Pages

lundi 16 juin 2025

 Un matin de septembre












Jérome Pigney

Ed des rond dans l'O, 29/08/2013, 116 pages.



Je n’ai pu apprécier cette bande dessinée qui m’a demandé trop d’efforts de lecture et de longs moments à essayer de reconnaître les personnages, le dessin manquant parfois de précision.

Je n’ai pas compris, dès le début, le rapport entre le professeur de sculpture et ses grands principes, Alexandre, le personnage principal et la suite de l’histoire. L’auteur a sans doute souhaité introduire son personnage de cette façon. Puis on apprend que notre héros doit récupérer un sac de cassettes, information qui émane d’un quidam non présenté, qui arrive de nulle part, et il en est ainsi pour nombre de personnages, de situations, de chapitre en chapitre, il faut à nouveau se creuser pour trouver l’information qui permettra de poursuivre cette histoire décousue. A titre d’exemple, Alexandre et un ami de Paul évoquent un accident qu’aurait eu Paul, information émanant sans doute des cassettes, on ne comprend donc pas de quel accident il s’agit, l’information arrive bien après dans le récit, le lecteur n’étant absolument informé du contenu des cassette que par bribes.

Je crois comprendre qu’Alexandre écoute le témoignage de Paul, dernier compagnon de sa défunte mère, et il ignore tout des circonstances du décès de celle-ci. Il se lance à la recherche des personnes capables de lui raconter l’histoire, quelle histoire, je ne saisis pas vraiment, l’histoire de Paul ? Celle de sa propre mère ? Je crois que je vais arrêter là cette chronique car je m’y perds.

J’ai poursuivi jusqu’à la fin, espérant comprendre, mais rien à faire. J’ai mis un certain temps à parvenir à la fin après maints retours en arrière pour essayer d’y voir plus clair, relisant les cartouches pour vérifier que je n’avais rien manqué…

Histoire confuse et sans intérêt, sensée rappeler la tristement célèbre date du 11 septembre 2001, que l’auteur effleure sur trois pages en fin d’ouvrage pour analyser ensuite les conséquences sur ce personnage fantôme qui témoignera avec ses cassettes.

Je ne sais même pas si cette critique est vraiment limpide où si elle est le reflet de la bande dessinée.

Beaucoup d’énergie dépensée pour peu de satisfaction ! Je suis très déçue, le titre m’avait donné envie de me plonger dans cette histoire. Dommage !

mercredi 11 juin 2025

 Un éclat rouge











Clémentine Biano,

Ed Calman Lévy, 16/10/2024, 256 pages.


J’ai vraiment beaucoup apprécié ce beau roman bien qu’il raconte une histoire plutôt triste. L’histoire de Jeannot, le narrateur, qui, dès les premières pages avoue avoir tué son petit frère. On comprendra rapidement qu’il s’agit d’un accident mais les circonstances de cet accident, l’autrice les garde pour la fin.

La façon de raconter de Jeannot peut sembler humoristique au début, puis l’on comprendra que cet enfant de dix ans vit des moments terribles. Sa mère, convaincue de le protéger et évoquant les grosses difficultés que rencontrerait son fils si un tel secret était découvert, parvient à obtenir le silence du père, silence qui ne sera pas sans conséquences sur l’ambiance familiale. La famille essaie de vivre, mais les non-dits provoquent de lourdes tensions que l’enfant-narrateur ressent toujours plus fortes. On apprend que suite à cet accident, l’enfant est devenu muet et s’exprime en utilisant un carnet et une crayon.

Puis survient Charlotte, venue de Paris avec son père, psychiatre, lumière dans la nuit de Jeannot, distraction dans ce village des années 50 où il ne se passe rien, où tout événement anodin devient affaire d’Etat, où la méfiance est de mise puisque la mère raconte aux gendarmes que l’enfant a aperçu un individu qui rodait dans le secteur de la ferme où vit cette famille.

On ne peut que s’attacher à ce petit Jeannot plein de vie, d’imagination et de ressources, de persévérance, on le constatera dans la deuxième moitié du récit.

Ce roman est un coup de cœur pour moi, parce qu’il donne au lecteur, l’occasion de côtoyer un enfant dans le monde des adultes, avec sa façon de voir les choses, de se poser mille questions, de partager ses observations en toute innocence.

Ce roman invite à observer les comportements des adultes face à la lourde épreuve que constitue la perte d’un enfant. Certains auront un comportement révoltant qui n’épargnera pas notre héros.

Le suspense n’est pas absent, le roman évolue de façon très intéressante vers un bouquet final et une fin satisfaisante.

Je suis heureuse d’avoir fait, grâce aux 68 premières fois, cette belle découverte. C’est une lecture que je ne peux que conseiller.                                           

dimanche 8 juin 2025

 

Les enfants de Buchenwald












Dominique Missika, Anaïs Depommier

Ed Steikis, 24/04/2025/ 132 pages


Je salue le travail fourni pour donner le jour à cette magnifique bande dessinée : documentation, dessin extrêmement précis, riche en détails, recherche jusqu’aux langues parlées par les personnages. … c’est en partie ce qui m’a permis de rentrer de suite dans ce scénario.

