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mardi 22 avril 2025

 

Moi, Tituba, sorcière












Maryse Condé

Ed Folio, 13/09/1988; 288 pages


C’est grâce à la plume magnifique de Maryse Condé que j’ai fait connaissance de Tituba, dont ne subsistent que quelques informations aujourd’hui. Tituba serait née avant les années 1670 quelque part en Amérique du sud et aurait été amenée à la Barbade après avoir été vendue comme esclave, puis rachetée par un Pasteur, Samuel Parris et emmenée à Salem dans la région de Boston.

A quelques détails près, l’autrice raconte sa vie dans un récit certainement proche de la réalité, du moins ce qu’on en connaît. Quel parcours difficile que cette route de souffrance de l’esclave ! Maryse Condé s’est attachée à cette femme à la situation certainement représentative de la condition des esclaves au XVIIème siècle, mettant l’accent sur la pratique religieuse des blancs qui n’est aucunement basée sur l’amour du prochain mais sur le pouvoir que confère l’appartenance à une communauté dominante, l’effacement de la culture des Africains assimilés à du bétail, coupables désignés de tous les maux, ce qui s’avère confortable pour les maîtres.

Maryse Condé présente une femme dont on suit la vie avec grand intérêt, une femme qui avance à coup de machette dans la vie, une femme bonne, aux qualités multiples, bien surprise de se voir qualifier de sorcière, terme qu’elle semble à peine connaître, une femme aimante pour les hommes qu’elle croisera sur son chemin, des individus souvent peu scrupuleux qui semble bien résumer la vision des hommes de l’écrivaine, sans généralisation toutefois.

L’autrice mets également l’accent sur le puritanisme des chrétiens, leur vision manichéiste de la vie, leur peur du malin omniprésent dans le quotidien, et dont ils se déchargent sur tout ce qui ne leur ressemble pas et qu’ils éliminent de leur esprit à coup de confession et de prière.

La question que je me suis posée tout au long du roman : Tituba est-elle une sorcière ? La réponse est une question d’appréciation de ses actions. Si on considère qu’elle est capable de « dits » sortilèges que je laisse aux futurs lecteurs de ce récit le soin de découvrir, on affirmera qu’elle remplit les conditions qui en font une femme capable d’agir sur les éléments et les individus. Sa volonté, tout au long de son parcours, de soulager, de guérir, d’apporter la paix avec les moyens à sa disposition dans la nature et quelques qualités indispensables à son travail, telles la psychologie et l’intuition n’en font une sorcière que par rapport à une époque donnée, une époque où ce que l’on n’expliquait pas était l’œuvre du diable et les sorcière leur instrument.

Ce roman fait partie de mes pépites de cette année, je me suis laissé bercer doucement par cette merveilleuse autrice à l’écriture à la fois douce, ferme et ciselée. C’est le deuxième roman que je lis, le premier étant rêves amers que j’ai également beaucoup aimé. Je ne compte donc pas m’arrêter là !

 

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