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samedi 3 septembre 2016

La couleur pourpre


Alice Walker
Ed Robert Laffont.

  Je referme ce beau roman épistolaire que j’ai volontairement fait durer afin de prolonger ce moment de lecture inoubliable, et c’est à regret que je quitte la compagnie de tous ces gens, attachants ou non qui construisent cette histoire par leurs actions, leurs allées et venues, leurs déconvenues et leurs réussites.

Nous sommes dans les années 30, Celie, se confie au bon Dieu et raconte sa vie, les violences qu’elle subit, et en femme noire soumise, se montre très passive face à l’attitude des hommes  car n’ayant pas connu autre chose, ses propos en début de roman montrent qu’elle trouve normal d’être battue. Mariée de force à un homme qu’elle appellera « Monsieur », elle rencontre durant sa vie, d’autres femmes qui lui apporteront l’espoir d’une vie meilleure, la possibilité de s’affirmer et de mener sa vie comme elle l’entend. Trois de ces femmes jouent un rôle déterminant dans la vie de Célie :  Shug, chanteuse, femme libérée grâce à qui Celie, qui n’est aucunement attirée par les hommes, découvrira l’Amour, Sofia,  belle fille de « Monsieur », un personnage que j’ai particulièrement apprécié, franche, et non disposée à se laisser marcher sur les pieds par qui que ce soit, et que son tempérament fougueux conduira injustement en prison, puis au service de « blancs » qu’elle déteste. Et enfin Nettie, sœur de Celie,  qui par ses lettres d’Afrique feront pencher la balance du bon côté pour que Celie trouve un équilibre entre ces femmes libérées au comportement parfois très excentrique (nous sommes en 1930 !) et sa sœur missionnaire, vouée au service d’autrui.

Et l’on assiste à  l’épanouissement progressif de Celie : elle se découvre des qualités : elle sait coudre et confectionner des vêtements, elle se montre capable d’avoir ses propres idées et de les défendre, elle améliore sa façon de parler, c’est sans doute une des raisons qui m’ont fait refermer ce livre avec réticence parce que j’imagine qu’elle pouvait encore évoluer et j’aurais trouvé cela intéressant !

Les lettres de Nettie, installée en Afrique, dans un pays non précisé et devenue missionnaire près d’ un peuple probablement fictif, fournissent des renseignements intéressants sur l’exploitation menée par les industries qui, ne se sont pas contentées d’employer une main d’œuvre bon marché, mais qui ont osé chasser les gens de leurs villages, les parquant dans des lieux d’habitation ne correspondant pas à leur milieu de vie, l’habitat en Afrique étant alors souvent conditionné par des pratiques religieuses et des rites.

En 1930, L’esclavage a été aboli, certes, mais n’a supprimé ni la ségrégation, ni le racisme, ni le machisme, ni la violence qui en découle, La couleur pourpre en témoigne. 

Je n’oublierai pas ce roman et je vous le conseille !

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