Dans le ventre du Congo
Blaise Ndala
Ed Seuil
Blaise Ndala offre bien plus qu’un roman à
travers cet écrit très dense, certes, mais d’une grande richesse :
Histoire d’un Congo où de grands rois guerriers se succédèrent, obéissant à un
protocole et à des règles émanant des Dieux et de la Nature, histoire du
partage de ces terres, avec l’homme blanc responsable de la ségrégation dans
les villes du pays, histoire du colonialisme, plus particulièrement de la
colonisation du Congo.
Deux héroïnes, une foule de personnages,
un méli-mélo parfois très casse-tête d’histoires, de parcours de personnages
qui apparaissent, disparaissent pour réapparaître alors que l’on avait
oublié leur identité et leur nom, des bons, des moins bons, des êtres
respectueux d’autrui quelle que soit la couleur de peau, des individus qui
n’aiment du Congo, que l’ivoire et le bois, des épisodes de sorcellerie, des
prophéties, une fuite pour échapper à ces prédictions, qui se transforme ni
plus ni moins en enlèvement, le tout sur un délicieux fond de rumba avec
quelques discours et témoignages où un humour très fin transparaît pour le
plaisir du lecteur.
Tout commence par une ébullition politique
à Bruxelles, alors que se prépare l’Exposition universelle de 1958, Que l’on
érige l’Atomium, et qu’il faut à tout prix présenter au public, un village
congolais avec de vrais Congolais dont la princesse Tshala, fille du roi des
Bakuba dont on perdra la trace.
Quelques années après, nous sommes en
2004, la nièce de Tshala arrive à Bruxelles et se met en recherche : elle
promet à son grand-père de retrouver la trace de la princesse.
Deux itinéraires donc : d’abord celui
de la princesse que l’on découvre dans la première partie, suivi de celui de la
Nièce, Nyota qui ne cessera de louvoyer et de se battre pour comprendre ce
qu’est devenu sa tante et retrouver les personnes qu'elle avait côtoyées.
Un écrit difficile à lire : beaucoup
de personnage dont les noms aux consonnances congolaises sont souvent
difficiles à retenir, parfois des individus qui surgissent d’on se sait où,
car il est facile de perdre des informations importantes dans les méandres de
ce récit.
Je dois avouer que j’ai parfois éprouvé
des difficultés pour suivre le fil de cette histoire qui m’était étrangère
parce qu’appartenant à une autre culture, mais je me suis accrochée par amour
de la langue française : aucun doute, l’auteur manie la langue de Molière de
façon tout à fait délicieuse, empruntant dans chaque partie, le style qui
convient, ainsi l’on ressent l’agitation politique lors de la préparation de
l’Exposition universelle, on se sent tout petit au récit de l’épopée des
ancêtres de la princesse, on imagine parfaitement les personnages qui
discourent qu’ils soient musicien virtuose de la rumba ou pygmée dans
l’exposition.
Bien au-delà des mots, Blaise Ndala a su
partager son ressenti avec le lecteur, brisant la monotonie d’un récit qui
aurait été trop long sans ces prouesses littéraires.
Je remercie Les éditions Seuil et Babélio
pour ce partenariat
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