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mardi 9 février 2021

 Bénie soit Sixtine











Maylis Adhémar

Ed Julliard


 Quand j’ai résumé le début de ce roman qui m’a happée à une collègue, celle-ci m’a répondu : « mais c’est de la caricature ... ! ? » Hélas non, je peux en parler pour avoir côtoyé ce milieu : un groupe qui forme une secte au sein de l’église catholique, qui refuse Vatican II, des gens intolérants, qui voient le mal partout, des intégristes redoutables quant au harcèlement moral dont ils sont responsables sur la jeunesse.

 

C’est avec cette minorité que Maylis Adhémar commence ce récit passionnant. Sixtine, donc, sixième enfant de la famille Duchamp rencontre Pierre Louis Sue de La Garde au cours d’un mariage, alors qu’elle est assise à la table des célibataires (pratique courante dans ce milieu afin de provoquer quelques rencontres propres à marier des jeunes « comme il faut »), et ne tardera pas à se marier avec lui. (Je vous laisse découvrir les détails de cette rencontre et de cette union et de la nuit de noce qui suit).

Et voilà notre Sixtine mariée, rapidement enceinte, et prise dans le carcan familial des « Sue de La Garde », géré par une belle mère sectaire, peu ouverte à la négociation, et qui SAIT ce qui est bon ou pas pour ses ouailles.

Le mari Pierre Louis ? détestable, fidèle à l’éducation qu’il a reçue, on peut d’ailleurs se demander s’il est responsable ou victime de cette éducation assistée par les « Frères de la Croix » qui brandissent allégrement cette croix pour inciter à la haine et à la violence. Membre de la « milice », il se plaît à aller casser le gauchiste, molester le païen, pourfendre le musulman parce que son Dieu, c’est le vrai, le bon et lui, Pierre-Louis sorti de l’X, détient la vérité.

Sixtine quant à elle, est un bel exemple de la femme privée de liberté, comme toutes ses belles-sœurs qui ont fait des études pour ensuite tout abandonner et élever seules cinq ou si rejetons sans compter sur l’aide du père, et qui devront accoucher dans la douleur, dire "Amen" aux décisions du mari, de la belle-mère et se plier sans se plaindre.

Suite à un grave incident, Sixtine est accueillie chez belle-maman, séjour qui se passe mal pour la bru qui ne peut d’ailleurs pas non plus compter sur l’aide de sa propre mère...

 Alors Sixtine s’enfuit avec Adam, son bébé, elle se retrouve dans un village en Aveyron, intègre la communauté, fait connaissance d’une nouvelle paroisse, conserve sa pratique religieuse qui s’adoucit, réfléchit, observe, chemine, évolue, même si cela lui semblera bien difficile en raison du poids de l’éducation qu’elle a reçue, oscillant entre ses croyances et ses principes et la philosophie de ses nouveaux amis, gentils, tolérants, abusant souvent des agréments de l’existence sous forme de substances illicite ou pas, à l’attitude extrême en comparaison avec sa vie passée.

Et Sixtine se pose mille questions, troublée par ce qu’elle peut lire sur internet concernant son ex-communauté, perturbée par un secret de famille qu’elle découvrira (et qui se dévoilera eu lecteur tout au long du récit).

Ce merveilleux roman est l’histoire d’un accouchement dans la douleur et le doute, d’une naissance ou plutôt de la renaissance d’une jeune fille qui va s’ouvrir telle une fleur et commencer à goûter à cette vie qui lui était interdite, la vraie vie, la vie ordinaire, mais elle va devoir se reprogrammer et se libérer du prêt à penser qu’on lui a servi depuis son enfance.

Je me suis apaisée avec Sixtine tout au long de ce pèlerinage vers la liberté, un peu comme si j’avais pris sa place.

Un très beau premier roman, qui conduit à espérer que d’autres suivront !            

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