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mercredi 29 mai 2024

Le livre qui ne voulait VRAIMENT Mais alors 

VRAIMENT pas être lu.














David Sundin (traduit du suédois par Anna Postel)

Ed Robert  Laffont, 9/11/2023, 40 pages.


Depuis que je suis née, j’ai eu la chance de voir beaucoup de livres, de les toucher, de les caresser, d’établir un contact avant de prendre connaissance de leur contenu. J’ai trouvé sur mon chemin, des livres bibelots, des livres que l’on est heureux de regarder tout simplement parce qu’on les trouve beaux, des livres qui sentent bon le livre, des livres anciens, de ceux que l’on doit découper avant de livre, des livres abîmés, des livres interminables, des livres qui vous capturent, des livres qui vous attendrissent ou vous font rire aux éclats…

Mais des livres rebelles, ça jamais !

Et ce volume là, s’est endurci car il est le benjamin de deux autres livres contestataires de la même veine ! Quel exemple pour la jeunesse ! Ce livre là, il ne veut VRAIMENT, mais alors VRAIMENT pas être lu ! Et que ne ferait-il pas pour contrer le lecteur !!! Il devient pesant, plus de 100 000 tonnes ! Puis il met son texte à l’envers (ça je m’en fiche, car les enseignants savent lire dans tous les sens ! Il peut tenter d’électrocuter son lecteur, et il imagine toutes sortes de tours plus méchants les uns que les autres pour ne pas être lu !!!!

Ben je m’en fiche toujours, même pas peur !!!! et il ne m’a pas empêchée de m’éclater et de rigoler le bougre !

Si vous vous le procurer, il, faut le chercher dans les recoins sombres de votre librairie, ou il aime à se cacher pour ne pas être acheté… au cas ou on voudrait le lire !!!




dimanche 26 mai 2024

 Client mystère












Mathieu Lauverjat,

Ed Scribes, 12/01/2023, 240 pages


Autrefois, il y avait des cireurs de chaussures, des porteuses de pain, et même dans certains pays d’Europe, des réveilleurs, petits métiers et situations précaires, qui permettaient de se nourrir et se loger souvent misérablement, ou fournissaient de quoi augmenter quelque peu les revenus d’une famille.  Aujourd’hui la précarité n’a pas disparu, bien au contraire, le narrateur de client mystère nous en fait une magnifique démonstration, avec un paramètre non négligeable à ajouter : le stress engendré par le devoir d’efficacité, la déshumanisation du monde du travail, l’obligation de rendement.

Notre héros, victime d’un accident alors qu’il livrait une pizza, on constatera d’ailleurs ce que l’on soupçonne quand on croise des livreurs de repas, que pour être rentable, il faut foncer, braver les dangers et risquer sa vie pour gagner trois fois rien. C’est ce qui se passe pour notre livreur : nez dans le portable par temps de pluie, tête baissée pour gagner un bonus, il se fracasse l’épaule contre une voiture. Et adieu les livraisons de pizza, il n’existe plus pour la plateforme… Il trouvera mieux, du moins le croit-il, car l’agence PMGT est là, il devient « client mystère », on lui confie des missions : contrôle des normes dans les commerces, respect du client, conformité des affichages… Les missions pleuvent, what else ?

Ce roman est un brillant exposé de ce que peut devenir le monde du travail, il est pourtant déjà bien inhumain si on considère les rapport entre les individus au sein de la hiérarchie, mais dans ce récit extrêmement bien documenté, on atteint des summums : on oublie complètement le côté humain, notre narrateur n’a donc pas à se poser de question sur le devenir d’un employé lambda, sur la pérennité d’un commerce, il répondra aux questions, sans état d’âme, quitte à y laisser son bien-être, son moral, sa considération pour ses pairs, il devra se déshumaniser pour pouvoir continuer.

La hiérarchie, parlons en : une jeune femme aussi embrigadée que son subalterne, en plus inhumain, et une application qui dicte les missions, merci les intelligences artificielles ! Le plus dérangeant et tragique, c’est que si l’on pense à notre petite vie confortable, on se rend compte que l’on encourage ces façons de procéder en ayant recours à bien des services qui sont entrés dans nos habitudes.

Le côté stress aliénation est très bien rendu : un rythme de narration effréné, un auteur qui jongle avec les anglicismes, la description des faits et gestes de ce héros qui vit dans l’urgence constante, tout cela aboutit à un roman très efficace qui mérite d’être lu par le plus grand nombre afin d’éveiller les consciences.

