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dimanche 31 décembre 2023

 La dernière séance












Agatha Christie, 

Ed Le masque, 18/102023, 400 pages


Merveilleuse Agatha Christie capable de prendre l’âme du lecteur avec ce recueil de nouvelles toutes plus captivantes les unes que les autres. Je n’ai pas lu, loin de là, toute son œuvre, mais j’essaie tout de même de trouver des points communs avec les romans de notre spécialiste du crime. Le principal point commun qui s’applique à ces romans, c’est un suspense bien calculé et un effroi suggéré alors que l’action en elle-même n’est pas aussi effrayante que lorsqu’on est confronté à un thriller, non, c’est plutôt une peur subtile qui s’infiltre dans l’esprit du lecteur, aboutissement d’un maniement génial de la langue, de mots consciencieusement chois, d’information savamment dosée. Mais Agatha Christie ne se contente pas d’insinuer des embryons de peur dans nos esprits, elle s’attache à façonner le décor approprié, me camper des personnages avec le tempérament qui convient et de mettre en relation ces personnalités diverses.

Ce livre est toutefois original car il s’agit d’un recueil de nouvelles. Elles sont toutes aussi délicieuses à lire les unes que les autres. Alors que la romancière peut parfois mettre du temps à installer les personnages, les événements et à faire progresser les enquêtes, elle n’a d’autre choix que de planter de suite un développement rapide, question de longueur de chaque histoire.

Les histoires sont vraiment passionnantes, parfois purement fantastiques comme la première, histoire d’une grande médium placée face à un danger imminent, ou la suivante, un homme victime d’une apparition au cours de laquelle il assiste à un crime, d’autres sont plus ancrées dans le réel : l’histoire d’une famille vivant au milieu de nulle part dans une maison où l’on ressent un danger que l’on n’explique pas, mystère percé par l’un des personnages, départ qui semble fantastique mais qui trouve son explication toute rationnelle. Une nouvelle raconte un de ces histoires de malédiction après le pillage d’une tombe de pharaon, on y retrouvera avec plaisir notre Hercule Poirot, enquêteur efficace et fin observateur qui utilise son sens logique pour percer d’épais mystères, on le côtoiera dans d'autres nouvelles également, quand il ne laissera pas la place à la délicieuse Miss Marple.

Pour chaque nouvelle, on pourra qualifier le dénouement de fin ouverte qui pourra laisser libre cours à l’imagination du lecteur.

Une très belle découverte !

dimanche 17 décembre 2023

 

Patient












Grand Corps Malade

Ed Point, 21 mai 2014


Je ne connaissais pas vraiment Grand Corps Malade, bien que j’apprécie particulièrement sa voix grave et ses textes. Et l’occasion de faire plus ample connaissance avec ce personnage hors du commun s'est présentée alors que je furetais sur Babélio. J’ai donc décidé d’entreprendre la lecture de son témoignage. Patient en est le titre, et patient, il a su l’être. Ce récit de sa vie en rééducation après avoir séjourné un certain temps en réanimation montre son courage, sa volonté et un optimisme rare pour qui a lu des romans ou des témoignages de personnes devenues tétraplégiques, un récit qui sort vraiment de l’ordinaire, œuvre d’une personne gravement handicapée qui arrive à faire sourire, ce n’est pas banal.

Personnage très communiquant, servant au lecteur de nombreuses anecdote tantôt tristes, tantôt comiques, il décrit la vie du centre avec ses employés, son personnel qualifié, les amis qu’il s’y fait, les galères, les réussites, le deuil qu’il a dû faire de sa vie d’avant et de ses projets de sportif de haut niveau.

Je ressens beaucoup d’admiration pour cet artiste qui a su s’adapter pour surmonter cette épreuve qui aurait pu le transformer en légume et c’est avec un regard nouveau que j’aborde son œuvre.

 Au bonheur des dames - Roman graphique











A Maupré

Ed Casterman, 3/06/2020, 136 pages


Après avoir passé d’excellents moments de lecture du roman D’Emile Zola, l’histoire étant fraîche dans ma mémoire, j’ai ressenti l’envie de lire la bande dessinée. Toute heureuse de retrouver Denise, j’ai vite déchanté face à ces personnages aux physiques ingrats, résultat de dessins hideux qui déforment les visages, font des poches sous les yeux, et transforment certains personnages en caricature vivante. Je me suis demandé pourquoi l’oncle Baudu est représenté avec ce nez rouge qui lui donne un faciès d’alcoolique, ce qui n’est pas le cas dans le roman.

J’ai tout de même poursuivi, je n’allais pas m’arrêter aux dessins, et j’ai pu constater que certains dialogues, s’ils sont bien fidèles au texte, ne sont pas attribués aux bons personnages : au tout début, Octave Mouret explique comment il compte mettre la femme au centre de son commerce, il l’explique à Bourdoncle, le deuxième dans la hiérarchie du personnel, or dans le roman, c’est au baron Hartmann qu’il s’adresse, mais admettons que pour le besoin de la bande dessinée, on change l’interlocuteur, c’est sans doute possible pour certaines scènes, toutefois la déclaration de jalousie d’Henriette, maîtresse de Mouret n’a aucune raison d’être en plein commerce, au milieu des clientes, cette scène est maladroitement introduite dans la bande dessinée, il s'agit en fait d'un événement majeur dans le roman. c’est vraiment dommage ! 

