Les enfants sont rois
Delphine de Vigan
Ed Folio, 11/08/2022, 368 pages
J’avais déjà bien du mal à comprendre
les personnes qui passent leur journée sur les réseaux sociaux, mais bon, on a
le droit d’avoir des amis, de les liker, de prendre de leurs nouvelles, de
raconter un voyage, de partager des joies après tout. En revanche, tout ce qui
touche aux reality shows m’a toujours dérangée, pour cette raison, je ne m’intéresse
absolument pas à ces émissions, et le seul réseau social qui m’intéresse est
littéraire si vous voyez ce que je veux dire…
C’est un peu pour cela que j’ai
jugé passionnant le roman de Delphine de Vigan, les enfants sont rois. J’ai
quand même l’impression d’avoir quelques métros de retard et je n’aurais peut-être
pas dû tomber des nues de cette façon durant la lecture. Mais être le témoin d’enfants esclaves de leur
mère qui produit des stories et transforme ses enfants en influenceurs malgré
eux, j’ai trouvé cela révoltant.
Je ne voyais pas vraiment au début, où voulait en venir l’autrice, je pensais qu’elle allait s’attaquer aux reality shows de type Loft Story, mais une phrase annonce la suite lorsqu’elle écrit : « elle allait devenir célèbre », ce qui augure des moyens mis en œuvre pour que Mélanie, l’héroïne, arrive à ses fins. Le point de départ, l’enlèvement de sa fille, Kimmy, donne au roman un côté policier pas désagréable, mais ce n’est que le point de départ d’une problématique bien autre : on apprend que Kimmy et son frère Sammy sont source de revenus conséquents pour leur parents qui les filment dans leur vie quotidienne, qui les associent à des challenges idiots de type, on a dix minutes pour acheter tout ce qui commence par F, que cela soit utile ou pas, et l’on s’en vante sur You Tube. Je ne raconterai pas toutes les idées de génie de cette mère.
Peu à peu , Delphine de Vigan nous fait découvrir les malheurs d’enfants désormais célèbres, qui n’ont rien demandé, et les conséquence d’une telle éducation, conséquences parfois graves. Ce roman quasi documentaire est très édifiant.
Comme je le fais souvent après
la lecture d’un roman, je suis allée me renseigner, j’ai visionné quelques
vidéos pour voir si tout cela était véridique. Et c’est les yeux écarquillés et
sentant monter la colère que j’ai assisté au déballage de la vie d’enfants que
l’on saccage, une vie remplie de vide.
Et la mère dans l’histoire, cette
femme somme toute superficielle, persuadée de faire le bien, ne se rend même
pas compte de ce que peut vivre Kimmy à l’école et dans sa relation avec les
autres enfants. Sammy, lui semble mieux supporter les conséquences, toutefois
on le retrouve plus tard, il n’est pas indemne.
Truman show m’avait fait de l’effet
sans plus parce que je n’avais pas fait le lien avec la réalité, et le poids de
l’internet dans nos vies était moindre dans les années 90, mais ce livre m’a
marquée, et pour longtemps.
Merci Madame de Vigan, d’avoir
dénoncé ces faits. Cela ne fera pas disparaître ces pratiques, l’appât du gain
sera toujours très fort pour certains, mais puisse-t-on continuer à légiférer
pour protéger nos enfants.
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