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samedi 20 septembre 2025

 Nourrices

 











Séverine Cressan,

Ed Dalva, 21/08/2025, 272 pages


Une nouvelle pépite pour 2025 que ce livre racontant un fait historique que je ne soupçonnais pas. J’ai pris une claque en lisant ce roman.

Les femmes, de tout temps, ont dû combattre pour accéder à la dignité, rien ne leur fut épargné.

Cette histoire commence doucement, le livre nous absorbe dans une ambiance très douce grâce à une écriture magnifique et entre les bras de mère Nature. Ambiance relaxante, profitons en, car on plonge très vite dans le quotidien de Sylvaine, mère d’un petit garçon, et nourrice de Gladie qu’elle est allée chercher dans une famille bourgeoise de la ville afin d’assurer la nourriture de la famille, son homme, bûcheron vendant son bois n’amasse pas fortune, les femmes riches ne voulaient ou ne pouvaient allaiter.

On comprendra comment Sylvaine en arrive à vendre ses services de « laitière » : les femmes sont réunies, tâtées, acceptée ou non par une organisation d’hommes (meneur, médecin) secondés par la recommandaresse  (recruteuse). Les passages racontant cette embauche sont révoltants, les femmes sont devenues du bétail, rassemblées dans la promiscuité, souffrant des montées de lait, abaissées, humiliées.

Le trafic ne s’arrête pas qu’au recrutement, les abandons de nourrissons sont fréquents, leur sort peu enviable.

Peu d’informations sur la période, entre le XVIIIème et le XIXème siècle, quant au lieu, quelques indices disséminés dans le roman indiquent qu’on est en Bretagne, mais peu importe, cette pratique connut son heure de gloire un peu partout en France.

Parmi les personnages, deux montrent des qualités humaines : Sylvaine dont on ressent très fort la fibre maternelle et Margot, dite la vieille, la guérisseuse, accoucheuse dévouée que j’ai eu beaucoup de plaisir à retrouver au fil de l’histoire, elle montre une belle expérience et une grande compétence avec les femmes qu’elle prend en charge et elle se met au service de quiconque vient demander de l’aide, belle âme vient en aide sans juger.

D’autres inspirent le dégoût : le meneur qui profite de la pauvreté des femmes et le fermier que l’on rencontre dans les chapitres en italique, passage qui racontent l’histoire, sous la forme d’un cahier écrit par une jeune femme inconnue qui se dévoile peu à peu.

Ce roman est magnifique, la violence qui aurait pu être insupportable parce tirée de faits réels, est adoucie par l’écriture, les belles descriptions de la nature, la bonté des personnages principaux, le soupçon de magie qui saupoudre certains passages.

Un excellent premier roman qui mériterait récompense !

 

 

 

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