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lundi 16 juin 2025

 Un matin de septembre












Jérome Pigney

Ed des rond dans l'O, 29/08/2013, 116 pages.



Je n’ai pu apprécier cette bande dessinée qui m’a demandé trop d’efforts de lecture et de longs moments à essayer de reconnaître les personnages, le dessin manquant parfois de précision.

Je n’ai pas compris, dès le début, le rapport entre le professeur de sculpture et ses grands principes, Alexandre, le personnage principal et la suite de l’histoire. L’auteur a sans doute souhaité introduire son personnage de cette façon. Puis on apprend que notre héros doit récupérer un sac de cassettes, information qui émane d’un quidam non présenté, qui arrive de nulle part, et il en est ainsi pour nombre de personnages, de situations, de chapitre en chapitre, il faut à nouveau se creuser pour trouver l’information qui permettra de poursuivre cette histoire décousue. A titre d’exemple, Alexandre et un ami de Paul évoquent un accident qu’aurait eu Paul, information émanant sans doute des cassettes, on ne comprend donc pas de quel accident il s’agit, l’information arrive bien après dans le récit, le lecteur n’étant absolument informé du contenu des cassette que par bribes.

Je crois comprendre qu’Alexandre écoute le témoignage de Paul, dernier compagnon de sa défunte mère, et il ignore tout des circonstances du décès de celle-ci. Il se lance à la recherche des personnes capables de lui raconter l’histoire, quelle histoire, je ne saisis pas vraiment, l’histoire de Paul ? Celle de sa propre mère ? Je crois que je vais arrêter là cette chronique car je m’y perds.

J’ai poursuivi jusqu’à la fin, espérant comprendre, mais rien à faire. J’ai mis un certain temps à parvenir à la fin après maints retours en arrière pour essayer d’y voir plus clair, relisant les cartouches pour vérifier que je n’avais rien manqué…

Histoire confuse et sans intérêt, sensée rappeler la tristement célèbre date du 11 septembre 2001, que l’auteur effleure sur trois pages en fin d’ouvrage pour analyser ensuite les conséquences sur ce personnage fantôme qui témoignera avec ses cassettes.

Je ne sais même pas si cette critique est vraiment limpide où si elle est le reflet de la bande dessinée.

Beaucoup d’énergie dépensée pour peu de satisfaction ! Je suis très déçue, le titre m’avait donné envie de me plonger dans cette histoire. Dommage !

mercredi 11 juin 2025

 Un éclat rouge











Clémentine Biano,

Ed Calman Lévy, 16/10/2024, 256 pages.


J’ai vraiment beaucoup apprécié ce beau roman bien qu’il raconte une histoire plutôt triste. L’histoire de Jeannot, le narrateur, qui, dès les premières pages avoue avoir tué son petit frère. On comprendra rapidement qu’il s’agit d’un accident mais les circonstances de cet accident, l’autrice les garde pour la fin.

La façon de raconter de Jeannot peut sembler humoristique au début, puis l’on comprendra que cet enfant de dix ans vit des moments terribles. Sa mère, convaincue de le protéger et évoquant les grosses difficultés que rencontrerait son fils si un tel secret était découvert, parvient à obtenir le silence du père, silence qui ne sera pas sans conséquences sur l’ambiance familiale. La famille essaie de vivre, mais les non-dits provoquent de lourdes tensions que l’enfant-narrateur ressent toujours plus fortes. On apprend que suite à cet accident, l’enfant est devenu muet et s’exprime en utilisant un carnet et une crayon.

Puis survient Charlotte, venue de Paris avec son père, psychiatre, lumière dans la nuit de Jeannot, distraction dans ce village des années 50 où il ne se passe rien, où tout événement anodin devient affaire d’Etat, où la méfiance est de mise puisque la mère raconte aux gendarmes que l’enfant a aperçu un individu qui rodait dans le secteur de la ferme où vit cette famille.

On ne peut que s’attacher à ce petit Jeannot plein de vie, d’imagination et de ressources, de persévérance, on le constatera dans la deuxième moitié du récit.

Ce roman est un coup de cœur pour moi, parce qu’il donne au lecteur, l’occasion de côtoyer un enfant dans le monde des adultes, avec sa façon de voir les choses, de se poser mille questions, de partager ses observations en toute innocence.

Ce roman invite à observer les comportements des adultes face à la lourde épreuve que constitue la perte d’un enfant. Certains auront un comportement révoltant qui n’épargnera pas notre héros.

Le suspense n’est pas absent, le roman évolue de façon très intéressante vers un bouquet final et une fin satisfaisante.

