Le malheur des uns
Frédéric Ernotte
Ed If, 10/02/2025, 393 pages
Je découvre un curieux roman
que je croyais au début, parsemé d’humour noir. Il faut dire que le sujet s’y
prêtait, et l’auteur attribuant une bonne dose de méchanceté au héros, Renan,
auto-entrepreneur organisant à la demande, des mauvais tours destinés à venger
les clients qui se présentent. Il est vrai que certaines vengeances sont cocasses :
générer une mauvaise odeur générale dans une coquette maison, ça fait tout de
même sourire, et Renan s’applique ! On se demande au départ si l’auteur ne
fait pas une qualité de la méchanceté.
Renan donc, chef d’entreprise,
travaille avec ses deux employés : Sam et Marie-Alice, dite Malice. Chacun
ayant plus d’un tour dans leur sac. Et
Renan, blanc comme neige rentre chez lui chaque soir pour de paisible soirées
avec sa femme et sa belle-fille, les deux êtres qu’il aime le plus au monde.
Officiellement, il travaille dans une agence immobilière, gagnant honnêtement
le salaire qui fait vivre la famille. Et il tient à garder secrète cette double vie.
Mais un individu entre en jeu :
il est intelligent, bien placé et il demande à Renan la liste des gens qui ont « bénéficié »
de ses « services », sans quoi, il risque de constater quelques « perturbations
dans sa vie »
Vous l’aurez compris, il s’agit
d’un thriller psychologique, le méchant n’est plus Renan, mais le maître
chanteur, et le ton monte du début à la fin, Renan se retrouve comme bombardé
par une arme redoutable, le genre de bombe qui en l’air libère d’autres bombes
de façon exponentielle. On ne connaîtra le mobile du maître chanteur qu’à la
fin.
Par moment, j’ai eu envie de lâcher
le roman en considérant le combat comme perdu pour le héros, car si Renan a
bien saisi la portée des actions de son harceleur, je ne l’ai comprise qu’au
fil du roman. Un roman psychologique comme celui-ci a vraiment autant de portée
et peut-être même plus que si l’on baignait dans l’hémoglobine. Ce qui n’est
pas le cas.
J’ai adoré ce roman, en
pardonnant les aspects qui le rendent parfois peu crédible : comment
peut-on mentir ouvertement à sa famille alors que l’on est dans la tourmente,
que le ciel menace de vous tomber sur la tête, comment les autorités peuvent
ignorer l’existence de cette entreprise ? La réaction d’un personnage que
je tairais, me paraît également bien légère par rapport aux événements vécus.
J’ai parfois eu des
difficultés à me faire une opinion, devais-je sourire ou pas face à certaines
situations ? Il me semble après lecture que non. Je peux toutefois
affirmer que cette histoire m’a amenée à me poser bien des questions !