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mardi 13 février 2024

 

Hôtel Berlin 1943













Vicki Baum

Ed Métailié, 9/09/2021, 306 pages



Une belle découverte que ce roman de Vicki Baum, autrice prolifique qui a publié entre 1914 et 1957. Hôtel Berlin 1943 est une œuvre tout à fait particulière et on ne peut l’aborder sans savoir que ce roman a été publié en 1943, bien avant que surviennent les événements décrits qui toutefois se produiront.

Il s’agit d’un huis clos dont l’action se situe dans un hôtel de luxe à Berlin. Parmi les résidents, on compte des militaires dont certains sont gradés, des prisonniers dont un écrivain anglais, deux femmes ; l’une d’elle, Lisa Dorn est actrice, protégée par le führer, l’autre humiliée pour avoir fréquenté un juif, se prostitue pour essayer de vivre, on remarquera également la présence de nombreux membres de la gestapo qui recherchent Richter, un étudiant insurgé fugitif.

Nous sommes en 1944, témoins des conversations et de l’action qui se déroule dans l’hôtel. Richter se cache et cherche un moyen de sortir, il se retrouve en contact avec des personnages prêt à l’aider… ou pas, il côtoiera la belle Lisa, égayant quelque peu un roman de guerre y ajoutant une touche sentimentale qui n’est pas pour déplaire.

Mais les conversations traduisent tout de même l’horreur de la guerre, les privations, la propagande, la dictature, la torture,  la mort omniprésente, le massacre engendré par la chute de Berlin sous les bombardements russes, la capitulation prochaine de l’Allemagne peu à peu privée de ses alliés, économiquement asphyxiée, l’impopularité croissante d’Hitler abandonné par ses généraux.

Vicki Baum exilée aux Etats-Unis depuis 1931, s’est servi de témoignages qu’elle a reçus et d’une certaine intuition pour nous livrer ce récit extraordinaire, elle semble vraiment avoir œuvré pour transmettre le ressenti de la population allemande qui ne supportait plus cette guerre interminable et la surprise de quelques nantis qui se retrouvent sous les bombardements et qui ne deviennent plus que des humains terrorisés partageant la même condition. La terreur est admirablement communiquée alors que les bombardements s’intensifient, je n’ai jamais vécu un tel événement, mais je peux affirmer que j’ai eu vraiment cette impression de partage avec ces gens réfugiés dans les caves. Ce devait être terrible, on le ressent, surtout lorsque l’on sait que Berlin fut totalement détruite.

Un épilogue aurait été bienvenu pour connaître le devenir de certains personnages. Il s’agit toutefois d’une fin suffisamment ouverte pour permettre au lecteur d’imaginer cet épilogue.

Je remercie les organisateurs du challenge solidaire sans lesquels je n’aurais jamais lu ce livre ni découvert son autrice.

 

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