Pages

jeudi 16 juillet 2020


Un loup quelque part


Amélie Cordonnier
Ed Flammarion



Drôle de roman, qui mérite la palme de l’originalité quant au sujet traité. Une lecture bien surprenante dès le départ. Ne connaissant rien au sujet d’enfants métis qui naissent blancs et qui sont susceptible de foncer voire devenir noirs, je me suis empressée d’aller vérifier si ce phénomène était possible et courant. 
J’ai alors pu constater que l’auteure était bien documentée sur la question. Pour exposer le problème, elle présente une femme que l’on peut qualifier de femme Lambda puisqu’elle n’est pas nommée contrairement à ses enfants et son mari ou tout autre personnage rencontrés au court du récit. Femme Lambda qui pourrait être vous mesdames, ou moi…Femme Lambda qui doit soudainement admettre une situation peu banale, et on n’en doutera pas, plus que contrariante : son bébé de cinq mois va pigmenter jusqu’à devenir noir, ce qui mène notre héroïne à une véritable révolution intérieure jusqu’à en devenir folle de rage, de désespoir, qui va se livrer à des actes de maltraitance malgré elle sur cet enfant, prête à rompre avec son entourage. Et ce bébé cache un autre secret de famille, un fait tout aussi grave que je tairais.



Tout au long de ce livre, je me suis sentie à la fois révoltée par ce coup du sort que subit cette femme, révoltée également par son comportement, agacée parfois par son refus d' accepter les faits, par ses délires, par les idées saugrenue qui germent dans son esprit même si on comprend que  l'inconscient ne trie pas les idées et ne s’embarrasse pas de la notion de délire pour dicter les actes d'un individu. 


Puis j’ai compris…ce roman est une description du travail de deuil : deuil d’un enfant qui sort de la destinée qu’on lui trace en tant que parent, deuil d’une vie tranquille si on imagine les écueils rencontrés au quotidien quand on est un couple blanc et qu’on élève un enfant de couleur, les questions, les regards, les contrariétés qui surgissent jour après jour, deuil de ce que l'on a jusqu'ici construit et que l'on voit s'effondrer comme un château de cartes.


On ne manquera pas de constater que l’éternelle question de l’instinct maternel se pose à nouveau. Existe-t-il réellement ? Il sera permis d’en douter en lisant ce roman, oui elle aime son fils, elle le montre dès le début, puis elle le rejette parce qu’elle ne se reconnaît pas dans cet enfant.



J’ai apprécié ce roman, toutefois, sans vraiment parler de monotonie, j’ai trouvé que l’histoire s’éternisait sur le problème de cette femme incapable de réagir, pour qui l’aide psychologique survient tard, qui ne reçoit aucune aide d’un mari absent, qui ne mesure pas l’étendue du problème et ne s’aperçoit pas de la relation que la mère entretient avec son enfant.

Un livre qui n'est pas exempt de  ce suspens qui pousse le lecteur et que je ne regrette pas d'avoir lu.





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire