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dimanche 13 décembre 2020

 Nickel Boys











Colson Whitehead

Ed Albin Michel - Audiolib



L’avenir semblait se tracer pour lui sans difficultés sur une route porteuse d’espoir, un garçon doué pour les études, à l’écoute des messages de paix de Martin Luther- King... 

Sa seule erreur : être noir dans l’Amérique des années soixante, plus particulièrement en Floride, où, bien que des lois aient été votées, que la ségrégation soit abolie, que les noirs étaient désormais sensés être considérés comme des américains à part entière, les mentalités évoluaient difficilement. 

Elwood se retrouve donc au mauvais endroit, au mauvais moment, et alors que la porte de l’université lui était grande ouverte, avec une promesse de belles études, c’est à la Nickel académie qu’il échoue, institut qui redresse les mauvais garçons, qui maltraite, affame, bat, tue... institut où au prix d’efforts surhumain, on peut progresser dans les échelons de la discipline pour espérer sortir de cet enfer. Et Elwood se souvient...

... Son passage à la maison blanche, lieu éloigné de l’établissement où l’on recevait les sanctions, la mauvaise nourriture donnée aux noirs, les promesses d’une liberté impossible à obtenir, les règlements de compte dont il ne fallait surtout pas se mêler, le symbolique match de boxe que les blancs devaient enfin remporter et à travers lequel l’auteur montre que cet institut était le reflet de ce qui se passait aux Etats-Unis à cette époque (et bien des années après !) , la pseudo liberté qui permettait de sortir pour aller travailler pour les blancs à moindre coût, les efforts désespérés de sa grand-mère pour le sortir de là... Un récit où la notion de temps semble de pas exister, ou les situations s’éternisent et empêchent de voir le bout du tunnel.

Un roman d’autant plus perturbant qu’il est fondé sur un fait réel : la Dozier School for boys en Floride sur le terrain de laquelle on découvrit dans les années 2010, un cimetière clandestin ou furent enterrés plusieurs dizaines d’élèves.


Un récit d’autant plus poignant qu’il est documenté, l’injustice envers l’être humain suintant à chaque page tournée, faisant de cet institut un véritable camp de concentration ou les noirs subissaient les châtiments de la part d’adultes revêtant leur cagoule le soir pour rejoindre les rangs du tristement célèbre Ku Klux Klan.


Des romans sur ce problème racial aux Etats-Unis, j’en ai lu quelques-uns, tous assez révoltants et mémorables, mais celui-ci est marquant et inoubliable.


Merci à Colson Whitehead pour ce récit si bien écrit qui mérite amplement son prix Pulitzer.

 

 

 


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