Pages

samedi 26 décembre 2020

 

Dans le ventre du Congo











Blaise Ndala

Ed Seuil


Blaise Ndala offre bien plus qu’un roman à travers cet écrit très dense, certes, mais d’une grande richesse : Histoire d’un Congo où de grands rois guerriers se succédèrent, obéissant à un protocole et à des règles émanant des Dieux et de la Nature, histoire du partage de ces terres, avec l’homme blanc responsable de la ségrégation dans les villes du pays, histoire du colonialisme, plus particulièrement de la colonisation du Congo.

 

Deux héroïnes, une foule de personnages, un méli-mélo parfois très casse-tête d’histoires, de parcours de personnages qui apparaissent, disparaissent pour réapparaître alors que l’on avait oublié leur identité et leur nom, des bons, des moins bons, des êtres respectueux d’autrui quelle que soit la couleur de peau, des individus qui n’aiment du Congo, que l’ivoire et le bois, des épisodes de sorcellerie, des prophéties, une fuite pour échapper à ces prédictions, qui se transforme ni plus ni moins en enlèvement, le tout sur un délicieux fond de rumba avec quelques discours et témoignages où un humour très fin transparaît pour le plaisir du lecteur.

 

Tout commence par une ébullition politique à Bruxelles, alors que se prépare l’Exposition universelle de 1958, Que l’on érige l’Atomium, et qu’il faut à tout prix présenter au public, un village congolais avec de vrais Congolais dont la princesse Tshala, fille du roi des Bakuba dont on perdra la trace.

 

Quelques années après, nous sommes en 2004, la nièce de Tshala arrive à Bruxelles et se met en recherche : elle promet à son grand-père de retrouver la trace de la princesse.

 

Deux itinéraires donc : d’abord celui de la princesse que l’on découvre dans la première partie, suivi de celui de la Nièce, Nyota qui ne cessera de louvoyer et de se battre pour comprendre ce qu’est devenu sa tante et retrouver les personnes qu'elle avait côtoyées.

 

Un écrit difficile à lire : beaucoup de personnage dont les noms aux consonnances congolaises sont souvent difficiles à retenir, parfois des individus qui surgissent d’on se sait où, car il est facile de perdre des informations importantes dans les méandres de ce récit.

 

Je dois avouer que j’ai parfois éprouvé des difficultés pour suivre le fil de cette histoire qui m’était étrangère parce qu’appartenant à une autre culture, mais je me suis accrochée par amour de la langue française : aucun doute, l’auteur manie la langue de Molière de façon tout à fait délicieuse, empruntant dans chaque partie, le style qui convient, ainsi l’on ressent l’agitation politique lors de la préparation de l’Exposition universelle, on se sent tout petit au récit de l’épopée des ancêtres de la princesse, on imagine parfaitement les personnages qui discourent qu’ils soient musicien virtuose de la rumba ou pygmée dans l’exposition. 

 

Bien au-delà des mots, Blaise Ndala a su partager son ressenti avec le lecteur, brisant la monotonie d’un récit qui aurait été trop long sans ces prouesses littéraires.

 

Je remercie Les éditions Seuil et Babélio pour ce partenariat

 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire