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jeudi 29 mai 2025

 

Ils étaient dix 




 









Pascal Davoz, Callixte

Ed Paquet, 16/09/2020, 80 pages


Il sera vain de parler du titre car cela ne changera rien. Mais je m’aperçois avec cette bande dessinée, que non seulement le titre est changé, mais également la comptine qui rythme le roman et qui précise les circonstances des meurtres ainsi que les statuettes qui disparaissent une à une. Cela me choque d’autant plus que la dernière fois que j’ai relu ce roman, nous étions en 2019, et j’ai relu le livre jauni que j’avais acheté en troisième dans les années 70. C’est sans doute pour cela que je ne me m’habitue difficilement à ces changements. Je ne ferai pas d’autres commentaires… L’auteur ne pouvait faire autrement, j’en suis consciente, c’est d’ailleurs le seul point négatif de la bande dessinée.

Ce beau livre que j’ai eu plaisir à tenir dans mes mains s’ouvre sur des vignettes de grande qualité qui donnent envie de se plonger rapidement dans l’histoire. Les personnages bien reconnaissables grâce à un dessin précis, et dont on peut facilement mesurer les émotions et le comportement sont bien imaginés et fidèles à ce que l’on peut lire d’eux dans le roman. Dès le voyage des protagonistes qui se dirigent vers l’île, des questions se posent, le mystère s’épaissit depuis de début et ce roman graphique vous happe même si l’on connaît l’issue de ce récit que l’on ne peut oublier.

Bravo à l’auteur qui a su restituer un des plus grands et plus captivants romans policiers.

 

 

Le roman des anges




 









Don Pierre Doat

Ed Salvator, 11/04/2024, 150 pages



Les anges… Ils sont omniprésents dans nos vies, sous forme d’expressions, depuis le bébé qui sourit aux anges, l’ange qui passe, les cheveux d’ange et j’en passe. Qui n’a jamais entendu parler de l’ange gardien qui veille sur chacun d’entre nous ? Et on ne compte pas les anges présents dans la bible, le coran et certainement d’autres livres sacrés. L’auteur de ce roman, prêtre responsable de la paroisse du Mont St Michel, affirme que si l’on retirait les pages de la bible ou il est fait allusion aux anges, on n’aurait plus qu’un feuillet d’une centaine de pages.

Certainement bien documenté, il a écrit ce roman jeunesse dans le but de parler des anges. Le début du récit est troublant : on comprend rapidement que le héros est un jeune homme qui arrive dans l’au-delà où il est accueilli par son ange gardien, Élimelek. Sa vie terrestre est donc terminée. Les chapitres alternent avec la vie dans l’au-delà et la vie sur Terre de notre jeune héros. Sur Terre, celui-ci se pose de grandes questions sur sa mission de vie, et, accompagné de son amie qui deviendra religieuse et se passionne pour les anges, il le priera, cet ange gardien en qui il croit.

Et l’ange le guide après sa mort pour lui enseigner l’histoire des anges, depuis leur « naissance-création » par le Très Haut, le libre arbitre que Dieu leur laisse jusqu’à ce qu’ils comprennent leur mission d’ange, il lui explique brièvement la hiérarchie des anges qui n’est pas une hiérarchie au sens ou on l’entend sur terre, et lui montre comment Lucifer tourna le dos et fut chassé, privé de la lumière et de l’amour divin.

Certains aspects de la vie angélique reprennent ce que l’on connaît des anges à travers les écrits, et il serait intéressant de fouiller un peu plus pour comprendre d’où viennent les informations délivrées sur ces êtres de lumière. L’auteur propose en fin de romans, quelques livres que je vais me procurer. En attendant ce roman ressemble à une sorte de documentaire prévu pour interpeller les jeunes et les amener à la pratique du christianisme, si maintes religions ont pour messagers, ces doux êtres, il n’est question dans cet ouvrage, que du Dieu des chrétiens, de la vierge, du christ et quelque part, tout semble écrit à l’avance. On y retrouve un certain manichéisme avec le récit sur Lucifer qui occupe une place importante du récit à la base du mal sans lequel le bien ne peut exister. J’aurais préféré qu’il explique plus amplement le rôle de l’ange gardien.

J’ai lu ce roman comme une mythologie qui, approfondie aurait constitué un récit grandiose. Je laisse là à regret, abdiel, Raphaël, Uriel car j’ai trouvé très doux de me retrouver parmi les anges, un moment de douceur en ce bas monde.

 

mardi 27 mai 2025

 J'aurais voulu












Olivier Tallec

Ed Pastel, 15/09/2021, 36 pages


J’ai vite attrapé cet album déposé par je ne sais qui sur mon bureau car il faut dire que la couverture, déjà, m’interpellait : dans un décor silvestre, un petit écureuil est assis sur une souche. Il a une tête assez comique avec ses grands yeux, mais à bien y regarder, il possède sur la tête, les bois d’un cerf, et le titre indique : « j’aurais voulu »… Un titre qui incite à la curiosité et qui invite à ouvrir le livre !

