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dimanche 25 août 2019


Si c'est un homme


Primo Levi
Ed pocket, Robert Laffont


C’est avec beaucoup d’appréhension que j’ai abordé ce témoignage devenu un  classique. Sensible à la question de la Shoah, j’estimais de mon devoir de le lire. Le début est certes difficile, Primo Levi arrive dans un milieu qui lui est étranger, espère encore que son ressenti aura un effet sur les individus qui l’accueillent, que dis-je, qui l’accueillent : non ! qui le réceptionnent comme un colis, le démunissent des quelques biens qu’il possède, le privent de toute pudeur, le parquent, refusent d’écouter sa faim, sa soif, sa douleur morale. 


Mais passé ces premiers chapitres insupportables qui confirment et rappellent combien les actions de ces soldats du troisième Reich sont à vomir, Primo Lévi se livre à une analyse de la vie du déporté toute en délicatesse, sans verser dans le pathos et susciter le voyeurisme du lecteur.  

Il se place à la fois en victime et en témoin, fait très peu allusion aux actions concrètes des SS, des kapos, ces personnes susceptibles d’apporter souffrance, peine, mort à quiconque ne respecterait pas les règles et braverait les nombreux interdits. 

On dirait qu’il gomme le sinistre décor pour ne laisser apparaître que ce qui, à ses yeux fut essentiel : la course à la survie, les combines pour se nourrir, s’habiller, lutter contre le froid, et garder sa dignité, insistant bien sur ce dernier point en démontrant que ceux qui avaient plus de chances de s’en sortir étaient les prisonniers qui, de par leur tempérament, parvenaient à prendre soin de leur personne, faire preuve de caractère sous peine de déshumanisation totale.

 Si l’auteur est parvenu à éviter d’immerger le lecteur dans cet enfer en apportant subtilement des informations implicites, cela ne m’a aucunement empêchée de retenir ma respiration en lisant certains chapitres sur le dispensaire, les sélections, les privations endurées par les prisonniers, il ne s’agit pas la d’un simple roman, les faits rapportés sont vrais, c’est bien difficile à imaginer et à croire !


Ce témoignage est ce que j’ai lu de plus complet sur l’univers concentrationnaire. Puisse cet écrit se transmettre de génération en génération, afin de perpétuer le devoir de mémoire.


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