La couleur des sentiments
Kathryn Stockett
Un siècle après la guerre de sécession, les conditions de
vie des noirs se sont certes améliorées aux Etats-Unis, mais étaient-ils, au XXème
siècle, dans les années 60, si
affranchis que cela ? la liberté de disposer de leur personne, ils
l’ont obtenue, mais la marge d’action reste alors bien faible et le respect
des droits des noirs en tant que
personnes n’est pas de mise. C’est le message que nous livre Kathryn Stockett dans ce formidable roman à trois voix ou se
livrent trois femmes qui communiquent leur ressenti de manière très
convaincante grâce à la plume d’une auteure de talent.
Qu’ont-elles de commun ces trois femmes ? un caractère
indépendant, une personnalité hors norme qui leur permet d’affronter
l’injustice, le mépris, la méchanceté, l’hypocrisie. Aibileen, la femme sage
qui aime les enfants et qui se soumet par obligation, Minny la bonne terrible
capable du meilleur comme du pire à l’égard de ses « patronnes, et skeeter, la résistante passive qui possède un regard
différent sur la condition noire.
L’intrigue, qui s’insinue avec beaucoup de finesse au cours de
l’histoire sous la forme d’ un récit de l’expérience d’Aibileen, celle de Minny, puis celle des autres bonnes
va devenir un brûlot qui couve un certain temps : c’est une magnifique
maitrise du suspense qui se manifeste sans brutalité (A part quelques
évènements qui surviennent chez les noirs comme chez les blancs) et qui monte
jusqu’à la fin. Les idées défendues par les uns et les autres sont clairement
exposées et laissent supposer les tensions futures.
Par contraste, le fait de voir se côtoyer noirs et blancs
met en évidence les travers ou les conditions des deux classes sociales :
ces dames de la haute, que font-elles de leur temps ? des ventes de
charité qui, précise Skeeter, servent à
envoyer de l’argent aux enfants en Afrique (et certainement pas pour faire le
bien autour de soi, encore moins
vis-à-vis des bonnes), les bonnes, elles s’affairent à tout ce qui peut faire
tourner une maison. Hilly Apparaît autant méchante et fourbe qu’Aibileen est franche
et juste, Miss Célia dépressive et maladroite ne peut rien sans Minny qui vraisemblablement va lui sauver la vie,
Miss Leefolt a bien autre chose à faire que de s’occuper de ses propres enfants
et laisse ce soin à Aibileen qui leur apporte tout ce dont ils ont besoin.
Le seul tout petit bémol que je me permettrais de
mentionner, c’est que je suis restée sur ma faim et que j’ai été surprise que
le roman soit terminé. Il m’est difficile d’en dire plus sans dévoiler la fin.
Ne passez pas à côté de ce chef d’œuvre si vous ne l’avez
pas lu !
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