Les contes de la bécasse
Guy de Maupassant
Ed livre de poche, 170 pages.
Le vieux baron des Ravots, grand amateur de chasse, organise
des diners auxquels il convie ses compagnons chasseurs. Seront servies les
bécasses issues de la chasse et un rituel désigne l’heureux convive qui pourra
déguster les têtes de ces oiseaux. Le sort l’ayant désigné, l’heureux élu doit
raconter une histoire à l’assemblée présente. C’est là le fil conducteur de ce recueil
de nouvelles.
Un recueil d’histoires captivantes, qui ressemblent à celle
que les anciens pouvaient se raconter au coin du feu, à la recherche de la
sensation forte, de la peur qui épice les histoires, des dernières nouvelles d’autrui,
d’un certain commérage, du constat des défauts de nos pairs… Ces nouvelles s’inscrivent
dans le mouvement du réalisme qui exige une description des individus regroupés
en classes sociales, les mettant en scène et décrivant leur quotidien, incluant
dans les dialogues, leur dialecte lorsqu’il s’agit de personnes issues des
classes ouvrières. Les contes de la bécasse mettent en évidence les travers de
la société, les grivoiseries des hommes, les défauts des uns et des autres, les
croyances, la folie.
A titre d’exemple, l’un des premiers récit, Pierrot, met en
avant l’avarice et la cruauté des individus,
La peur montre les superstitions et la folie qui s’empare d’une
famille, on peut y voir une présence active de l’auteur qui, atteint de syphilis,
transmet ses hallucinations aux lecteurs. Cette histoire n’est pas sans
rappeler le Horla, cette longue nouvelle décrivant un individu qui sombre dans
la démence.
Un Normand, un fils, les sabots semblent bien dénoncer la
condition de la femme soumise à la volonté masculine.
Mais Maupassant ne se contente pas de décrire, on le sent
omniprésent dans ses écrits. Il suffit de consulter sa biographie pour
comprendre. La nouvelle, un fils, peut être considérée comme quasi
autobiographique puisqu’elle rappelle les enfants que l’écrivain n’a jamais
voulu reconnaître.
La dernière nouvelle, l’aventure de Walter schnaffs, est une
dénonciation de la guerre qui dégrade et avilit l’homme.
Mais ces considérations littéraires ne sont pas
indispensables à la lecture, on peut découvrir les nouvelles avec la curiosité
d’une personne qui écoute des contes, chacune d’elles renfermant un suspens de
courte durée, sachant que le dénouement est proche, des nouvelles tantôt
angoissantes, tantôt comiques ou encore attristantes voire révoltantes.
J’ai choisi ce recueil parce que mon professeur de français
nous avait demandé de la lire et que je n’ai pas dû beaucoup l’ouvrir à l’époque.
Je me rattrape donc plusieurs dizaines d’années après. Mieux vaut tard que
jamais !
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