C’est donc l’histoire d’un écureuil qui aurait aimé être une autre créature. Assez sûr de lui, et c’est ce qui fait en partie le comique de la situation, il affirme que si on lui avait demandé son avis, il aurait choisi castor, et on suit désormais un écureuil à queue de castor qui imagine la vie de cet animal, pour finalement se rendre compte que la vie de castor, ce n’est pas si confortable ! Le castor n’étant qu’un exemple des projets de cet écureuil, ce petit animal si sûr de lui qui semble maîtriser la connaissance des animaux dont il voudrait prendre la place. Je tairai la suite afin de ne pas divulgâcher ! Mais sachez que chaque épisode nouveau qui s’ajoute dans l’histoire est source de franche rigolade si on met correctement le ton en le lisant et si on s’arrête sur les illustrations hilarantes. Je l’ai lu à ma classe en utilisant une webcam et j’ai obtenu l’effet recherché : grosse rigolade à la lecture du texte, et deuxième vague de rigolade en observant le détail des images. J’aime ces livres qui montrent aux enfants combien la lecture peut être divertissante.

Mais je n’arrêterai pas là cette chronique : avis aux enfants qui n’aiment pas leur vie, qui envie celle de leurs voisins et amis : ne cherchons pas à être quelqu’un d’autre, développons nos qualités et acceptons-nous tel que nous sommes. Je suis enchantée d’avoir découvert cet album !  

L’auteur, Olivier Tallec, a publié de nombreux d albums qui semblent bien délivrer à nos enfants d’autres messages pour les aider à grandir. Un auteur qui semble bien ne pas économiser son humour.

lundi 26 mai 2025

 Conque












Perrine Tripier,

Ed Gallimard, 22/08/2024, 208 pages




Perrine Tripier nous offre avec ce roman, un conte que l’on ne peut qualifier de merveilleux que grâce à une écriture faisant une large place aux descriptions posant un décor de rêve.  On oubliera également l’aspect intemporel du conte, les personnages principaux étant ancrés dans notre époque si l’on se fie aux indices matériels que l’on rencontre ici et là au fil de l’histoire, et le groupe humain qui fait l’objet des recherches archéologique se situant dans un passé relativement lointain (plusieurs milliers d’années), si l’on prend en compte le titre lié à la présence de conques, instruments de musique anciens comptant parmi les premiers instruments à vent.

Ce qui peut paraître extraordinaire dans ce récit, c’est la mise en présence d’une historienne spécialiste des peuples de la mer qui évolue avec son temps, dans une société moderne, et d’un empereur que mon esprit a rapidement transformé en une espèce de Viking à la longue chevelure rouge, un géant despote auquel chacun est soumis et nul ne résiste, mégalomane qui cherche une identité, qui montre une volonté de créer cette identité afin d’asseoir son autorité.

Et c’est sur un chantier où l’on entreprend des fouilles que Martabée l’historienne se verra embauchée voire achetée afin d’officialiser et de confirmer l’existence des Morgondes, fier peuple de la mer, maîtres des océans et des créatures évoluant dans ce milieu. Et l’on progresse avec l’historienne, au gré d’une histoire fabuleuse, l’histoire d’un peuple puissant et ingénieux, jusqu’à ce que des découvertes gênantes surviennent et montrent que parfois, on réécrit l’histoire, on occulte la réalité. Le roman nous ramène alors à l’histoire de l’humanité et son cortège de faits que l’on s’arrange pour faire tomber dans l’oubli.

Par certains côtés, le récit rappelle l’ancien régime et la façon dont un peuple peut être abreuvé de taxes en tous genres, on pouvait donc penser à un soulèvement. Mais l’empereur est tout puissant ce qui nous réserve une surprise finale.

Notre héroïne tardera à montrer son ressenti, se vautrant dans le luxe, s’exprimant peu, fuyante, ce qui ne la rend pas très sympathique bien qu’elle fasse preuve de courage et l’humanité dans le dernier quart du roman.

L’écriture de l’autrice, j’ai pu l’apprécier lorsqu’il s’agissait d’une demeure dans son premier roman, les guerres précieuses, et cette écrivaine m’a beaucoup amusée lorsqu’à une rencontre des 68 premières fois, elle a affirmé apprendre à ses élèves, comment saupoudrer le texte d’adjectifs qualificatifs. Toutefois, je pense que trop de description tue la description et a provoqué chez moi une overdose d’adjectifs. J’ai trouvé que ce « saupoudrage » avait pour effet de diluer le texte, allonger une lecture et faire taire les sensations qu’auraient dû générer les découvertes sur le site archéologique. Les seuls passages dans lesquels les adjectifs étaient nécessaires étaient sans doute ceux qui mettaient en relief le luxe et l’opulence du souverain.