Je suis heureuse d’avoir fait, grâce aux 68 premières fois, cette belle découverte. C’est une lecture que je ne peux que conseiller.                                           

dimanche 8 juin 2025

 

Les enfants de Buchenwald












Dominique Missika, Anaïs Depommier

Ed Steikis, 24/04/2025/ 132 pages


Je salue le travail fourni pour donner le jour à cette magnifique bande dessinée : documentation, dessin extrêmement précis, riche en détails, recherche jusqu’aux langues parlées par les personnages. … c’est en partie ce qui m’a permis de rentrer de suite dans ce scénario.

Nous sommes à la fin de la deuxième guerre mondiale, dans le camp tristement célèbre de Buchenwald, blocks 8 et 66 : la résistance intérieure du camp est parvenue à isoler les enfants pour tenter de les protéger de la violence.  

Et ce sont mille enfants qui seront libérés par l’armée américaine en 1945. Libéré est un terme peut-être vain : on constatera par la suite combien ces enfants, orphelins pour la plupart, ayant perdu leurs parents dans ce camp, ou à Auschwitz, sont marqués à vie : à vif, réagissant à leur façon aux informations en tous genres qui leur parviennent, réaction de colère lors de la visite de la ville de Weimar en constatant la richesse des logements des nazis, envie de tout détruire, impossibilité de retrouver des habitudes qu’ils avaient lorsque leur parents étaient présents, repères perdus, colère qui ne les quitte pas pour certains, soif de vengeance, voire dépression, sans compter les mauvais souvenirs qu’évoquent certains objets ou nourritures, comportements paranoïaques, tout cela indique à quel point les personnes travaillant pour  l’OSE, Œuvre de secours aux Enfants ont dû faire preuve de patience et de dévouement pour aider ces jeunes à se reconstruire.

Un livre très intéressant, d’autant plus que la documentation sur le problème de l’après déportation existe tout en étant plus rare que les ouvrage sur les camps et les épreuves que l’on y subissait.

Les autrices saluent également le travail des personnes qui se sont activées pendant et après la guerre pour venir au secours des enfants, premières victimes des conflits, enfants de la guerre civile espagnole, enfants ayant fui l’Allemagne avant la guerre, enfants de l’après-guerre, médecins dévoués à la cause juive : Françoise Brauner, Gaby Cohen, Judith Hemmendinger (autrice de l’ouvrage : Les enfants de Buchenwald en 1984), Fanny Loinger, les docteurs Isia Malkin et Gaston Revel, Marc Rosen. Héros sans lequel auraient fait un retour à la vie chaotique, car c’est leur amour sans faille qui les a sauvés.

L’épilogue montre à quel point ces intervenants eurent un rôle important dans leur renaissance.

Une partie documentaire en fin d’ouvrage permet de faire plus ample connaissance de ces personnes. Je conseillerais de lire cette partie avant de commencer le livre, elle permet de situer les personnages lors de la lecture.

Un magnifique travail à mettre entre toutes les mains !

mercredi 4 juin 2025

 Un rude hiver












Raymond Queneau,

Ed Gallimard, 5/05/77 (écrit en 1939), 182 pages


Do you speak english ? oui ? vous devriez donc pas mal vous débrouiller à la lecture du roman de Raymond Queneau, un rude hiver, un Raymond Queneau que l’on connaissait jusque-là comme le bidouilleur du français avec ses délicieuses et volontaires erreurs orthographiques, s’est aussi amusé, et je l’apprends avec ce récit, à nous servir un anglais comique à souhait : « Zey lâffe bicose zey dou notte undèrrstande » en est un bel exemple, et il faut parfois relire ses expressions pour comprendre, les yacht deviennent des yotes,  et à part quelques mots ou expressions françaises déformés, on découvre, ces originalités langagières avec toujours un peu de surprise, puis on continue à lire en espérant en rencontrer encore. Sauf si on n’aime pas le style Queneau.

Le roman en lui-même n’est pas censé être hilarant : il raconte l’histoire, en pleine première guerre mondiale, de Bernard Lehameau, officier habitant le Havre, revenu du combat car blessé à la jambe, qui est veuf et mène une vie assez monotone, entre Mme Dutertre, libraire quasi en faillit, son frère chez qui il se rend chaque Dimanche après la messe, et avec qui les tensions et les désaccords s’expriment, deux enfants dont il a fait connaissance dans la rue.

Queneau compose ce roman en utilisant la répétition : pour un effet comique dans les dialogues, pour ajouter à son récit, un brin de poésie et structurer son roman en y campant personnages que l’on retrouve périodiquement.

