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lundi 31 juillet 2023

 La dernière maison avant les bois












Catriona Ward

Ed sonatine, 16/02/2023, 416 pages


Quel roman ! je crois pouvoir affirmer que mon sommeil en a été perturbé, une de ces nuit ou, dans un demi-sommeil, vous revivez le roman.

Le récit s’ouvre sur Ted, que l’on côtoiera tout au long du roman : il a une fille, Lauren, une chatte, Olivia, avec qui il a tressé un lien si fort, qu’un filament doré le relie à l’animal. Homme insignifiant sans doute, pour la société américaine dans laquelle il évolue, mais ô combien digne d’intérêt pour le lecteur ! Il vit dans une maison fermée à triple tour , le clac, clac, clac des verrous résonnant tel un leitmotiv dans le récit, ne s’est pas contenté de fermer les fenêtres, mais les a condamnées à l’aide de panneaux de bois dans lesquels des trous lui permettent d’observer le jardin, la chatte et la fillettes ne peuvent en aucun cas sortir de cette cage, beaucoup trop dangereux ! ce qui amène le lecteur à constater un beau cas de paranoïa.

Le récit mentionne, dès le début, un fait divers qui sera explicité dans les chapitres suivants : Lulu, une fillette de 6 ans, a disparu dans le secteur de la maison de Ted, onze ans auparavant, et n’a jamais été retrouvée.

On est alors en droit de faire jaillir de son esprit, de nombreuses questions dont on attend les réponses avec impatience ! Particulièrement concernant Lauren : qui est cette enfant ? Qui est sa mère ? Nulle mention dans le passé de Ted à son sujet ! dès lors, on est tenté de faire des suppositions. Et on apprend au compte-goutte, le passé de Ted, son enfance, son mal-être lorsque des individus viennent le perturber : Dee, la sœur de Lulu, qui s’est installée dans la maison voisine, bien décidée à retrouver sa sœur, l’homme aux cheveux orange, qui promène son chien un peu trop près de la maison, le meurtrier, qui a déposé des pièges à glu dans le jardin de Ted, tuant les oiseaux qu’il aime tant observer…

Un roman déroutant ! Dans un thriller en général, on essaie de deviner la suite au regard des informations dispensées en cours de lecture, hé bien je vous défie, futurs lecteurs, d’essayer, comme moi, vous irez de surprise en surprise.

La configuration du roman est très intéressante : tour à tour, les personnages prennent la parole, de qui en fait un roman choral : d’abord Ted, puis Olivia, et plus rarement, Lauren. Ces narrations entrecoupées de récit à la troisième personne concernant Dee.

Un bon thriller psychologique comme je les aime et comme je les conseille !

dimanche 30 juillet 2023

 #Les mémés

Fraîcheur de vivre





Sylvain Frécon

Ed fluide glacial, 1er/02/2023, 56 pages


A quelque chose près, on les retrouve en pleine forme, nos mémés ! ça essaie de fêter ses cent printemps, ça se cultive et ça pratique les libations sur la tombe du défunt mari, comme chez les grecs, ça fait des pronostics sur caddie de compèt qui semble avoir fait largement son temps, ça philosophe, ça entretient sa libido, ça commente l’actualité… mais on dirait des jeunettes qui s’accrochent à la vie, même, elles le reconnaissent, si elles sont bien conscientes que leur tour viendra.

J’ai parcouru ce nouvel album le sourire aux lèvres, m’attendant à tout de la part des nos héroïnes qui ne sont pas sans rappeler les Vamps qui me faisaient tant rire. On a peur du réchauffé, mais finalement l’auteur n’est pas avare de nouveauté et à chaque planche, une surprise vous attend (un sujet surprenant dans la bouche des aïeules, un caddie en cause pour un bien agréable comique de répétition, des questions d’ordre sexuel hilarantes, des prises de conscience de la jeunesse passée, une utilisation du téléphone portable qui en fait des personnes qui vivent avec leur temps … Bref des mamies très branchées et distrayantes.

Je m’aperçois à l’instant, que je n’ai pas lu le deuxième album ! je m’empresse de le trouver ! 






