La parole perdue
F. Lenoir, V Cabesos
Livre de poche, Albin Michel
J’ai à la fois beaucoup apprécié ce roman tout en me sentant mitigée. Je
pense que l’un n’empêche pas l’autre. J’ai adoré le roman historique que nous
offre l’auteur, particulièrement le récit du parcours de Livia, jeune femme à
la destinée à la fois tragique et heureuse, qui bien qu’esclave, a pu exercer son
art de parer les femmes de la haute société romaine, exprimer ses idées lors d’intéressantes
conversations avec son dernier maître, philosophe ouvert. Si l'on peut qualifier ce parcours d'heureux pour une esclave, sa situation fut moins réjouissante si l’on
considère la perte de sa famille, de ses amis, chrétiens suppliciés sous Néron,
si on réalise que jamais elle ne put pratiquer la religion de ses pairs, que
jamais elle ne put confier le secret dont elle était l’unique détentrice :
le seul message connu pour avoir été écrit par le Christ lui-même.
J’ai aimé les faits historiques, la succession des empereurs, la politique
romaine, les descriptions de la société de l’époque, et la bonne moitié du
roman consacrée à Pompéi, les descriptions d’une ville de rêve avant que n’arrive
ce terrible 24 août 79, puis le récit d’une catastrophe sans précédent qui aujourd’hui encore frappe les esprits. Ce jour funeste est très bien décrit et on réalise bien la terreur de la population lors de la colère du Vésuve.
Cette période historique alterne avec une autre situation vécue durant le
Moyen-âge, alors que Cluny rayonnait, que Vézelay déclinait et que son abbé
cherchait par tous les moyens à attirer le pèlerin. Où l’on retrouve Frère Roman,
une vieille connaissance issue de ce que l’on va qualifier de premier tome qui
pour moi, n’a de commun que certains personnages, Frère Roman tourmenté par la
mort de Moïra, jeune femme Celte, condamnée au Mont St Michel pour n’avoir pas voulu se convertir à la religion
Chrétienne.
Ces deux récits d’histoire survenant à deux périodes distinctes nourrissent
le récit que l’on pourrait qualifier de principal, dans lequel Johanna, notre
archéologue du Mont St Michel se retrouve à Vézelay, à l’époque actuelle, avec
sa fille, Romane. Elle est en possession
d’une statue de bois sculpté représentant Marie-Madeleine, se demandant comment ce culte est arrivé jusqu’à Vézelay. Les aventures de Johanna prennent
donc leur source dans le passé : la période romaine qu’elle découvrira
douloureusement à travers la maladie inexpliquée de sa fille qui sous hypnose,
va révéler des secrets enfouis, et la période médiévale qui elle-même prendra sa
source en Antiquité durant laquelle Marie de Béthanie est supposée être venue
en France et y avoir laissé des reliques.
Un roman qui m’a passionnée en raison de tout ce que j’ai pu y apprendre,
malgré des situations peu crédibles, un côté surnaturel et fantastique un peu
facile : comme par hasard, après avoir risqué sa vie au Mont St Michel, et
s’en être sorti, elle voit maintenant sa fille vivre ce qui pourrait être
considéré comme une vie antérieure, pourquoi pas, mais est-ce son métier qui induit
ce fait ? Je trouve cela un peu énorme. On va dire que le roman se veut fantastique sans chercher davantage.
Le roman est sensé être un peu policier, avec effusions de sang liées à des
meurtres à Pompéi, était-ce vraiment nécessaire ? Le dénouement le dira
aux éventuels lecteurs de ce livre que je conseille tout de même car l’objectif
des auteurs est sans aucun doute de répandre de la culture historique avant
tout. Et ils y sont parvenus.
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