Un rude hiver
Raymond Queneau,
Ed Gallimard, 5/05/77 (écrit en 1939), 182 pages
Do you speak english ?
oui ? vous devriez donc pas mal vous débrouiller à la lecture du roman de
Raymond Queneau, un rude hiver, un Raymond Queneau que l’on connaissait jusque-là
comme le bidouilleur du français avec ses délicieuses et volontaires erreurs
orthographiques, s’est aussi amusé, et je l’apprends avec ce récit, à nous
servir un anglais comique à souhait : « Zey lâffe bicose zey dou
notte undèrrstande » en est un bel exemple, et il faut parfois relire ses
expressions pour comprendre, les yacht deviennent des yotes, et à part quelques mots ou expressions
françaises déformés, on découvre, ces originalités langagières avec toujours un
peu de surprise, puis on continue à lire en espérant en rencontrer encore. Sauf
si on n’aime pas le style Queneau.
Le roman en lui-même n’est pas
censé être hilarant : il raconte l’histoire, en pleine première guerre
mondiale, de Bernard Lehameau, officier habitant le Havre, revenu du combat car
blessé à la jambe, qui est veuf et mène une vie assez monotone, entre Mme
Dutertre, libraire quasi en faillit, son frère chez qui il se rend chaque
Dimanche après la messe, et avec qui les tensions et les désaccords s’expriment,
deux enfants dont il a fait connaissance dans la rue.
Queneau compose ce roman en
utilisant la répétition : pour un effet comique dans les dialogues, pour ajouter
à son récit, un brin de poésie et structurer son roman en y campant personnages
que l’on retrouve périodiquement.
Le rude hiver, c’est la vie de
de Lehameau, un long hiver : perte de sa mère, de sa belle-sœur et de sa
femme, blessure à la guerre, amoureux de Miss weeds, sa vie monotone se
poursuivra durant ces années 1916-1917 marquée par son pessimisme.
Il y aurait dans cet écrit, quelques
éléments biographiques, je n’ai pas fouillé cette question, ne connaissant pas
suffisamment la biographie de Queneau, Queneau dont j’ai toujours aimé le
style, Queneau qui sort des sentiers battus, qui joue avec la langue, qui fait
sourire et se montre capable de rendre légère une tragédie que l’on ne ressent
alors plus comme telle.
Ce roman ne vaut certainement
pas les fleurs bleues que j’avais adoré, mais il se lit très bien, aucune
longueur, aucun ennui.
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