 La chambre des officier (bande dessinée)












Philippe Charlot et Alain Grand

Ed JC Lattès, 1er/03/2023, 72 pages


J’ai eu la chance de lire deux fois la chambre des officiers cette année : une première fois, le roman de Marc Dugain que j’ai beaucoup aimé, et cette magnifique adaptation par Philippe Charlot et Alain Legrand du roman. La lecture du roman étant assez fraîche, les évènements me sont facilement revenus en mémoire et j’ai pu constater que le scénario de la bande dessinée est vraiment très fidèle au récit.

Je me permets d’effectuer une mise en garde : la bande dessinée peut choquer les personnes sensibles, lorsqu’on lit un récit non imagé, notre imagination nous emmène où elle connaît ses limites, or, dès le début du roman, une planche particulière représente les médecins, vus par notre héros, Adrien Fournier, on comprend que son champ de vision est limité, et l’air soucieux des médecin laisse entendre que la blessure est hors du commun. L’ensemble servi avec la liste des dommages subis par l’officier. Ce texte est certainement inclus dans le roman original, toutefois cela ne m’avait pas plus choquée que cela. Le bilan de la destruction de la face du soldat est terrible.

L’ensemble du scénario respecte la chronologie des événements, à part le début ou l’on arrive directement sur l’explosion qui est à l’origine de la blessure d’Adrien, pour ensuite prendre connaissance du début de l’histoire par l’intermédiaire du supplicié qui se souvient.

Histoire de guerre, histoire d’amour, histoire d’une solidarité entre hommes qui partagent la condition des « gueules cassées », bande dessinée ou roman, je conseille vivement la lecture de ces pépites.

jeudi 27 juillet 2023

Le choix













Viola Ardone

Ed Albin Michel, 17 août 2022, 400 pages


Nous sommes dans un petit village de Sicile entre 1960 et 1980.  Alors qu’en France, le besoin de liberté s’est exprimé depuis 1968, et on fait connaissance d’Oliva Denaro, sans doute fillette sur le point de devenir une adolescente lorsque commence la narration.

Alors que le début du roman m’a fait sourire, avec les répliques de cette fillette, ses « je suis pour » ou « je suis contre », sa vision toute naïve de la vie en début de roman, le ton est vite donné. On comprend qu’elle doit profiter des derniers instants de liberté, de la chasse aux escargots, de ses jeux enfantins avec son ami Saro, de son amour pour les mots et le latin. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec la quatrième de couverture qui mentionne sa rébellion. Contrairement à son amie Liliana, elle semble bien se plier aux règles régissant la vie des filles dans cette société et elle accepte d’épouser l’homme désigné par ses parents, participe à la confection de son trousseau, se met bel et bien en projet de mariage.

Les autres personnages contribuent à façonner le roman et apportent leur contribution à sa réussite :

La mère : maîtresse femme qui dicte les règles à suivre lorsque l’on est une jeune fille « comme il faut », à la fois distante et à curieusement à l’écoute, marquée par les pratiques ancestrales.

Le père, réfugié dans un certain silence et qui semble sous le joug de la mère, on découvrira ce personnage et ses facettes tout au long du récit.

Le frère jumeau d’Oliva, élevé comme un garçon dans ce milieu.

La sœur, mariée de force, cloîtrée qu’Oliva ne voit pour ainsi dire jamais, et toutefois omniprésente dans l’esprit de notre héroïne.

S’ajoute à tout ce petit monde, la population du village, de ce village où les nouvelles voyagent plus vite que le vent, où la rumeur va bon train, ou quelques communistes mal vus de notre famille s’activent et apportent des idées nouvelles qui gênent.

Un roman qui fait réfléchir à la condition de la femme, qui surprend par le côté arriéré des habitudes, qui penserait que dans ces années, on marie encore les filles à des hommes que parfois, elles ne voient que le jour de leur mariage, que les femmes libérées sont considérées comme étant des femmes de mauvaise vie.

La dernière partie, qui peut être considérée comme un épilogue assez long, est très intéressante car le roman se transforme en roman choral à l’écriture ciselée et qui donne une idée du tempérament et des idées des protagonistes.