Je ne regrette pas cette lecture, mais je reste sur ma faim face à ce 

récit au relief que je juge insuffisant et qui n’a pas vraiment émue.

jeudi 15 mai 2025


Le silence des agneaux












Thomas Harris,

Ed Albin Michel, Livre de poche, 1/01/1992, 384 pages


Hannibal Lecter, je connaissais de nom, sans toutefois situer le personnage. Quelle ne fut pas ma surprise de me retrouver en contact avec cet individu savamment créé, aux qualités et aux défauts minutieusement dosés pour faire de l’effet au lecteur : Prodigieusement intelligent, ce qui provoque la crainte voire la terreur des policiers, gardes et autres prisonniers, prodigieusement énervant, extrêmement dangereux et psychopathe à souhait et très cultivé. Pas étonnant qu’une jeune policière dénommée Clarice, plutôt taciturne, plutôt débutante, soit mise en valeur dès le début pour ses compétences en communication, bien que ce ne soit pas gagné avec un prisonnier de la trempe de Lecter !

Par ailleurs, du roman, j’ai aimé les interventions musclées quoique rares, le pied de nez à ceux qui se croient au-dessus du lot, particulièrement Chilton que l’ambition amène à commettre la lourde erreur qui induira la suite aux conséquences gravissimes.

La trame du roman est classique : tueur en série, enlèvement de jeunes femmes, enquête et recherche d’indices, souvent délivrés au compte-goutte par le dangereux psychiatre dont on ne doit s’approcher sous aucun prétexte.

Et puis notre commandant, triste sire qui a une bonne raison de se montrer renfermé et peu enjoué.

Pas d’ennui dans ce livre grâce à une alternance de personnages : Hannibal, Jame Gumb le deuxième psychopathe, les actions de la police, les rencontres entre Crawford et Clarice, les découvertes macabres qui surviennent.

Je suis ravie d’avoir lu ce classique, toutefois les descriptions de certains personnages laissent deviner aisément la suite et une fin sans surprise.

J’aimerais à présent connaître la suite, car s’il y a bien un dénouement au silence des agneaux, la fin laisse supposer une suite. Je commence donc à regarder les romans suivants afin de faire grossir ma PAL (qui n’en peut déjà plus…)

Je dispose à présent du film, aurai-je le courage de la regarder jusqu’au bout ? Avec le livre, c’était facile de créer des images pas trop perturbantes dans ma petite tête, mais là, les images je devrai les recevoir sans censure… Je pense tout de même, même si le film me semble bien hard, braver mon appréhension, habituée que je suis à lire d’horribles scènes offertes par mes auteurs de thrillers préférés.

jeudi 8 mai 2025

 

La maison sans souvenirs










Donato Carrisi

Ed CALMANN LEVI, 12 octobre 2022, 352 pages


Si j’ai apprécié l’ensemble du roman, c’est qu’il comporte une bonne part de mystère et de suspense, j’ajouterais même du « fantastique », car si l’hypnose a de grands pouvoirs, le contrôle de multiples esprits par un individu est heureusement impossible, Donato Carrisi nous invite alors à découvrir quels seraient ses méfaits.

Le héros, Pietro Gerber, dont j’ai fait connaissance en 2020, est un personnage qui force le respect : intelligent au point de découvrir assez facilement les codes et les indices qui lui permettront d’avancer dans ce travail d’enquêteur auquel il est contraint, recueilli et concentré, faisant preuve d’une grande maîtrise de ses émotions, avec ses fragilités, un passé lourd d’événements qui pèsent sur son présent, un acharnement pour résoudre les différentes énigmes qui laisse peu de place à son bien-être. Toutes ces qualités mêlées à un suspense grandissant, au récit de l’intrus qui s’invite dans les esprits, au danger grandissant pour la victime, un enfant qui ne s’exprime que sous hypnose, un bon moment d’effroi vécu à une certain moment de ma lecture et l’aspect très psychologique du roman ont fait de ce livre, à mon point de vue,  un excellent page-turner.

Malheureusement, je n’ai lu cette suite de la maison des voix qu’un an après l’avoir acquis, et donc deux ans après le premier tome, et d’Hanna Hall qui ressurgit dans ce roman, il ne me reste que quelques bribes de souvenirs, du passé de Pietro, il ne me restait rien non plus, j’ai donc trouvé les passages dans lesquels l’auteur ramène le passé du psychologue un peu longs.

Le nombre d’étoiles que j’ai attribué à ce livre provient d’une déception finale qui ne devrait pas en être une : la fin appelle à la lecture du roman suivant qu’il va falloir attendre et les réponses aux questions que l’on se pose en tant que lecteur seront différées. J’espère ne pas oublier l’essentiel de l’intrigue avant de lire la suite !