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mercredi 4 juin 2025

 Un rude hiver












Raymond Queneau,

Ed Gallimard, 5/05/77 (écrit en 1939), 182 pages


Do you speak english ? oui ? vous devriez donc pas mal vous débrouiller à la lecture du roman de Raymond Queneau, un rude hiver, un Raymond Queneau que l’on connaissait jusque-là comme le bidouilleur du français avec ses délicieuses et volontaires erreurs orthographiques, s’est aussi amusé, et je l’apprends avec ce récit, à nous servir un anglais comique à souhait : « Zey lâffe bicose zey dou notte undèrrstande » en est un bel exemple, et il faut parfois relire ses expressions pour comprendre, les yacht deviennent des yotes,  et à part quelques mots ou expressions françaises déformés, on découvre, ces originalités langagières avec toujours un peu de surprise, puis on continue à lire en espérant en rencontrer encore. Sauf si on n’aime pas le style Queneau.

Le roman en lui-même n’est pas censé être hilarant : il raconte l’histoire, en pleine première guerre mondiale, de Bernard Lehameau, officier habitant le Havre, revenu du combat car blessé à la jambe, qui est veuf et mène une vie assez monotone, entre Mme Dutertre, libraire quasi en faillit, son frère chez qui il se rend chaque Dimanche après la messe, et avec qui les tensions et les désaccords s’expriment, deux enfants dont il a fait connaissance dans la rue.

Queneau compose ce roman en utilisant la répétition : pour un effet comique dans les dialogues, pour ajouter à son récit, un brin de poésie et structurer son roman en y campant personnages que l’on retrouve périodiquement.

Le rude hiver, c’est la vie de de Lehameau, un long hiver : perte de sa mère, de sa belle-sœur et de sa femme, blessure à la guerre, amoureux de Miss weeds, sa vie monotone se poursuivra durant ces années 1916-1917 marquée par son pessimisme.

Il y aurait dans cet écrit, quelques éléments biographiques, je n’ai pas fouillé cette question, ne connaissant pas suffisamment la biographie de Queneau, Queneau dont j’ai toujours aimé le style, Queneau qui sort des sentiers battus, qui joue avec la langue, qui fait sourire et se montre capable de rendre légère une tragédie que l’on ne ressent alors plus comme telle.

Ce roman ne vaut certainement pas les fleurs bleues que j’avais adoré, mais il se lit très bien, aucune longueur, aucun ennui.

 

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