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mercredi 5 avril 2023

 

Les mystère de Soeur Juana - Tome 1

Mort au couvent











Oscar de Muriel

Ed les presses de la cité, 2/02/2023, 352 pages


Ce livre m’a accrochée… par l’estomac ! Peut-on s’empêcher de saliver lorsque l’on se retrouve témoin de ces sœurs du couvent de san Jerónimo qui ne peuvent avoir d’entretien entre elles sans une tasse de « chocolate » avec quelques « suspiros de yemas » et autres friandises diverses et variées ? Et si l’on visite les cuisines, on entend parler de mets qui excitent l’appétit, à se demander si l’on est dans une auberge ou dans un couvent, c’est en tout cas la question que je me suis maintes fois posée en lisant ce roman.

Mais la réalité historique ramène rapidement sur terre : nous sommes en pleine période d’inquisition, dans un couvent qui ne badine pas avec la discipline sous peine de se retrouver face aux terribles pénitences de Sœur Encarnación, un couvent victime de meurtres atroces perpétrés sur le maître Autel sous la forme de sacrifices précolombiens. Il faut savoir que ces sœurs arrivent avec une domestique souvent indienne, nous sommes dans une période ou l’Espagne s’est approprié les territoires indiens, le Mexique est alors devenu un véritable creuset où indien, métis, criollos, mulâtres se partagent le territoire, et ou l’acculturation ayant fait son œuvre, ils ont dû abandonner leurs Dieux et leurs idoles.

L’enquête est menée par Sœur Alina, jeune novice envoyée au couvent par sa grand-mère, qui préfère payer une dot au couvent, qu’à la famille d’un époux. Elle est aidée par Sœur Juana Inès de la Cruz (1650- 1695), femme poète autrice de recueils de poèmes dont elle enrichit la littérature espagnole. On sait peu de chose de sa vie. Dans ce roman, elle se montre très perspicace et rappelle par certains aspects, le célèbre Guillaume de Baskerville du Nom de la rose.

 Un roman intéressant par son aspect historique, un roman qui aidera à comprendre le malheur des populations victimes de la conquête espagnole, un récit au suspens entretenu par le fait que notre novice découvre peu à peu, certaines vérités du couvent, informations délivrées parcimonieusement par les sœurs et qui donnent envie de poursuivre le récit et d’en connaître le dénouement même si certaines scènes peuvent choquer, certaines déclarations peuvent froisser. Pour les non-hispanisants, un glossaire en fin d’ouvrage permet de comprendre les termes employés particulièrement en cuisine. J’ai trouvés ces mots délicieux à l’oreille.

Un roman qui mérite que l’on s’y arrête.

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