Je conseille vivement ce roman, cette première lecture d’un roman de l’autrice me donne vraiment envie de lire le train des enfants.

mardi 25 juillet 2023

 

L'aéropostale T1

Guillaumet













C Bec - PA Dumas, 

Ed Soleil, 12/06/2013, 56 pages


En fouinant du côté de l’immense collection de bandes dessinées de ma médiathèque préférée, je découvre une série digne d’intérêt : l’aéropostale, sujet que je ne maîtrise que par la vague connaissance de quelques aviateurs connus comme St Exupéry, plus en tant qu’auteur que pilote, ou Mermoz, dont j’ai juste entendu parler en raison de sa grande célébrité. Je trouve donc mon bonheur, c’est l’occasion d’approfondir le sujet ! J’en emprunte plusieurs tomes.

Le premier volet me plonge dans l’inconnu : Guillaumet, dont je ne connaissais pas l’existence. Passionné d’aviation dès l’âge de 6 ans, il entre à l’école de pilotage d’Orly, effectue son service militaire en tant que pilote, dispute plusieurs courses, devient un pilote expérimenté.

La bande dessinée relate son arrivée à aéropostale, sollicité par Mermoz. On lui attribue un poste dans les ateliers ou il devra apprendre à entretenir des moteurs et devra être capable d’assurer la maintenance des avions. Il conteste. Il comprendra par la suite l’intérêt de cette formation. (on repensera à St Exupéry et son avion en panne dans le désert, à milles de toute terre habitée).

Par la suite, l’ensemble de ses vols pouvant faire l’objet de je ne sais combien de volets, l’auteur choisit de raconter sa plus grande aventure : survol de la cordillère des Andes, crash, retour à la civilisation après plusieurs jours de marche dans des conditions extrêmes. C’était sa 92ème traversée de la cordillère. Il en sortira indemne.

Je salue le courage de cet homme et de tous les autres pilotes de l’aéropostale.

J’ai eu la chance de parcourir un magnifique ouvrage composé de vues de montagne saisissantes et des dessins qui rendent parfaitement compte des galères rencontrées par ces héros, de leur compétence et de leur dévouement.

Henri Guillaumet a formé Antoine de St Exupéry qui apparaît, timide aviateur inexpérimenté. J’ai vraiment hâte de découvrir la suite des aventures de l’aéropostale.

vendredi 21 juillet 2023

 Bug - Livre 1












Enki Bilal

Ed Casterman, 22/11/2017, 88 pages


2041, plus d’internet, plus de connexion, les données se sont volatilisées, les liens ont disparu, l’humanité est en péril : les avions sont cloués au sol, les morts se multiplient faute de pouvoir accéder aux traitements médicaux désormais numérisés, la guerre froide reprend… ce ne sont que quelques effets de l’absence d’une technologie avancée qui a rendu les hommes dépendants… Dans l’espace, des scientifiques œuvrant pour la station spatiale internationale alertent la Terre : plusieurs d’entre eux meurent subitement sans raison apparente à l’exception de Kameron Obb qui, pris de malaise et brûlant de fièvre,  développe des symptômes étranges.

Cette bande dessinée captivante montre intelligemment combien nous sommes dépendants de nos progrès, on ne peut s’empêcher de mesurer à quel point nous serions paralysés si un tel phénomène se produisait aujourd’hui, je me suis surprise à cesser ma lecture pour envisager un tel avenir. Oui, nous sommes bel et bien esclaves et empêchés de réfléchir, d’agir, de vivre tout simplement sans nos claviers, nos correcteurs d’orthographe, nos intelligence artificielles, notre vie, réglée par l’informatique. Ce scénario, poussé à l’extrême invite à prendre du recul, un certain recul, bien que nous ne puissions tout maîtriser, l’intelligence se retrouvant désormais entre les mains d’une poignée de « grands » de ce monde.

L’auteur ne se contente pas de démontrer notre dépendance et les dégâts occasionnés par un bug de cet ampleur, il nous offre un scénario bien ficelé avec un héros qui fera l’objet d’une véritable chasse à l’homme, il amène un autre danger plus fictif  : celui d’une invasion par je ne sais quel micro-organisme invasif qui prennent un humain comme hôte, une sorte de virus indéterminé que l’humanité ne semble pas en mesure d’analyser… Cet aspect est très certainement approfondi dans les deuxième tome que je vais m’empresser de réclamer à ma bibliothécaire. Un léger bémol toutefois, l’auteur a certainement sa propre logique, et l’errance du héros semble parfois confuse, on se demande alors qui sont réellement les personnages mis sur son chemin, je pense qu’il n’est pas inutile de relire attentivement cette bande dessinée pour voir certains passages confus s’éclaircir.