Nous sommes à la fin de la deuxième guerre mondiale, dans le camp tristement célèbre de Buchenwald, blocks 8 et 66 : la résistance intérieure du camp est parvenue à isoler les enfants pour tenter de les protéger de la violence.  

Et ce sont mille enfants qui seront libérés par l’armée américaine en 1945. Libéré est un terme peut-être vain : on constatera par la suite combien ces enfants, orphelins pour la plupart, ayant perdu leurs parents dans ce camp, ou à Auschwitz, sont marqués à vie : à vif, réagissant à leur façon aux informations en tous genres qui leur parviennent, réaction de colère lors de la visite de la ville de Weimar en constatant la richesse des logements des nazis, envie de tout détruire, impossibilité de retrouver des habitudes qu’ils avaient lorsque leur parents étaient présents, repères perdus, colère qui ne les quitte pas pour certains, soif de vengeance, voire dépression, sans compter les mauvais souvenirs qu’évoquent certains objets ou nourritures, comportements paranoïaques, tout cela indique à quel point les personnes travaillant pour  l’OSE, Œuvre de secours aux Enfants ont dû faire preuve de patience et de dévouement pour aider ces jeunes à se reconstruire.

Un livre très intéressant, d’autant plus que la documentation sur le problème de l’après déportation existe tout en étant plus rare que les ouvrage sur les camps et les épreuves que l’on y subissait.

Les autrices saluent également le travail des personnes qui se sont activées pendant et après la guerre pour venir au secours des enfants, premières victimes des conflits, enfants de la guerre civile espagnole, enfants ayant fui l’Allemagne avant la guerre, enfants de l’après-guerre, médecins dévoués à la cause juive : Françoise Brauner, Gaby Cohen, Judith Hemmendinger (autrice de l’ouvrage : Les enfants de Buchenwald en 1984), Fanny Loinger, les docteurs Isia Malkin et Gaston Revel, Marc Rosen. Héros sans lequel auraient fait un retour à la vie chaotique, car c’est leur amour sans faille qui les a sauvés.

L’épilogue montre à quel point ces intervenants eurent un rôle important dans leur renaissance.

Une partie documentaire en fin d’ouvrage permet de faire plus ample connaissance de ces personnes. Je conseillerais de lire cette partie avant de commencer le livre, elle permet de situer les personnages lors de la lecture.

Un magnifique travail à mettre entre toutes les mains !

mercredi 4 juin 2025

 Un rude hiver












Raymond Queneau,

Ed Gallimard, 5/05/77 (écrit en 1939), 182 pages


Do you speak english ? oui ? vous devriez donc pas mal vous débrouiller à la lecture du roman de Raymond Queneau, un rude hiver, un Raymond Queneau que l’on connaissait jusque-là comme le bidouilleur du français avec ses délicieuses et volontaires erreurs orthographiques, s’est aussi amusé, et je l’apprends avec ce récit, à nous servir un anglais comique à souhait : « Zey lâffe bicose zey dou notte undèrrstande » en est un bel exemple, et il faut parfois relire ses expressions pour comprendre, les yacht deviennent des yotes,  et à part quelques mots ou expressions françaises déformés, on découvre, ces originalités langagières avec toujours un peu de surprise, puis on continue à lire en espérant en rencontrer encore. Sauf si on n’aime pas le style Queneau.

Le roman en lui-même n’est pas censé être hilarant : il raconte l’histoire, en pleine première guerre mondiale, de Bernard Lehameau, officier habitant le Havre, revenu du combat car blessé à la jambe, qui est veuf et mène une vie assez monotone, entre Mme Dutertre, libraire quasi en faillit, son frère chez qui il se rend chaque Dimanche après la messe, et avec qui les tensions et les désaccords s’expriment, deux enfants dont il a fait connaissance dans la rue.

Queneau compose ce roman en utilisant la répétition : pour un effet comique dans les dialogues, pour ajouter à son récit, un brin de poésie et structurer son roman en y campant personnages que l’on retrouve périodiquement.

Le rude hiver, c’est la vie de de Lehameau, un long hiver : perte de sa mère, de sa belle-sœur et de sa femme, blessure à la guerre, amoureux de Miss weeds, sa vie monotone se poursuivra durant ces années 1916-1917 marquée par son pessimisme.

Il y aurait dans cet écrit, quelques éléments biographiques, je n’ai pas fouillé cette question, ne connaissant pas suffisamment la biographie de Queneau, Queneau dont j’ai toujours aimé le style, Queneau qui sort des sentiers battus, qui joue avec la langue, qui fait sourire et se montre capable de rendre légère une tragédie que l’on ne ressent alors plus comme telle.

Ce roman ne vaut certainement pas les fleurs bleues que j’avais adoré, mais il se lit très bien, aucune longueur, aucun ennui.