J'ai oublié ma poésie
Alain Serres, Pef
Ed Rue du monde
Loin d’être un cancre, notre ami Charles qui avait mis tout son cœur et
toute son âme pour apprendre l’albatros de Charles Baudelaire, semble bien l'avoir oublié, peut-être parce que Monsieur Krocus, le maître, l’intimide,
peut-être parce que les enfants le dévisagent… Alors Charles va s’évader, s’enfuir
vers des contrées lointaines, porté par les mots, par ses mots. « J’étais le fier
capitaine de mon poème » affirme-t-il, et il perd pied, et il sort, quitte
cette ambiance de récitation pour donner naissance à sa poésie, affrontant l’ouragan
« Krocus » pour revenir et atterrir sous les applaudissements de la classe.
Cette pépite montre bien comment de sentiments, peut naître la poésie, comment
on peut s’envoler d’une prison en planant sur les mots. Cette histoire m’a
séduite parce j’y vois personnellement, un clin d’œil à Prévert et son
magnifique poème : « page d’écriture ». On y remarque le
contraste entre la vie quotidienne et ses obligations, école, récitation,
rigidité du maître présenté de façon comique avec de long bras pour mieux
dominer les enfants de son savoir, et l’environnement scolaire disparaît,
laissant place à des paysages de mer, des illustrations du ressenti de l’enfant
qui s'absente pour se percher sur les épaules de
Baudelaire, oubliant les oiseaux marins et fuyant une réalité quelque peu
embarrassante.
Une histoire qui montre combien nous avons besoin de poésie dans cette vie
qui parfois nous malmène et nous rappelle sans cesse nos obligations. Une belle
façon d’amener les enfants à jouer avec les mots.
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