Belle surprise en ouvrant le livre : des planches qui sont de véritables œuvres d’art, des dessins superbes qui donnent l’impression d’être face à un roman photo, des illustrations sur lesquelles on s’arrête, en admiration.

jeudi 20 juillet 2023

 

Les moines de Bourgogne












Scénario : Corbeyran, dessin : B Goepfert

Ed Glénat, 29/08/2018, 56 pages.


Ce volet fait partie d’une série de livres appartenant à la série Vinifera qui traite de la question du vin dans l’histoire.

L’histoire de l’abbaye de Cîteaux commence en 1098, à ses débuts, l’abbaye n’est qu’un ermitage perdu au milieu des bois, dans lequel quelques moines sont réunis pour vivre selon l’austère règle de Saint Benoît, dans le silence et la prière. L’abbaye s’agrandira après l’arrivée de Bernard de Clairvaux et connaîtra un prodigieux essor grâce au charisme du grand homme à l’origine du prestige de ce lieu de prière de son rayonnement et de son action.

Pour comprendre cet essor, l’auteur donne naissance à un personnage clé de la bande dessinée : le jeune Simon, bébé abandonné déposé dans l’ermitage et recueilli par les moines, baptisé, puis confié à une famille adoptive. Simon montre une attirance pour la nature ou il se sent chez lui. Devenu jeune homme, instable et coléreux, n’admettant pas son abandon, il demande l’asile au monastère et devient convers, effectuant des travaux pour les moines, non soumis à la règle monacale, formé pas son parrain, Marc, maître cellérier de l’abbaye. Devenu adolescent, il se passionnera pour le vin et guidera les moines pour faire prospérer l’abbaye dont le vin fera la renommée et qu’aujourd’hui encore nous avons la chance d’ apprécier.

Cette magnifique bande dessinée explique clairement l’extension du domaine viticole de Bourgogne, la science de la vigne transmise de génération en génération qui traversa les siècles sans qu’aucun écrit vienne expliciter les observations de ces vignerons et producteurs de vin hors pairs.

Encore et toujours bravo à l’illustrateur pour son dessin d’une finesse inouïe et Bravo aux éditions Glénat pour la qualité constante de ses livres avec lesquels on se cultive avec plaisir grâce à la clarté des informations, la particularité des personnages auxquels on s’attache pour suivre leur évolution, l’exposé de fin d’album qui apporte des précisions sur le sujet traité. Des ouvrages passionnants. J’espère trouver d’autres albums de la série, une quinzaine d’ouvrages, tous traitant de l’histoire du vin, passionnant et vaste sujet.

mardi 18 juillet 2023

 

Cinq petits indiens












Michelle Good

Ed Seuil, 10/03/23, 352 pages

Leurs parents ont été placés en réserves, et eux, les enfants, on les a kidnappés et enlevés à leur famille, c’est la réalité bien noire d’un peuple dont on a tenté d’annihiler la culture parce qu’elle était gênante pour les nouvelles populations canadiennes et américaines. Ce livre raconte la bien révoltante histoire d’enfants que l’on a essayé de vider de leur culture pour y semer la foi chrétienne, apparemment la seule possible. On les a voués au malheur en leur volant leur enfance, en les privant de l’indispensable nourriture, celle du corps comme celle de l’esprit, en leur infligeant de mauvais traitements, en les violant, on les a ensuite abandonnés sans aucune aide quelque part dans la grande ville de Vancouver, livrés à eux même et à la merci d’employeurs peu scrupuleux. Certains se sont battus pour survivre et pour tracer leur chemin, d’autres se sont échoués.

C’est ainsi que l’ont fait connaissance de Kenny, Lucy, Maisy, Howie, Clara, cinq petits indiens qui ne peuvent laisser le lecteur indifférent. A travers ces personnages, j’ai pu prendre connaissance d’éléments de culture crie, peuple pacifique, respectueux de la nature, pratiquant un culte des ancêtres qu’ils perçoivent à travers les rêves, aspect important de leur pratique religieuse et bien opposé à ce que l’on a tenté de leur inculquer.