J’aurai également envie de commenter la promenade en campagne de Denise et son amie Pauline. Dans la bande dessinée, c’est juste une belle promenade, dans le roman, elles décident de partir parce qu’une journée de congé est prévue pour les employées et Denise n’y est pas invitée, une scène qui permettait de juger de l’ambiance de ce milieu de travail. 

Le dernier point que je ne peux m’empêcher de commenter, c’est la soi-disant initiative de l'oncle Baudu qui s’amuse à faire varier le prix de la soie, histoire d’entrer en concurrence avec le grand magasin, mais ce n’est pas lui qui prend cette initiative dans le roman, mais un  autre personnage qui a été renvoyé du bonheur des dames et qui n’apparaît pas dans la bande dessinée. Cette surenchère destinée à mettre en évidence la toute-puissante du grand magasin apparaît bien "édulcorée" et sans effet sur le lecteur. On admettra que quelques scènes varient mais dans le cas présent, c’est trop, peut-être n’aurais-je pas dû m’attendre à un récit fidèle à l’œuvre de l’écrivain.

Par ailleurs, nul besoin des scènes quasi pornographiques entre Mouret et Henriette qui n’ont aucune esthétique et qui n’ajoutent que vulgarité à ce roman grandiose et qui n'existent pas dans le roman.

Je suis vraiment déçue de cette lecture, peut-être ne l’aurais-je pas ressenti de la même façon si j’avais attendu plus longtemps pour lire cette bande dessinée.














 


mercredi 6 décembre 2023

 

Bonjour Tristesse











Françoise Sagan

Ed Pocket, 06/05/2009, 160 pages


Ce roman, je l’avais lu une première fois alors que j’étais au collège. Et j’ai choisi de le relire et de le redécouvrir car il ne m’en restait aucun souvenir. Dès le début, je me suis demandé le pourquoi de ce titre, « Bonjour tristesse », un titre qui m'a paru bien paradoxal au début, quand on prend connaissance de l’histoire de Cécile, jeune femme de 17 ans, qui découvre l’amour, cet amour qui constitue la trame de ce récit, amour, l’amour qui devient un jeu, un jeu dangereux… Une histoire simple et complexe à la fois, une histoire dans laquelle s’entremêlent des vies, des personnages intéressants, certains bien campés et présents, à la personnalité affirmée comme Anne, future belle mère de notre jeune étudiante ou Cécile, notre héroïne, d’autres qui se laissent porter, qui glissent sur le fil d’une vie facile comme Cyril, amant de Cécile ou comme son père.

Vacances heureuses, été chaud comme l’aiment les adolescents, ouverture à la vie, drame, tout y est, on ne s’y ennuie pas ! J’essaie de me rappeler comment j’ai accueilli un tel roman lorsque j’étais collégienne, possible que je me sois identifiée à l’héroïne, aujourd’hui je le vois certainement d’une autre manière, et je ne peux m’empêcher d’avoir envie de le transposer à l’époque actuelle. Il fit scandale dans les années 50, il n’y a plus aucune raison aujourd’hui de s’offusquer des mœurs des personnages, les temps ont changé et si j’ai commencé à le lire avec mes yeux des années 2000, je l’ai vite replacé dans son époque.

Ce roman, il possède un quelque chose que je ne saurais expliquer, il génère une étincelle qui met le feu à mon âme de lecteur, j’ai vraiment ressenti une sorte d’attirance pour chacun des personnages, je suis enchantée de l’avoir redécouvert. Il n’a peut-être pas bien vieilli, question d’époque, mais le génie d’une Françoise Sagan toute jeune lorsque son roman fut publié demeure.

Un bon classique à connaître !

samedi 2 décembre 2023

 Dernier gueuleton avant la fin du monde














Jonas Jonasson

Ed Presse de la Cité, 5/11/2023, 510 pages


De l’humour, rien que de l’humour, toujours de l’humour, c’est le mot qui me vient à l’esprit lorsque je parle de ce roman. Jonas Jonasson, cette fois, exploite la bêtise de Johan, un individu apparemment "pas allumé à tous les étages" bien que fort sympathique et capable de génie dans sa pratique culinaire. Et il nous en sert, des plats en toutes circonstances. Il faut dire que notre héros voyage en camping-car en compagnie de Pétra douée en physique et qui prévoit la fin du monde pour dix jours après leur rencontre. 

Dix jours, c’est bien peu pour soigner ses blessures d’enfance, car, tel est le désir de la jeune femme pour elle-même et pour Johan, aussi, le camping-car ne tardera pas à accueillir d’autres compagnons…

Un périple dont les chemins sont jalonnés de bons mots, de situations comiques et d’humour parfois noir. On sourit en se faisant le témoin de Johan, individu doux comme un agneau et si naïf, on poursuit la lecture pour savoir comment arrivera cette fin du monde promise d’après les calculs de Pétra, on côtoiera de grands hommes, on se délectera des plats mitonnés par Johan et servis en pleine pagaille, ce qui ne manque ni de charme, ni d’humour.

Cette aventure m’aurait fait vraiment rire si je n’avais pas lu le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire et les autres romans de l’auteur, mais la trame étant assez similaire au premier roman, la routine s’est installée, certains passages sont longs et fournissent une impression de déjà lu.

J’ai toutefois passé un bon moment de lecture détente, fort bienvenue après une journée de labeur.  Je ne le regrette pas.