Pachinko
Min Jin Lee
Ed Harper Collins poche, 12/01/2022, 640 pages
En son début, une humble
petite pension où sont hébergés les gens de passage, et les pêcheurs. Bien qu’il
ne commence pas par « Il était une fois », les premières lignes de ce
roman semblent nous inviter à lire un conte : « un vieux pêcheur et
sa femme… » Cette histoire commence
en Corée du Sud, mais à l’époque, la Corée n’était pas scindée en deux. Au tout
début, on observe la source, une toute petite source : le pêcheur et sa femme,
qui auront trois fils dont un seul, survivra, ce fils, Honnie, par l’intermédiaire
d’une « marieuse », est uni à Yangjin, le couple donnera Naissance à Sunja,
avec elle, la source devient ruisseau, rivière, puis fleuve : on voit
apparaître peu à peu un grand nombre de personnages qui font du conte une saga en
un énorme tome, dans lequel on avance avec plaisir.
L’histoire commence vers 1910,
année au cours de laquelle le Japon annexe la Corée. Nombre de Coréens pauvres
migrent vers l’empire du soleil levant, bien qu’ils y soient mal accueillis, exploités,
devant travailler pour des salaires de misère.
C’est dans ce contexte que
Sunja, tombe enceinte, refuse le mariage avec Koh Hansu, amant de quelques
semaines, marié et père de trois filles. Sunja sera marié à Isak, pasteur
protestant qui part tenter sa chance au Japon. C’est là que commence notre
Saga.
L’évolution des personnages
est très intéressante : en 1910, on marie les jeunes filles moyennant une
dot, l’affaire se règle entre les parents. Plus tard au japon, la femme ne peut
être l’égal de l’homme, toutefois elle acquiert très progressivement plus de
liberté. Il est intéressant d’observer le parcours de Sunja, femme travailleuse
volontaire et courageuse, qui se démène pour le bien-être des sien, mère
originelle et âme de la famille, elle traversera de lourdes épreuves, méritant
le qualificatif de « belle personne ». Sur son chemin on verra
évoluer sa famille sur quatre générations. Il est intéressant d’observer cette la
progression des personnages dans le temps, entre 1910 et 1980, les mentalités,
les moyens matériels, les situations professionnelles évolueront.
Les événements historiques ne
sont que survolés, c’est dommage, mais l’on comprend qu’aux yeux de l’autrice,
la place des personnages et leur devenir dans un contexte dont on se doute, est
prioritaire. Si Hiroshima et Nagasaki ne sont pas mentionnées, on en constate
aisément les effets à travers les épreuves subies par les protagonistes.
De nombreux sujets sont
abordés dans ce roman : racisme envers les coréens, seconde guerre
mondiale, division de la Corée, régime totalitaire au Japon, particulièrement
entre les années 1930 et 1940, culture coréenne…
Je suis heureuse d’avoir
appris tant de choses, d’avoir été invitée à comprendre les retombées d’événements
majeurs sur une population et d’aborder l’histoire d’un groupe humain que je ne
connais pas.