Nourrices
Séverine Cressan,
Ed Dalva, 21/08/2025, 272 pages
Une nouvelle pépite pour 2025 que
ce livre racontant un fait historique que je ne soupçonnais pas. J’ai pris une
claque en lisant ce roman.
Les femmes, de tout temps, ont
dû combattre pour accéder à la dignité, rien ne leur fut épargné.
Cette histoire commence
doucement, le livre nous absorbe dans une ambiance très douce grâce à une
écriture magnifique et entre les bras de mère Nature. Ambiance relaxante, profitons en, car on plonge très vite dans le quotidien de Sylvaine, mère d’un
petit garçon, et nourrice de Gladie qu’elle est allée chercher dans une famille
bourgeoise de la ville afin d’assurer la nourriture de la famille, son homme,
bûcheron vendant son bois n’amasse pas fortune, les femmes riches ne voulaient
ou ne pouvaient allaiter.
On comprendra comment Sylvaine
en arrive à vendre ses services de « laitière » : les femmes
sont réunies, tâtées, acceptée ou non par une organisation d’hommes (meneur, médecin)
secondés par la recommandaresse (recruteuse).
Les passages racontant cette embauche sont révoltants, les femmes sont devenues
du bétail, rassemblées dans la promiscuité, souffrant des montées de lait,
abaissées, humiliées.
Le trafic ne s’arrête pas qu’au
recrutement, les abandons de nourrissons sont fréquents, leur sort peu
enviable.
Peu d’informations sur la
période, entre le XVIIIème et le XIXème siècle, quant au lieu, quelques indices
disséminés dans le roman indiquent qu’on est en Bretagne, mais peu importe,
cette pratique connut son heure de gloire un peu partout en France.
Parmi les personnages, deux
montrent des qualités humaines : Sylvaine dont on ressent très fort la
fibre maternelle et Margot, dite la vieille, la guérisseuse, accoucheuse
dévouée que j’ai eu beaucoup de plaisir à retrouver au fil de l’histoire, elle
montre une belle expérience et une grande compétence avec les femmes qu’elle
prend en charge et elle se met au service de quiconque vient demander de l’aide,
belle âme vient en aide sans juger.
D’autres inspirent le dégoût :
le meneur qui profite de la pauvreté des femmes et le fermier que l’on
rencontre dans les chapitres en italique, passage qui racontent l’histoire,
sous la forme d’un cahier écrit par une jeune femme inconnue qui se dévoile peu
à peu.
Ce roman est magnifique, la
violence qui aurait pu être insupportable parce tirée de faits réels, est
adoucie par l’écriture, les belles descriptions de la nature, la bonté des
personnages principaux, le soupçon de magie qui saupoudre certains passages.
Un excellent premier roman qui
mériterait récompense !
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