Le rude hiver, c’est la vie de de Lehameau, un long hiver : perte de sa mère, de sa belle-sœur et de sa femme, blessure à la guerre, amoureux de Miss weeds, sa vie monotone se poursuivra durant ces années 1916-1917 marquée par son pessimisme.

Il y aurait dans cet écrit, quelques éléments biographiques, je n’ai pas fouillé cette question, ne connaissant pas suffisamment la biographie de Queneau, Queneau dont j’ai toujours aimé le style, Queneau qui sort des sentiers battus, qui joue avec la langue, qui fait sourire et se montre capable de rendre légère une tragédie que l’on ne ressent alors plus comme telle.

Ce roman ne vaut certainement pas les fleurs bleues que j’avais adoré, mais il se lit très bien, aucune longueur, aucun ennui.

 

jeudi 29 mai 2025

 

Ils étaient dix 




 









Pascal Davoz, Callixte

Ed Paquet, 16/09/2020, 80 pages


Il sera vain de parler du titre car cela ne changera rien. Mais je m’aperçois avec cette bande dessinée, que non seulement le titre est changé, mais également la comptine qui rythme le roman et qui précise les circonstances des meurtres ainsi que les statuettes qui disparaissent une à une. Cela me choque d’autant plus que la dernière fois que j’ai relu ce roman, nous étions en 2019, et j’ai relu le livre jauni que j’avais acheté en troisième dans les années 70. C’est sans doute pour cela que je ne me m’habitue difficilement à ces changements. Je ne ferai pas d’autres commentaires… L’auteur ne pouvait faire autrement, j’en suis consciente, c’est d’ailleurs le seul point négatif de la bande dessinée.

Ce beau livre que j’ai eu plaisir à tenir dans mes mains s’ouvre sur des vignettes de grande qualité qui donnent envie de se plonger rapidement dans l’histoire. Les personnages bien reconnaissables grâce à un dessin précis, et dont on peut facilement mesurer les émotions et le comportement sont bien imaginés et fidèles à ce que l’on peut lire d’eux dans le roman. Dès le voyage des protagonistes qui se dirigent vers l’île, des questions se posent, le mystère s’épaissit depuis de début et ce roman graphique vous happe même si l’on connaît l’issue de ce récit que l’on ne peut oublier.

Bravo à l’auteur qui a su restituer un des plus grands et plus captivants romans policiers.

 

 

Le roman des anges




 









Don Pierre Doat

Ed Salvator, 11/04/2024, 150 pages



Les anges… Ils sont omniprésents dans nos vies, sous forme d’expressions, depuis le bébé qui sourit aux anges, l’ange qui passe, les cheveux d’ange et j’en passe. Qui n’a jamais entendu parler de l’ange gardien qui veille sur chacun d’entre nous ? Et on ne compte pas les anges présents dans la bible, le coran et certainement d’autres livres sacrés. L’auteur de ce roman, prêtre responsable de la paroisse du Mont St Michel, affirme que si l’on retirait les pages de la bible ou il est fait allusion aux anges, on n’aurait plus qu’un feuillet d’une centaine de pages.

Certainement bien documenté, il a écrit ce roman jeunesse dans le but de parler des anges. Le début du récit est troublant : on comprend rapidement que le héros est un jeune homme qui arrive dans l’au-delà où il est accueilli par son ange gardien, Élimelek. Sa vie terrestre est donc terminée. Les chapitres alternent avec la vie dans l’au-delà et la vie sur Terre de notre jeune héros. Sur Terre, celui-ci se pose de grandes questions sur sa mission de vie, et, accompagné de son amie qui deviendra religieuse et se passionne pour les anges, il le priera, cet ange gardien en qui il croit.

Et l’ange le guide après sa mort pour lui enseigner l’histoire des anges, depuis leur « naissance-création » par le Très Haut, le libre arbitre que Dieu leur laisse jusqu’à ce qu’ils comprennent leur mission d’ange, il lui explique brièvement la hiérarchie des anges qui n’est pas une hiérarchie au sens ou on l’entend sur terre, et lui montre comment Lucifer tourna le dos et fut chassé, privé de la lumière et de l’amour divin.

Certains aspects de la vie angélique reprennent ce que l’on connaît des anges à travers les écrits, et il serait intéressant de fouiller un peu plus pour comprendre d’où viennent les informations délivrées sur ces êtres de lumière. L’auteur propose en fin de romans, quelques livres que je vais me procurer. En attendant ce roman ressemble à une sorte de documentaire prévu pour interpeller les jeunes et les amener à la pratique du christianisme, si maintes religions ont pour messagers, ces doux êtres, il n’est question dans cet ouvrage, que du Dieu des chrétiens, de la vierge, du christ et quelque part, tout semble écrit à l’avance. On y retrouve un certain manichéisme avec le récit sur Lucifer qui occupe une place importante du récit à la base du mal sans lequel le bien ne peut exister. J’aurais préféré qu’il explique plus amplement le rôle de l’ange gardien.

