violent.

J’ai aimé ce récit racontant non pas une vie, mais plusieurs vies : celle de son père, pasteur protestant parfois excentrique, parfois rigide, celle de sa mère, au tempérament diamétralement opposé à celui de son mari, histoire d’une française venue chercher l’amour en Norvège, ce que notre héros ne s’explique pas. On n’oubliera pas de raconter sa femme, issue de l’ethnie algonquine, et sa propre vie sur une route qu’il aurait voulue sinueuse, et toutefois semée d’ornière et de pentes glissantes.

Le personnage principal, et par comparaison, les personnages touchants, humains, fantaisistes ou névrosés qui gravitent autour, l’humour fin omniprésent tout au long du livre, une écriture qui chante, des tournures recherchées, un peu de suspens qui pousse le lecteur à comprendre son parcours et pourquoi il se retrouve en prison, font de ce livre une pépite qui méritait amplement de remporter un prix Goncourt.