Vercoquin et le plancton
Boris Vian
Ed Gallimard coll l'imaginaire
Du grand
Boris Vian, surréaliste à souhait, ce qui ne peut surprendre quand on sait que
l’écrit fut confié à Raymond Queneau, alors directeur de la collection
« la plume au vent » de Gallimard, qui trouva ce récit « très à
son goût ». Hasard ou non, un des personnages principaux se nomme Zizanie,
peut-être Queneau s’en sera-t-il servi douze ans plus tard pour baptiser Zazie,
son héroïne du métro ?
Résumer … oui mais ? Est-ce bien utile ? car je pense
que l’histoire fait office de ligne conductrice pour organiser le désordre et y
greffer toutes sortes d’artifices littéraires.
L’ouvrage se divise en quatre parties durant lesquelles le Major
prépare une surprise partie à la mode de 1945, qu’il tombe amoureux de Zizanie,
qu’il s’ingénie à se débarrasser de Fromental de Vercoquin son concurrent, lui
aussi amoureux de Zizanie, qu’il doit demander la belle en mariage à l’oncle de
cette dernière, qu’il se retrouve engagé au Consortium National d’Unification
ou travaille l’oncle. Le roman se termine par une surprise-party comme on n’en
connut jamais de mémoire de danseur.
La première partie est légère, comique, polissonne, on swingue, on
boit, on se retrouve dans le baisodrome. On s’y met dans les situations les
plus cocasses. Cette première partie est fort divertissante : comique
généré par la surprise du lecteur, par l’absurde qui agrémente l’écrit :
ajout d’éléments divers dans le décor, dans les objets du quotidien :
bouteilles de Nansouk, cristal basané... dans les aliments : pyramides de
gâteau, cylindre de phonographe, carrés magiques, hautes sphère politiques …,
la présence d’un mackintosh (imperméable) apprivoisé vient ajouter
du comique de répétition tout au long des deux premières parties.
L’auteur y ajoute une sorte de guide hilarant sur la façon de se
débarrasser de ses concurrents dont le major se servira sans scrupule.
Les deux parties centrales contrastent avec le début :
lourdes, pénibles à lire, répétitives, et ce n’est aucunement un problème
d’écriture de la part de Vian, au contraire, il le fait exprès : des pages et
des pages de procédures, de paperasse administrative dans un univers de ronds
de cuirs, de fonctionnaires soit zélés comme Miqueut (sous ingénieur
principal), soit tire-au-flanc comme les autres, des réunions interminables
pour ne rien dire et surtout ne prendre aucune décision, belle illustration de
la lourdeur administrative, il faut également y voir une partie très
autobiographique, Vian ayant travaillé pour l’Association Français de
Normalisation.
Il paraît donc évident qu'il se moque ouvertement de
l’administration : dans cette partie, le major se voit engagé pour monter
un dossier sur les surprise-parties, tout cela pour obtenir de Miqueut, oncle
de Zizanie, le consentement au mariage du major et de sa dulcinée. On notera
que ce milieu de travail vient s’opposer au monde de fête et de distraction de
nos héros.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce roman, mais évitons de
trop dévoiler et laissons de la place pour la prose des babéliotes.
C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai retrouvé l’un des mes
auteur favoris capable de d’écrire du-grand-n’importe-quoi, révélant une
parfaite maîtrise de la langue de Molière.
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