J’ai lu ce roman comme une mythologie qui, approfondie aurait constitué un récit grandiose. Je laisse là à regret, abdiel, Raphaël, Uriel car j’ai trouvé très doux de me retrouver parmi les anges, un moment de douceur en ce bas monde.

 

mardi 27 mai 2025

 J'aurais voulu












Olivier Tallec

Ed Pastel, 15/09/2021, 36 pages


J’ai vite attrapé cet album déposé par je ne sais qui sur mon bureau car il faut dire que la couverture, déjà, m’interpellait : dans un décor silvestre, un petit écureuil est assis sur une souche. Il a une tête assez comique avec ses grands yeux, mais à bien y regarder, il possède sur la tête, les bois d’un cerf, et le titre indique : « j’aurais voulu »… Un titre qui incite à la curiosité et qui invite à ouvrir le livre !

C’est donc l’histoire d’un écureuil qui aurait aimé être une autre créature. Assez sûr de lui, et c’est ce qui fait en partie le comique de la situation, il affirme que si on lui avait demandé son avis, il aurait choisi castor, et on suit désormais un écureuil à queue de castor qui imagine la vie de cet animal, pour finalement se rendre compte que la vie de castor, ce n’est pas si confortable ! Le castor n’étant qu’un exemple des projets de cet écureuil, ce petit animal si sûr de lui qui semble maîtriser la connaissance des animaux dont il voudrait prendre la place. Je tairai la suite afin de ne pas divulgâcher ! Mais sachez que chaque épisode nouveau qui s’ajoute dans l’histoire est source de franche rigolade si on met correctement le ton en le lisant et si on s’arrête sur les illustrations hilarantes. Je l’ai lu à ma classe en utilisant une webcam et j’ai obtenu l’effet recherché : grosse rigolade à la lecture du texte, et deuxième vague de rigolade en observant le détail des images. J’aime ces livres qui montrent aux enfants combien la lecture peut être divertissante.

Mais je n’arrêterai pas là cette chronique : avis aux enfants qui n’aiment pas leur vie, qui envie celle de leurs voisins et amis : ne cherchons pas à être quelqu’un d’autre, développons nos qualités et acceptons-nous tel que nous sommes. Je suis enchantée d’avoir découvert cet album !  

L’auteur, Olivier Tallec, a publié de nombreux d albums qui semblent bien délivrer à nos enfants d’autres messages pour les aider à grandir. Un auteur qui semble bien ne pas économiser son humour.

lundi 26 mai 2025

 Conque












Perrine Tripier,

Ed Gallimard, 22/08/2024, 208 pages




Perrine Tripier nous offre avec ce roman, un conte que l’on ne peut qualifier de merveilleux que grâce à une écriture faisant une large place aux descriptions posant un décor de rêve.  On oubliera également l’aspect intemporel du conte, les personnages principaux étant ancrés dans notre époque si l’on se fie aux indices matériels que l’on rencontre ici et là au fil de l’histoire, et le groupe humain qui fait l’objet des recherches archéologique se situant dans un passé relativement lointain (plusieurs milliers d’années), si l’on prend en compte le titre lié à la présence de conques, instruments de musique anciens comptant parmi les premiers instruments à vent.

Ce qui peut paraître extraordinaire dans ce récit, c’est la mise en présence d’une historienne spécialiste des peuples de la mer qui évolue avec son temps, dans une société moderne, et d’un empereur que mon esprit a rapidement transformé en une espèce de Viking à la longue chevelure rouge, un géant despote auquel chacun est soumis et nul ne résiste, mégalomane qui cherche une identité, qui montre une volonté de créer cette identité afin d’asseoir son autorité.

Et c’est sur un chantier où l’on entreprend des fouilles que Martabée l’historienne se verra embauchée voire achetée afin d’officialiser et de confirmer l’existence des Morgondes, fier peuple de la mer, maîtres des océans et des créatures évoluant dans ce milieu. Et l’on progresse avec l’historienne, au gré d’une histoire fabuleuse, l’histoire d’un peuple puissant et ingénieux, jusqu’à ce que des découvertes gênantes surviennent et montrent que parfois, on réécrit l’histoire, on occulte la réalité. Le roman nous ramène alors à l’histoire de l’humanité et son cortège de faits que l’on s’arrange pour faire tomber dans l’oubli.

