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dimanche 14 septembre 2025

 

Pachinko













Min Jin Lee

Ed Harper Collins poche, 12/01/2022, 640 pages


En son début, une humble petite pension où sont hébergés les gens de passage, et les pêcheurs. Bien qu’il ne commence pas par « Il était une fois », les premières lignes de ce roman semblent nous inviter à lire un conte : « un vieux pêcheur et sa femme… »  Cette histoire commence en Corée du Sud, mais à l’époque, la Corée n’était pas scindée en deux. Au tout début, on observe la source, une toute petite source : le pêcheur et sa femme, qui auront trois fils dont un seul, survivra, ce fils, Honnie, par l’intermédiaire d’une « marieuse », est uni à Yangjin, le couple donnera Naissance à Sunja, avec elle, la source devient ruisseau, rivière, puis fleuve : on voit apparaître peu à peu un grand nombre de personnages qui font du conte une saga en un énorme tome, dans lequel on avance  avec plaisir.

L’histoire commence vers 1910, année au cours de laquelle le Japon annexe la Corée. Nombre de Coréens pauvres migrent vers l’empire du soleil levant, bien qu’ils y soient mal accueillis, exploités, devant travailler pour des salaires de misère.

C’est dans ce contexte que Sunja, tombe enceinte, refuse le mariage avec Koh Hansu, amant de quelques semaines, marié et père de trois filles. Sunja sera marié à Isak, pasteur protestant qui part tenter sa chance au Japon. C’est là que commence notre Saga.

L’évolution des personnages est très intéressante : en 1910, on marie les jeunes filles moyennant une dot, l’affaire se règle entre les parents. Plus tard au japon, la femme ne peut être l’égal de l’homme, toutefois elle acquiert très progressivement plus de liberté. Il est intéressant d’observer le parcours de Sunja, femme travailleuse volontaire et courageuse, qui se démène pour le bien-être des sien, mère originelle et âme de la famille, elle traversera de lourdes épreuves, méritant le qualificatif de « belle personne ». Sur son chemin on verra évoluer sa famille sur quatre générations. Il est intéressant d’observer cette la progression des personnages dans le temps, entre 1910 et 1980, les mentalités, les moyens matériels, les situations professionnelles évolueront.

Les événements historiques ne sont que survolés, c’est dommage, mais l’on comprend qu’aux yeux de l’autrice, la place des personnages et leur devenir dans un contexte dont on se doute, est prioritaire. Si Hiroshima et Nagasaki ne sont pas mentionnées, on en constate aisément les effets à travers les épreuves subies par les protagonistes.

De nombreux sujets sont abordés dans ce roman : racisme envers les coréens, seconde guerre mondiale, division de la Corée, régime totalitaire au Japon, particulièrement entre les années 1930 et 1940, culture coréenne…

Je suis heureuse d’avoir appris tant de choses, d’avoir été invitée à comprendre les retombées d’événements majeurs sur une population et d’aborder l’histoire d’un groupe humain que je ne connais pas.

 

A retardement












Franck Thilliez

Ed Fleuve noir, 2/05/2025, 456 pages


Quelle joie de retrouver l’ami Franck Sharko et ses partenaires, cela fait quelques années maintenant que nous nous donnons rendez-vous pour de nouvelles aventures, mais c’est à présent bien plus qu’une enquête mouvementée. Depuis toutes ces années, j’ai l’impression d’avoir pénétré l’intimité de l’équipe la plus performante du 36, mais également la plus sensible, la plus unie pour le meilleur et pour le pire.

On n’oublie pas les épreuves endurées par Lucie Hennebelle, par Franck à ses débuts, alors que ce couple mythique n’était lié que par le boulot, on est bien conscient de la fragilité de Nicolas. Qui supporterait ce qu’il a enduré, on comprend le lien qui les unit et je trouve cela magnifique.

Dans ce dernier roman, très bien documenté, comme tous les romans de l’auteur, il sera question de folie, pas n’importe laquelle : la schizophrénie qui amène sur scène, Eléonore, une jeune femme, psychiatre de son état, bien téméraire et qui ne se montre pas consciente du danger. On se retrouve confronté à d’horribles meurtres (qui connaît cette série sait à quoi s’attendre avant d’ouvrir le livre !), on côtoie des créatures, éléments de phobie d’un grand nombre d’individus sur terre, les lecteurs ne sont pas épargnés : lombrics, tænias, araignées, ça crée une belle ambiance, et les crimes sont tellement effroyables que je me suis protégée en essayant d’en rire et en régalant mon entourage de belles descriptions. Souffrance physique comme psychologique sont au programme ! On ne s’ennuie pas.

Au milieu de toute cette hémoglobine, et cette boucherie, j’ai tout de même trouvé que mon chouchou Franck était plutôt effacé dans ce tome, il apparaît, silencieux souvent, pensif, l’auteur le dit âgé, oui un peu mais là il me fâche un petit peu ! Disons que Sharko fatigue, on comprendra, il en a tant enduré ! Il subit encore une épreuve qui enverrait un individu à l’hôpital pour plusieurs mois.  Il continue néanmoins à se montrer humain et ne s’efface pas sans raison : il laisse une belle place à Nicolas Bellanger qu’on a envie de voir évoluer, refaire sa vie et sourire à nouveau.

Vivement le prochain tome, (il va sans doute falloir attendre encore), je me demande d’ailleurs où en sera Franck, j’espère qu’il n’a pas encore envie de prendre une retraite qu’il mériterait amplement. Ce livre, de façon évidente, promet une suite, il suffit d’examiner la situation de certains personnages pour le comprendre.

J’attends donc avec impatience de retrouver ces amis auxquels je pense souvent en dehors de toute lecture. Je ne l’ai pas lu dès sa sortie, je le gardais pour les vacances et je l’ai fait durer, j’en suis là avec cette série ! aux lecteur qui n’ont jamais lu de livre de Franck Thilliez : âmes sensibles s’abstenir.