Un roman original qui devrait devenir une référence en ce qui concerne l’aliénation par le travail.

dimanche 19 mai 2024

 

Après minuit












Gillian McAllister

Ed sonatine, 11/04/2024, 400 pages


Imaginez que votre adolescent arrive d’une sortie nocturne et poignarde, pratiquement sous vos yeux et ceux de votre conjoint, un inconnu de passage dans votre rue, que la police débarque, que cela se termine en garde à vue, vous essayez de comprendre, mais vous vous heurtez à un certain nombre d’inconnues et vous sentez mal, très mal, au bord de l’effondrement.

Maintenant imaginez que vous vous réveillez le lendemain matin, que vous tombiez sur ce même enfant qui la veille, s’est rendu coupable de meurtre, vous lui demandez des explications au sujet de ce couteau qu’il avait en main, et du meurtre… et vous vous heurtez à l’incompréhension de votre fils, et quand vous regardez votre téléphone, il affiche la date de la veille… Vous avez été transporté(e) au jour d’avant, cela peut peut-être vous apaiser dans un premier temps étant donné que votre enfant n’a pas commis le crime, mais vous si vous vous mettez à évaluer les avantages et les inconvénients, ces derniers, dans le présent roman ne vont pas aider Jen, jeune avocate anglaise de la région de Liverpool, bien décidée à comprendre les faits survenu le jour J.

Comme toute personne se lançant dans une enquête, elle va demander de l’aide : de son mari, Kelly, des ses amis, de la police, et même d’un spécialiste des boucles temporelles…

Dans nombre de romans policiers, on se retrouve seul, on galère face une loi du silence ou parce que l’on ne comprend pas la situation face à un manque de pièces de puzzle, mais on n’est pas seul physiquement. Dans le cas présent (s’il l’on peut s’exprimer ainsi), Jen est tout ce qu’il y a de plus seule : elle raconte à son mari ce qui lui arrive, elle lui prédit des faits futurs (qu’elle a déjà vécus), il ne peut que la croire, le temps d’ une journée, car elle remonte le temps chaque nuit, après minuit, ses démonstrations sont donc inutiles, elle va devoir se débrouiller seule pour comprendre ce qui a amené son fils à tuer.

Le sujet du voyage dans le temps n’est pas très original, on le retrouve dans beaucoup de romans, mais s’en servir comme frein dans une enquête, voilà de quoi captiver le lecteur.

Quelques passages peuvent apparaître confus, ce fait est lié au délicat sujet du voyage dans le temps et peut-être à un problème de traduction.

L’autrice nous offre tout de même un roman abouti, maîtrisé, passionnant, qui donne vraiment envie d’aller voir sa bibliographie.

dimanche 12 mai 2024

 Déchirer le grand manteau noir













Aline Caudet

Ed Viviane Hamy, 28/03/2023, 320 pages


Je suis entrée sans difficulté dans la vie de Lucie, mère de trois enfants auxquels elle se consacre. C’est là le rôle d’une mère. Avec son mari, ils forment une famille heureuse. Mais une ombre plane sur ce bonheur : les grands parents effectuent les démarches appropriées pour faire valoir leur droit de voir leurs petits-enfants. Le roman ne sera alors qu’appel aux témoins, instruction, doute, ruminations justifiées d’une femme qui a subi de mauvais traitements de la part de plusieurs personnes de sa famille, et qui désire avant toute chose, protéger ses enfants.

Si le roman est digne d’intérêt et montre bien les difficultés liées à un futur jugement, je me sens tout de même mitigée car je n’entends que la voix de Lucie et celle de ses sœurs grâce à leur témoignage. C’est bien dommage car, si je ne mets aucunement en doute les affirmations de Lucie, je pense que ce récit aurait fait un excellent roman choral qui aurait permis d’entendre les versions de la mère, des frères et sœurs, du père et de certains témoins.

J’ai donc passé une bonne partie de la lecture à me demander comment il se faisait que Lucie ait de si bons résultats à l’école, comment, après de telles humiliations, elle tenait debout, ce qui pouvait expliquer le comportement de sa mère, (Quelques lignes en milieu de récit signalent qu’elle a peut-être subi des violences), comment ces mauvais traitements n’ont pas rejailli sur ses propres enfants, quelle résilience ! Quel équilibre !

L’objectif de l’autrice n’était peut-être pas d’expliquer le pourquoi de cette situation, mais d’exposer les procédures et la difficulté de se faire entendre face aux textes de loi, toutefois, en tant que lectrice, je me suis plutôt tournée vers le désespoir de Lucie, à l’affut de précisions, m’offusquant contre les décisions des avocats, les mensonges, les traitements inhumains que recevait Lucie.

Je suis donc restée sur ma faim.