Par certains côtés, le récit rappelle l’ancien régime et la façon dont un peuple peut être abreuvé de taxes en tous genres, on pouvait donc penser à un soulèvement. Mais l’empereur est tout puissant ce qui nous réserve une surprise finale.

Notre héroïne tardera à montrer son ressenti, se vautrant dans le luxe, s’exprimant peu, fuyante, ce qui ne la rend pas très sympathique bien qu’elle fasse preuve de courage et l’humanité dans le dernier quart du roman.

L’écriture de l’autrice, j’ai pu l’apprécier lorsqu’il s’agissait d’une demeure dans son premier roman, les guerres précieuses, et cette écrivaine m’a beaucoup amusée lorsqu’à une rencontre des 68 premières fois, elle a affirmé apprendre à ses élèves, comment saupoudrer le texte d’adjectifs qualificatifs. Toutefois, je pense que trop de description tue la description et a provoqué chez moi une overdose d’adjectifs. J’ai trouvé que ce « saupoudrage » avait pour effet de diluer le texte, allonger une lecture et faire taire les sensations qu’auraient dû générer les découvertes sur le site archéologique. Les seuls passages dans lesquels les adjectifs étaient nécessaires étaient sans doute ceux qui mettaient en relief le luxe et l’opulence du souverain.

Je ne regrette pas cette lecture, mais je reste sur ma faim face à ce 

récit au relief que je juge insuffisant et qui n’a pas vraiment émue.

jeudi 15 mai 2025


Le silence des agneaux












Thomas Harris,

Ed Albin Michel, Livre de poche, 1/01/1992, 384 pages


Hannibal Lecter, je connaissais de nom, sans toutefois situer le personnage. Quelle ne fut pas ma surprise de me retrouver en contact avec cet individu savamment créé, aux qualités et aux défauts minutieusement dosés pour faire de l’effet au lecteur : Prodigieusement intelligent, ce qui provoque la crainte voire la terreur des policiers, gardes et autres prisonniers, prodigieusement énervant, extrêmement dangereux et psychopathe à souhait et très cultivé. Pas étonnant qu’une jeune policière dénommée Clarice, plutôt taciturne, plutôt débutante, soit mise en valeur dès le début pour ses compétences en communication, bien que ce ne soit pas gagné avec un prisonnier de la trempe de Lecter !

Par ailleurs, du roman, j’ai aimé les interventions musclées quoique rares, le pied de nez à ceux qui se croient au-dessus du lot, particulièrement Chilton que l’ambition amène à commettre la lourde erreur qui induira la suite aux conséquences gravissimes.

La trame du roman est classique : tueur en série, enlèvement de jeunes femmes, enquête et recherche d’indices, souvent délivrés au compte-goutte par le dangereux psychiatre dont on ne doit s’approcher sous aucun prétexte.

Et puis notre commandant, triste sire qui a une bonne raison de se montrer renfermé et peu enjoué.

Pas d’ennui dans ce livre grâce à une alternance de personnages : Hannibal, Jame Gumb le deuxième psychopathe, les actions de la police, les rencontres entre Crawford et Clarice, les découvertes macabres qui surviennent.

Je suis ravie d’avoir lu ce classique, toutefois les descriptions de certains personnages laissent deviner aisément la suite et une fin sans surprise.

J’aimerais à présent connaître la suite, car s’il y a bien un dénouement au silence des agneaux, la fin laisse supposer une suite. Je commence donc à regarder les romans suivants afin de faire grossir ma PAL (qui n’en peut déjà plus…)

Je dispose à présent du film, aurai-je le courage de la regarder jusqu’au bout ? Avec le livre, c’était facile de créer des images pas trop perturbantes dans ma petite tête, mais là, les images je devrai les recevoir sans censure… Je pense tout de même, même si le film me semble bien hard, braver mon appréhension, habituée que je suis à lire d’horribles scènes offertes par mes auteurs de thrillers préférés.

jeudi 8 mai 2025

 

La maison sans souvenirs










Donato Carrisi

Ed CALMANN LEVI, 12 octobre 2022, 352 pages


Si j’ai apprécié l’ensemble du roman, c’est qu’il comporte une bonne part de mystère et de suspense, j’ajouterais même du « fantastique », car si l’hypnose a de grands pouvoirs, le contrôle de multiples esprits par un individu est heureusement impossible, Donato Carrisi nous invite alors à découvrir quels seraient ses méfaits.

