Perséphone
Benjamin Carteret
Ed Charleston, 20/03/2024, 624 pages
Je viens de terminer un très, très, très, très gros coup de
cœur ! je sors de cette lecture, la tête dans l’olympe, sous le charme des
Dieux (certains, pas tous), et ma tête regorge de culture mythologique.
J’ai eu la chance de rencontrer l’auteur, Benjamin Carteret,
un jeune écrivain qui nous promet de très belles heures de lecture s’il
poursuit en ce sens ! La table ronde à laquelle j’avais assisté m’avait
déjà mise en appétit face à ce roman que je n’avais pas encore ouvert. C’est un
premier roman qui révèle le caractère titanesque du travail de l'auteur.
Dès les premières pages, j’ai senti que j’allais passer de
confortables moments de lecture, retrouvant l’ambiance de Circé, d’amour et
Psyché et autres récits où mortels et Dieux mêlent leurs vies où le récit fait
la part belle au fantastique, un fantastique de toute beauté, fait de fleurs et
de feu, de foudre et de magie. Baigné dans le divin, on ne sera pas surpris des
querelles intestines de nos Dieux engendrés par la jalousie d’Héra, la
fourberie d’Hermès, la toute-puissance de Zeus.
Pour entrer dans l’histoire, il vous faudra vous rappeler la
genèse du monde bien qu’elle soit rappelée à travers les paroles des
divinités : au commencement, était Chaos qui donna naissance à l’Erèbe
(obscurité) et Nyx (la nuit), Chaos à qui succèderont Gaïa (Terre) et Ouranos
(Ciel), Chronos, né de l’union de Ciel et Terre, qui trancha le sexe d’Ouranos
pour libérer Gaïa.
Sans ces divinités, pas de Déméter, pas de Perséphone, pas
d’Hadès, Divinités de Terre, opposées aux divinités du ciel sur lequel règne
Zeus qui interdit la langue de Terre, officialise la langue du Ciel et assure
la domination du ciel sur toutes choses.
Puis l’on s’attache à deux êtres divins : Déméter, fille
de Chronos et Rhéa, et sa fille Korê, future Perséphone, dans leur travail en lien
étroit avec Gaïa, dans leur révolte contre la domination de Zeus, dans leur
errance. Suivre l’évolution de Korê/Perséphone est un plaisir de chaque instant,
on y verra le travail, la volonté, le féminisme avant l’heure, la rébellion
d’une immortelle qui ne manque ni d’intelligence, ni de personnalité.
J’ai eu, par moment l’impression d’assister au débat de nos
politiques : intrigues, jalousie, coups bas, manigances, criminalité, ces
Dieux ne sont pas des être d’amour et de miséricorde, et bien que les fleurs poussent
sous les pas de la déesse du printemps, on n’est pas au pays des bisounours,
d’autant plus qu’une grande partie du roman se passe dans l’Hadès. Certains
passages sont grandioses et fascinants.
Concernant la mythologie, j’ai été comblée par les
connaissances mythologiques dispensées dans cet écrit : jamais je n’avais
lu autant de détails sur les enfers et leurs différents territoires, sur le
parcours des âmes, sur les êtres qui habitent ces terres. Je ne connaissais pas
non plus certaines créatures rencontrées dans le roman, j’ai d’ailleurs
photocopié la cosmogonie d’Hésiode que j’ai consultée à maintes reprises pour
situer les personnages et comprendre la généalogie des Dieux. Je vous conseille
de faire de même.
Un dernier petit mot sur un aspect du livre cher à Benjamin
Carteret et que l’on retrouve tout au long du livre : le miracle de
la parole performative qui sied si bien aux divinités et leur confère la
toute-puissance, le fait qu’une action, qu’un fait se réalise du fait même de
son énonciation. Cela donne aux héros un pouvoir immense que l’on ressent
aisément.
Si vous aimez la mythologie, ne passez pas à côté de ce livre
qui est une merveille. Merci à Benjamin Carteret de nous régaler de la sorte.
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