Chacun des personnages fait l’objet de plusieurs chapitre qui leur sont dédiés et dans lesquels ont observera une évolution différente selon la personne. Un roman qui révolte quand on observe les difficultés et les épreuves que chacun rencontre sur sa route et qui apaise quand on se retrouve au contact de belles personnes capables d’agir pour offrir une paix intérieure aux êtres humains que l’ont suit tout au long du roman ainsi qu’à a lectrice que je suis.

On n’a aucun mal à imaginer les mauvais traitements subis par les protagonistes, toutefois l’autrice a vraiment su suggérer les faits sans s’étendre. La fin est plus qu’apaisante, on y ressent beaucoup de douceur liée à la culture crie, une culture qu’aucun individu, quelles que soient ses tentatives, n’est parvenue à éradiquer.

Un magnifique roman à lire absolument.

 

Les gens de Bilbao naissent où ils veulent.












Maria Larréa

Ed Grasset, 17 août 2022, 224 pages


Ce récit autobiographique nous emmène en Espagne à partir de 1943 avec la naissance de Victoria, abandonnée par sa mère dès sa naissance et confiée aux religieuses d’un couvent, et de Julian, qui fait figure de dommage collatéral issu des activités de sa mère, prostituée de Bilbao. Les deux êtres se construiront tant bien que mal, et l’on comprendra qu’ils ne sont autres que les parents de Maria, la narratrice qui se livre avec beaucoup de sincérité dans le court et passionnant roman de sa vie.

Un livre qui se boit comme du petit lait grâce à l’écriture d’une personne attachante dont on a vraiment envie de connaître l’évolution et le devenir à la suite de cette ascendance constituée d’orphelins qui ont grandi sans connaître l’amour de leurs parents, dans l’Espagne de Franco, et qui ont émigré en France pour devenir gardiens du théâtre de la Michodière à Paris.

Enfance difficile, adolescence perturbée, vie de femme en quête d’identité, résilience et activité d’une personne battante, il s’agit d’une très bel exposé et des mémoires d’une jeune femme dont on saluera le courage.

Un roman qui sent bon l’Espagne que l’on ressent à travers le parler et les expressions des personnages. Un excellent premier roman à lire en espérant que d’autres suivront.

lundi 10 juillet 2023

 La chorale des voyelles












Catherine Vies Duffau - François Foyard

Les édition Sésames, 16 pages, 1er juin 2023.


Un petit ouvrage tout coloré et bien agréable à feuilleter, que je ne mettrais pas entre toutes les petites mains et que j’utiliserais bien prudemment lors de mes séances d’apprentissage de la lecture en CP. Le livre est proposé à partir de 3 ans afin de "rendre les enfants acteurs de leur apprentissage".  C’est une erreur car à cet âge, si l’on peut avec des enfants demandeurs proposer la mémorisation de quelques sons simples, il est hors de question d’aborder des sons complexes avec des petites sections, ces phonèmes, qui sont abordés dans les dernières périodes de l’année de cours préparatoire peuvent éventuellement être travaillés avec des moyen et des grands capables de les assimiler.

Par ailleurs, je note une certaine confusion dans l’histoire quand je lis que Messieurs o et u se donnent la main pour produire un joli « ou ». Ces deux voyelles chantant ensemble ne produisent pas le son ou, le son [ou] combiné avec o et u est une question de mémoire, pas d’audition, et je ne parle pas dû « au » à peine évoqué pour amener les enfant au son  « eau » encore plus complexe, ni du "oi".

Cette histoire ressemble à une pâle copie des alphas qui sont tout de même beaucoup plus organisés, vidéos à l’appuis et manipulation possible par les apprenants. Un album qui manque de rigueur et apparaît dépourvu de moyens pour renforcer les notions (CD, Cartes…).

Certaines pages toutefois peuvent être abordées en illustration après une séquence de découverte d’un phonème : le « é », le « è », la mémorisation des voyelles de l’alphabet, mais je ne pense pas que l’on puisse aller plus loin.

Une gentille histoire à proposer à des enfants qui maîtrisent déjà les sons, et qui ne risquent pas de faire des confusions,  donc fin CP, début CE1.

Je remercie les Editions sésames et Babelio pour ce partenariat.