Le héros, Pietro Gerber, dont j’ai fait connaissance en 2020, est un personnage qui force le respect : intelligent au point de découvrir assez facilement les codes et les indices qui lui permettront d’avancer dans ce travail d’enquêteur auquel il est contraint, recueilli et concentré, faisant preuve d’une grande maîtrise de ses émotions, avec ses fragilités, un passé lourd d’événements qui pèsent sur son présent, un acharnement pour résoudre les différentes énigmes qui laisse peu de place à son bien-être. Toutes ces qualités mêlées à un suspense grandissant, au récit de l’intrus qui s’invite dans les esprits, au danger grandissant pour la victime, un enfant qui ne s’exprime que sous hypnose, un bon moment d’effroi vécu à une certain moment de ma lecture et l’aspect très psychologique du roman ont fait de ce livre, à mon point de vue,  un excellent page-turner.

Malheureusement, je n’ai lu cette suite de la maison des voix qu’un an après l’avoir acquis, et donc deux ans après le premier tome, et d’Hanna Hall qui ressurgit dans ce roman, il ne me reste que quelques bribes de souvenirs, du passé de Pietro, il ne me restait rien non plus, j’ai donc trouvé les passages dans lesquels l’auteur ramène le passé du psychologue un peu longs.

Le nombre d’étoiles que j’ai attribué à ce livre provient d’une déception finale qui ne devrait pas en être une : la fin appelle à la lecture du roman suivant qu’il va falloir attendre et les réponses aux questions que l’on se pose en tant que lecteur seront différées. J’espère ne pas oublier l’essentiel de l’intrigue avant de lire la suite !

 

 

dimanche 27 avril 2025

 

Six versions

Les orphelins du Mont Scarclaw




 








Matt Wesolowski,

Ed Les Arènes, 12/01/2023, Point, 5/04/2024, 312 pages


J’ai apprécié de découvrir un thriller dont la narration me semblait originale, un peu comme ces romans chorals dont les protagonistes expriment leur version des faits. Les faits paraissent simples : Harry Saint Clair Ramsay, propriétaire des lieux, découvre sur le mont Scarclaw dans le nord du Royaume Uni, le corps d’un jeune homme, Tom Jeffries, noyé dans les marécages. Les investigations aboutissent à une probabilité d’accident et s’arrêtent là.

Quelques dizaines d’année après, Scott King, réexamine le dossier et livre les informations dans un podcast intitulé « six versions », pour les besoins duquel il interroge les adolescents, devenus des adultes, sur les faits. On apprendra au fils des interviews, les faits et geste de chacun, leur tempérament, la vie de leur groupe, on y verra mêlé, les personnages secondaires.

Il est intéressant après le témoignage d’un personnage, de lire la vision d’un de ses pairs et d’essayer de se faire une idée d’un fait rapporté par le principal concerné.

Pour pimenter ce récit, l’auteur y inclut du fantastique, une créature dont on ne connait pas vraiment la nature : bête ou femme, terrifiante dite Nanna Varech qui ponctue le récit et semble omniprésente.

Toutefois j’ai trouvé la lecture parfois longue, particulièrement lorsque Scott King commente les témoignages, ce qui pourtant est important pour respecter la forme de podcast que prend le roman, et affiner les informations livrées par les protagonistes. J’ai eu tout de même hâte de percer ce mystère bien que le suspens m’ait paru un peu dilué dans cette mer d’informations diverses. Des informations qui auraient dû me mettre sur la piste car le dénouement m’a paru évident, c’est sans doute l’une de facettes du génie de l’auteur : occulter des informations en se servant d’autres informations, le plaisir n’en est que plus grand en fin de lecture.

Un roman pas simple à lire et capable de vous faire passer de bons moments de lecture.

 

mercredi 23 avril 2025

 Le livre d’Anna












Madeline Roth

Ed La fosse aux ours, 16/03/2024, 114 pages


Anna fête ses dix-huit ans. Sa mère lui remet les carnets qu’elle a écrits depuis sa naissance, racontant des détails de sa vie de bébé, de jeune enfant, d’adolescente, livrant à sa fille ses joies, ses soucis, ses espoirs, son amour. A nous, lecteurs, elle offre son expérience de mère, ses doutes, les manques qu’elle ressent concernant cette famille monoparentale qu’elle a d’abord souhaitée, et qui évoluera en générant quelques difficultés.

Ce roman m’a aspirée dans les premières pages, peut-être parce qu’il m’a ramenée à ma propre découverte de ce que pouvait être la maternité et les premiers temps avec un bébé, ce que l’on ressent en les regardant grandir, mais hélas j’ai commencé à trouver la lecture un peu longue vers le milieu, me disant que cette littérature n’est pas pour moi.

Je reconnais toutefois que ce journal est rempli d’amour, de douceur et de tout ce qu’une maman est capable de donner à son enfant. J’ai trouvé très beau, ce geste d’écriture, cette preuve d’amour par le biais de carnets qui seront remis à sa fille parvenue à l’âge adulte. Ne devrait-on pas tous agir ainsi pour transmettre à nos enfants, notre expérience de parents ?

