La couleur pourpre
Alice Walker
Ed Robert Laffont.
Je referme ce beau roman épistolaire que j’ai volontairement
fait durer afin de prolonger ce moment de lecture inoubliable, et c’est à
regret que je quitte la compagnie de tous ces gens, attachants ou non qui
construisent cette histoire par leurs actions, leurs allées et venues, leurs
déconvenues et leurs réussites.
Nous sommes dans les années 30, Celie, se confie au bon Dieu
et raconte sa vie, les violences qu’elle subit, et en femme noire soumise, se
montre très passive face à l’attitude des hommes car n’ayant pas connu autre chose, ses propos
en début de roman montrent qu’elle trouve normal d’être battue. Mariée de force
à un homme qu’elle appellera « Monsieur », elle rencontre durant sa
vie, d’autres femmes qui lui apporteront l’espoir d’une vie meilleure, la
possibilité de s’affirmer et de mener sa vie comme elle l’entend. Trois de ces
femmes jouent un rôle déterminant dans la vie de Célie : Shug, chanteuse, femme libérée grâce à qui
Celie, qui n’est aucunement attirée par les hommes, découvrira l’Amour,
Sofia, belle fille de « Monsieur »,
un personnage que j’ai particulièrement apprécié, franche, et non disposée à se
laisser marcher sur les pieds par qui que ce soit, et que son tempérament
fougueux conduira injustement en prison, puis au service de « blancs »
qu’elle déteste. Et enfin Nettie, sœur de Celie, qui par ses lettres d’Afrique feront pencher
la balance du bon côté pour que Celie trouve un équilibre entre ces femmes libérées au comportement parfois très excentrique (nous sommes en 1930 !)
et sa sœur missionnaire, vouée au service d’autrui.
Et l’on assiste à l’épanouissement
progressif de Celie : elle se découvre des qualités : elle sait
coudre et confectionner des vêtements, elle se montre capable d’avoir ses
propres idées et de les défendre, elle améliore sa façon de parler, c’est sans
doute une des raisons qui m’ont fait refermer ce livre avec réticence parce que
j’imagine qu’elle pouvait encore évoluer et j’aurais trouvé cela intéressant !
Les lettres de Nettie, installée en Afrique, dans un pays
non précisé et devenue missionnaire près d’ un peuple probablement fictif, fournissent
des renseignements intéressants sur l’exploitation menée par les industries qui,
ne se sont pas contentées d’employer une main d’œuvre bon marché, mais qui ont
osé chasser les gens de leurs villages, les parquant dans des lieux d’habitation
ne correspondant pas à leur milieu de vie, l’habitat en Afrique étant alors
souvent conditionné par des pratiques religieuses et des rites.
En 1930, L’esclavage a été aboli, certes, mais n’a supprimé ni
la ségrégation, ni le racisme, ni le machisme, ni la violence qui en découle, La couleur
pourpre en témoigne.
Je n’oublierai pas ce roman et je vous le conseille !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire