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mardi 6 avril 2021

 

Une journée d'Ivan denissovitch












Alexandre Soljenitsyne

Ed Pocket



Mars 1953, Staline mourrait. Nikita Kroutchev divulgua un rapport secret dénonçant les abus du stalinisme. C’est dans ce contexte qu’Alexandre Soljénistsyne écrit ce court roman qu’il laissa de côté. Puis il confia le texte à Tvardovski, alors directeur de la revue Novy Mir qui obtient de Nikita Kroutchev la publication du texte. C’est là une réponse à la question que je me suis posée tout au long de cette lecture : comment avait-il pu éditer un tel écrit même en dehors du stalinisme et pendant la période d’un régime communiste s’opposant à toute liberté.


Il est vrai que le texte paraît blanchi et auto-censuré, le héros, Choukhov, semblant s’être accommodé de la vie imposée dans ce goulag par -27°C, sans aucune plainte, obligé à travailler dans de mauvais vêtements, dépendant de ses pairs réunis en brigade à des fins d’autodiscipline, car un zek qui ne respecterait pas le règlement conduirait toute la brigade à la punition, privée de repas ou mise au mitard. Peu de violence physique dans ce roman, à part justement à l’égard d’un moldave qui met l’ensemble des prisonniers en retard avant le retour vers le camp où ils pourront enfin se reposer, violence qui se libère de la part des prisonniers. Les autres scènes plus violentes concernent une violence verbale des gardes envers les zeks.


La violence de cette captivité, l’auteur nous la laisse deviner : réveil à l’aube, rassemblement, fouille, obligation de se dévêtir partiellement en s’exposant aux rigueurs du froid, travail de l’aube au soir, dans des conditions inhumaines, tant du point de vue du matériel, que de la charge de travail, nourriture insuffisante...


La journée du prisonnier apparaît longue, très longue, parce que Soljénitsyne fait durer chaque moment de la journée en y introduisant, par soucis de vérité autant que pour mettre en évidence la longueur du travail quotidien, d’éternelles négociations : sur l’entente durant les travaux, sur la nourriture, sur la fouille des colis envoyés aux zek, sur l’histoire individuelle des prisonniers, sur le vécu et le ressenti de chacun à divers moments de la journée.


Si le texte fut en partie censurée par le régime et par l’auteur lui-même, on perçoit aisément les abus du régime communiste : prisonniers arrivés là pour trahison car ils ont été faits prisonniers par les allemands et se voient attribuer la mention « espion » dans leur dossier, mais aucune possibilité de révolte ne s’offre à eux.


Un écrit intéressant d’un point de vue historique, qui m’a permis de découvrir un auteur de renommée internationale que je ne connaissais pas.

 

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