Si le début peut paraître mièvre car se déroulant dans un milieu ou règne le calme et l’entente, on s’apercevra rapidement que nous ne sommes pas dans le monde des bisounours.

J’ai tout de même découvert là, un beau récit plein de sincérité.

 

mardi 22 avril 2025

 

Moi, Tituba, sorcière












Maryse Condé

Ed Folio, 13/09/1988; 288 pages


C’est grâce à la plume magnifique de Maryse Condé que j’ai fait connaissance de Tituba, dont ne subsistent que quelques informations aujourd’hui. Tituba serait née avant les années 1670 quelque part en Amérique du sud et aurait été amenée à la Barbade après avoir été vendue comme esclave, puis rachetée par un Pasteur, Samuel Parris et emmenée à Salem dans la région de Boston.

A quelques détails près, l’autrice raconte sa vie dans un récit certainement proche de la réalité, du moins ce qu’on en connaît. Quel parcours difficile que cette route de souffrance de l’esclave ! Maryse Condé s’est attachée à cette femme à la situation certainement représentative de la condition des esclaves au XVIIème siècle, mettant l’accent sur la pratique religieuse des blancs qui n’est aucunement basée sur l’amour du prochain mais sur le pouvoir que confère l’appartenance à une communauté dominante, l’effacement de la culture des Africains assimilés à du bétail, coupables désignés de tous les maux, ce qui s’avère confortable pour les maîtres.

Maryse Condé présente une femme dont on suit la vie avec grand intérêt, une femme qui avance à coup de machette dans la vie, une femme bonne, aux qualités multiples, bien surprise de se voir qualifier de sorcière, terme qu’elle semble à peine connaître, une femme aimante pour les hommes qu’elle croisera sur son chemin, des individus souvent peu scrupuleux qui semble bien résumer la vision des hommes de l’écrivaine, sans généralisation toutefois.

L’autrice mets également l’accent sur le puritanisme des chrétiens, leur vision manichéiste de la vie, leur peur du malin omniprésent dans le quotidien, et dont ils se déchargent sur tout ce qui ne leur ressemble pas et qu’ils éliminent de leur esprit à coup de confession et de prière.

La question que je me suis posée tout au long du roman : Tituba est-elle une sorcière ? La réponse est une question d’appréciation de ses actions. Si on considère qu’elle est capable de « dits » sortilèges que je laisse aux futurs lecteurs de ce récit le soin de découvrir, on affirmera qu’elle remplit les conditions qui en font une femme capable d’agir sur les éléments et les individus. Sa volonté, tout au long de son parcours, de soulager, de guérir, d’apporter la paix avec les moyens à sa disposition dans la nature et quelques qualités indispensables à son travail, telles la psychologie et l’intuition n’en font une sorcière que par rapport à une époque donnée, une époque où ce que l’on n’expliquait pas était l’œuvre du diable et les sorcière leur instrument.

Ce roman fait partie de mes pépites de cette année, je me suis laissé bercer doucement par cette merveilleuse autrice à l’écriture à la fois douce, ferme et ciselée. C’est le deuxième roman que je lis, le premier étant rêves amers que j’ai également beaucoup aimé. Je ne compte donc pas m’arrêter là !

 

dimanche 20 avril 2025


Ajouter de la vie aux jours

 

 











Anne-Dauphine Julliand,

Ed Les Arènes, 10/10/2024, 137 pages


Ce livre m’a été conseillé parce que je subis actuellement une épreuve douloureuse, et je me suis empressée de me le procurer. Je me suis vite aperçue que face à la souffrance éprouvée par l’autrice, je devais relativiser autant que possible. Quelle belle personne que cette femme qui n’a pas hésité à partager sa souffrance, que de larmes a -t- elle dû verser, que de force de caractère a-t-elle dû se forger pour enfin entrevoir de la lumière dans sa vie.


Si parfois, certains passages sont difficiles à supporter, notamment sur l’absence ressentie à certaines occasions où l’habitude voulait que ce fils, mort la veille de ses 18 ans, soit présent aux côtés de ses parents, d’autres appellent au soulagement, il s’agit pour moi de tous ces passages dans lesquels on sent à quel point la vie reprend le dessus, où, passées quelques étapes du travail de deuil, ses défunts deviennent partie intégrante de sa personne, où elle comprend aussi que bien des bribes de vie qui se présentent  constituent de beaux instants de bonheur, que chaque jour amène son lot de bien-être, que vivre pleinement un jour qui ne ressemble jamais au lendemain qu’il est inutile d’envisager, peut offrir la sérénité à qui veut bien l’accueillir. Son cocktail : accueillir le beau, l’agréable, ne pas chercher à lutter contre son ressenti, prendre soin de sa personne, loger dans l’écrin de son cœur, ceux que l’on a aimés pour qu’ils y restent vivants à jamais. Quel parcours !

 

À travers cet écrit, Anne-Dauphine Julliand nous aide à comprendre que nous possédons tous des ressources pour faire face à l’inconcevable bien que pour cela, il faille cheminer et que la route s’avère  chaotique, semée d’épreuves et demande du courage, de l’abnégation lorsque l’on doit exister et agir pour ceux qui restent, on imagine bien que des épreuves que la vie nous réserve, on puisse sortir grandi.


lundi 14 avril 2025

 

L’île des souvenirs

 










Chrystel Duchamp

Ed de l'Archipel, Livre de poche 24/01/2025, 288 pages


Ce thriller psychologique me laisse perplexe. Si je me suis réjouie en découvrant le récit aux allures de thriller classique si l’on peut qualifier de la sorte un thriller, avec son lot de flics aux tempéraments variés, les investigations dans le voisinage, les alibis des proches, l’intervention du médecin légiste quasi divertissante si on considère le comportement et l’humour du personnage, l’enquête qui stagne… toutefois la deuxième partie montre une rupture après la présentation du crime et l’enquête et je dois avouer que je me suis un peu ennuyée face à cette présentation des nouveaux intervenants, de leur parcours et de cet aspect documentaire que prenait le roman.

Il s’agit donc pas que d’un roman policier, mais d’un écrit qui expose les méandres du cerveau et de la mémoire montrant comment son fonctionnement offre des possibilités de manipulation sur les individus. Un roman malgré tout bien ficelé.

La dernière page m’a mise très mal à l’aise, je me suis demandé si je devais saluer le génie de l’autrice ou me sentir à la fois culpabilisée et piégée. Cela a quelque peu atténué le plaisir de lecture que j’avais éprouvé dans la première partie. Dans quel but Chrystel Duchamp nous sert les trois dernières lignes. Serait-ce de la dérision, une farce montrant sa capacité à bluffer le lecteur ? Je n’y répondrai pas, mais vous, qui passez par cette chronique, vous trouverez peut-être des éléments de réponse.

 

jeudi 10 avril 2025

Un avenir radieux













Pierre Lemaître

Ed Calmann Levy, 21/01/2025, 592 pages



J’ai été enchantée de retrouver les personnages de Pierre Lemaitre attendus depuis un certain temps et de les apprécier d’autant plus que je les connaissais bien. L’auteur les a façonnés et amenés avec leurs défauts, leurs qualités, leur tempérament, et ce qui m’a amusée, c’est que face à une situation donnée, j’ai pressenti les réactions de chacun des adultes face à diverses situations. Les enfants, on les a vus grandir, principalement Colette, cette petite fille à peine éduquée par une mère toxique, aimée de ses grands-parents, et qui au cours de ce tome, prend de l’assurance et saura nous surprendre !

Je me suis retrouvée plongée dans cette famille, qui, même si elle sort de l’ordinaire avec ses membres appelés à la célébrité, m’a simplement rappelé la mienne avec les liens qui se tissent entre les personnes, les inimitiés, les affinités, l’oubli momentané des différends dans les situations douloureuses, la solidarité qui s’exerce dans ce cas.

Comme dans les tomes précédents, l’auteur divisent son récit en sortes de volets qui se succèdent, ce qui brise habilement la monotonie d’un récit :

Le volet Geneviève, celui que je préfère, où il est question de cette femme manipulatrice qui peut paraître sotte mais qui se montre capable des pires calculs pour arriver à ses fins. Sa méchanceté m’a fait bondir à maintes reprises.

Le volet François, qui se retrouve malgré lui au sein d’une machination orchestrée par les services secrets, volet qui m’a souvent ennuyée, les services secrets n’étant pas au centre de mes intérêts.

Le volet des parents qui vieillissent et qui maintiennent le lien entre les enfants et leurs conjoints, une bien longue histoire à présent.

Ce livre m’amène à penser que j’aime les sagas, bien que je n’en ai pas lu énormément alors que je me rends compte que je m’éclate avec cette littérature.

Un regret, apparemment, il s’agit du dernier tome et je reste sur ma faim Par rapport à la situation d’un des personnages qui n’aboutit pas, peut-être n’était-ce pas prévu par l’auteur. Je suis disposée à en parler en MP, je serais curieuse de comparer mon ressenti avec celui d’autres lecteurs.